Hiver 2021. Ça a recommencé, l’émerveillement

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Une nouvelle année commence. Pour le titre de l’édito, nous reprenons le titre du film de Mathilde Girard tourné pendant la réalisation du film le Bel été de Pierre Creton. Ces mots proviennent d’un poème de Philippe Jaccottet : « Je recommence, parce que ça a recommencé : l’émerveillement, l’étonnement, la perplexité ; la gratitude, aussi. »
Et en dessous de ce titre, vous pouvez voir une image du film Sous un ciel changeant que Jean-Claude Rousseau partage avec nous à l’occasion de l’édition de ses notes Les draps pliés du grand lit, qu’ « il faut lire comme un chant d’amour, intimement. »

Nous commençons cette nouvelle année avec cet élan. Pour reprendre les mots dits par Robert Kramer dans Berlin 10/90 : « Rien ne compte que la qualité de l’affection, rien ne compte que le sentiment. » Et cela sonne comme une résistance en ce temps d’incertitude.

2020 nous a laissé sans voix. Les écrans ont pris encore plus de place et l’altérité s’est faite plus rare. Mais alors que ce moment de suspens aurait pu permettre de questionner notre rapport au cinéma et à la culture afin de tenter d’ouvrir des brèches dans ce système sclérosé de production et de diffusion des images, la machine semble vouloir repartir, comme si de rien n’était.

Pour la première fois, nous avons tenté d’écrire un édito à huit mains afin de donner nos positions et de partager ce qui pour nous a de la valeur.

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Pour inaugurer cette lettre d’hiver, nous vous invitons à découvrir le cinéma de Christophe Loizillon, dont il dit ceci : « Sans doute il faut comprendre la complexité du monde en allant vers le monde. Mais il y a dans nos corps, au creux d’une main, l’évolution du monde et sa complexité. »

Et pour nous, cela relève d’un élan d’espoir.
Comme s’il était possible de faire des films avec une économie de moyen et de montrer ces films à quelques personnes. Un cinéma « si simple », parlant du monde, et qui a une grande force politique.

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Les sexes
Film de Christophe Loizillon, 45′, 2017

Corpus/Corpus
Film de Christophe Loizillon, 27′, 2008

Questions en cours sans réponses
Texte de Christophe Loizillon, 1998

Les pieds 
Film de Christophe Loizillon, 37′ , 1998

Les mains 
Film de Christophe Loizillon, 20′ , 1996

Eugène Leroy
Film de Christophe Loizillon, 27′, 1995

Détail, Roman Opalka
Film de Christophe Loizillon, 25′, 1986

Georges Rousse 
Film de Christophe Loizillon, 9′, 1985

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Ça a recommencé, l’émerveillement
Film de Mathilde Girard, 2020

Mon personnage
Film de Mathilde Girard, 2020

Sur la route de Bréauté
Texte de Mathilde Girard, avril 2019

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Ave Maria
Film de Laurent Roth, 1987

Henri Alekan, des lumières et des hommes
Film de Laurent Roth, 1986

Marie ou le retour

Film de Laurent Roth, 1984

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J’avais envie de parler d’un certain cinéma révolutionnaire, qui a existé et qui n’existe plus vraiment aujourd’hui, imprégné par une certaine conception de la vie qui n’existe plus elle-même. Cinéma spectral donc, qui n’appartient plus au cinéma de ce temps. Je crois qu’on l’évoque ici comme s’il s’agissait d’élargir le cadre réduit de la résistance ou de l’espérance par ces oeuvres et ces concepts du tiers cinéma devenus hantologiques. Revenance, retour de l’autre.


L’heure des brasiers, Fernando Solanas

Je relisais récemment Pour un cinéma imparfait de Julio Garcia Espinosa qui appartient à ces écrits survoltés du troisième cinéma. J’aime bien me replonger dans ces textes quand je me trouve un peu amorphe, ça me redonne toujours de l’élan et de l’envie. « Le cinéma comme stimulant pour la communication entre les hommes, et le cinéma comme provocation à une communication avec soi-même », cette liste de liens que nous proposons, c’est aussi le sens que nous lui donnons.

