Nous étions encore des enfants lorsque les images de la première guerre du Golfe ont envahi nos foyers au début des années 90. La technologie de transmission par satellite permettait pour la première fois de diffuser en direct des images à partir de n’importe quel endroit de la planète. De nuit, des images verdâtres montraient une caméra embarquée sur un avion militaire américain. Vu du ciel, nous scrutions un territoire désertique en Irak avec des habitations. La cible de la bombe était entourée d’un carré blanc. Une forme de déréalisation du monde était à l’œuvre. Une image manquée, celle de l’enfant qui habitait là, dans cette maison. L’autre était absent. L‘image devenait un flux qui se mêlait à notre présent et nous rendait impuissant à appréhender la réalité.
En 1940, la philosophe Simone Weil a commencé à écrire une pièce de théâtre Venise Sauvée, le monologue qui suit et celui d’un homme qui va prendre le pouvoir en une nuit à Venise. Il dit : « Oui nous rêvons. Les hommes d’action et d’entreprise sont des rêveurs ; ils préfèrent le rêve à la réalité. Mais, par les armes, ils contraignent les autres à rêver leurs rêves. Le vainqueur vit son rêve, le vaincu vit le rêve d’autrui. Tous les hommes qui auront vécu la nuit prochaine et la journée de demain resteront jusqu’à leur mort sans savoir s’ils rêvent ou veillent. Mais, dès demain, leur cité, leur liberté, leur puissance leur paraîtra encore plus irréelle qu’un rêve. Les armes font le rêve plus fort que la réalité ; c’est cette stupeur qui fait la soumission. Le ciel, le soleil, la mer, les monuments de pierre ne seront plus réels pour eux. Quand aux enfants, ils naîtront déracinés. Mais il faut que le choc soit violent pour leur ôter pour toujours le sentiment du réel. Il est bon que la nuit de notre entreprise soit celle même qui précède la fête, que l’aube qui aurait dû être celle de la fête se lève sur leur ruine. »
Ces mots résonnent avec la tragédie qui se déroule aujourd’hui à Gaza où l’horreur répond à l’horreur.
Till Roesken partage avec nous son film Vidéocartographies : Aïda, Palestine avec des versions sous-titrées en français, en anglais, en italien, en espagnol et en allemand.
D’autres films en partage, Marquer la limite de Camilo Restrepo (2024), Réminiscences d’un voyage en Palestine de Dominique Dubosc (2004), La machine d’enregistrement de Noémi Aubry, Wisam Al Jafari, Tamador Abu Laban, Firas Ramadan (2013)
* Il est temps que la réalité commence est une phrase écrite par Günther Anders et reprise par Harun Farocki. Nous partageons le travail de trois cinéastes qui explorent différentes dimensions de la réalité.
Peter Hoffmann. Un cinéma artisanal.
La dernière année, 2011
Un film tourné pendant les vendanges à Rasiguères, petit village des Pyrénées
Orientales.
Intentions et avis sur un projet en cours, 2011
Correspondances à propos du film La dernière année
Oliva Oliva, 2005
Le journal filmé relate deux visites chez une famille d’apiculteurs espagnols de
Salamanque, en août et septembre 1998, au moment de la récolte du miel.
Entretien avec Peter Hoffmann autour du film Oliva Oliva, 2005
Jean-Claude Rousseau. Un cinéma de la vision.
Terrasse avec vue, 2015
Figures changeantes et renouvelées devant le monument immuable.
Où sont tous mes amants ? Entretien avec Jean-Claude Rousseau, 2024
Vladimir Tyulkin. Un cinéma de la réalité post-soviétique.
Lord of the flies, 1990
The philosophical old dreamer Kirill Shpak, who spent his entire life
in the totalitarian Soviet country, created a micro-state on his farm
where he is simultaneously the king and God.
I will advocate myself, 1987
Autres documents et films
Entretiens avec Anne-Marie Miéville
Soliloque 2, la barbarie, film de Véronique Goël, 1982 (avec sous-titres anglais)
Composita Solvantur, texte de Jacopo Rasmi, 2024
En quête de cinéma. Discussion avec Salima Tenfiche autour du cinéma algérien contemporain, 2024
Rien ne nous est dû parce qu’on est auteur, rencontre avec Jean-Gabriel Périot, 2023
Étude d’un paysage, film de Damien Cattinari, 2022
Ressasser, film de Samuel Cogrenne, 2022
Le village déplacé, film de Céline Deransart, 2001
I’ll See You Again, film de Stefano Miraglia, 2022
Leviatán, film de Borja Castillejo Calvo, 2023
Trois mers et quatre terres, film de Stéphane Charpentier, 2024
Entonação de um espaço, film de Fabiano Teixeira Mota, 2022
Bicentenario, film de Pablo-Alvarez Mesa, 2021
Contestation
Jean-Luc Godard et Sonimage, entretien sonore avec Claude-Jean Philippe, 1976
Paris 1er mai 2002, film de Benjamin Poumey, 2023
Vincent V., film de Soufiane Adel et Pierre Alex, 2016
Hauts les coeurs,