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cinéma révolutionnaire : l’expérience bolivienne
Texte de Jorge Sanjines, 1972

Vers un troisième cinéma / Mémoire populaire et cinéma
Textes de Fernando Solanas et Octavio Getino, 1969 et 1978

Pour un cinéma imparfait
Texte de Julio Garcia Espinosa, 1969

culture de la faim / cinéma de la violence
Texte de Glauber Rocha, 1967

L’esthétique de la violence / L’aventure de la création dans le cinema novo
Textes de Glauber Rocha, 1965 et 1968

Entretien avec Manuel Octavio Gomez
Mars 1970

Les palestiniens du cinéma
Intervention de Jonas Mekas à la cinémathèque française le 6 février 1976

Féroce
Texte de Jean-Marie Straub, 1968

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Bien que la salle noire, dans un « nous » qui regardent un même horizon, ne nous est plus accessible, nous désirons espérer. Comme si l’espoir pouvait nous aspirer. L’espoir que le cinéma, tout en se transformant continuera à « nous » regarder, à « nous » dire le « là » où nous sommes. De nombreux films, par choix des réalisateurs / réalisatrices sont en attentes de rencontrer nos vies… Jusqu’à quand ? Quels seront les réalités de la diffusion à venir avec ses risques d’embouteillages si irréalistes ? Nous les attendrons, c’est une évidence. Mais eux, ces films, feront-ils de même ? Nous continuerons à travailler afin de trouver, alors, comment les montrer lorsqu’un possible sera de nouveau là. Et nous continuerons à réfléchir à ces mots de Godard repris par Daney : « Notre travail sera de montrer comment les individus, réunis en peuples dans le noir, faisaient brûler leur imaginaire pour réchauffer leur réel – c’était le cinéma muet. Et comment ils ont fini par laisser la flamme s’éteindre au rythme des conquêtes sociales, se contentant de l’entretenir à petit feu – et c’est le parlant, et la télévision dans le coin de la pièce ». Citation prélevée du livre Persévérance…mais alors, de quel ordre sera-t-elle cette persévérance ?

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Numéro 2. Propos de Jean-Luc Godard
novembre 1975

L’Enfance de l’Art
Film de Jean-Luc Godard, 1991

Le travelling de Kapo
Texte de Serge Daney, 1992

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La subtile mémoire des humains du rivage (extraits)
Une coupe transversale dans les 20 années de pratique d’ateliers cinématographiques en pellicule menés par Film Flamme à Marseille, 1996-2020

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Méditations et souvenirs autour d’un jubilé

Texte de Raphaël Bassan, novembre 2020

The birth of a Labo et du réseau des laboratoires indépendants en France
Texte de Pip Chodorov, 2003

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Cette nuit j’étais dans une salle, clandestine. Comme il nous en a toujours manqué tant, pas que de ce temps là. D’une conception si simple et spéciale, oubliée des organismes. Comme il devrait y en avoir dans chaque quartier, tenues vivantes par celles et ceux qui vivent là. Où la cantine serait à la mesure de la salle des lumières éteintes. Où les sièges, poussés, laisseraient place aux réunions et aux bals, de qui exulte d’être resté si longtemps seul, ou en dehors, ou trop simplement assis. Où les plats et séances seraient assemblées des mêmes mains pas fragiles. Offertes à celles qui sont trop vides. Mains tournant aussi leurs propres récits. Fumées revenues, paroles incessantes. Réinventant la poudre, populaire, comme de pendant et après-guerre, conspirant plus loin qu’auprès des images seules. Leur combustible nous accompagnant jusqu’à la fin des commerces, comme un train rentré là pour la première fois, paupières brûlantes, idées arrêtées, de tous les voyages encore à faire. Ces lieux qui chercheront leur endroit, pas que comptables, participeront encore à ce qui peuple. Pas de spectacle, pas de public, dans cet état. Mais leurs cortèges, ce qu’elles génèrent, comme elles nous meuvent, celles qui continueront de témoigner des forces en présence, comme du moindre mouvement d’une fourmi, comme la course du soleil à la surface des aimés, inconnus comme connus, assis là ou pas loin, muets ou bavards, baignant dans leur absence d’explication, mais prêtes à en découdre.

Ou, autrement dit : il nous faut des lieux pour habiter le monde.

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Les maisons qu’on était
Film de Arianna Lodeserto, 2018

S et H
Film de Julie Borvon, 2020

C’est-un-film ?
Film de Jeremy Gravayat, 11′, 2015

Doit pouvoir être continué
Conversation entre Marguerite Duras et Jacques Rivette, 1982

Étudier Dante à l’ombre de Donald Trump. Conversations avec et sans Ted Fendt

Par Clizia Centorrino, Joyce Lainé et Jacopo Rasmi, 2019

Lettre à une actrice de 20 ans

Texte de Leos Carax, 1987

Un cinéaste est né. Entretien avec Jean-Claude Brisseau
Propos recueillis par Jean-Paul Clergeot, Jean Collet et Olivier Mille, 1983

Tropique
Film d’Olivier Bosson, 2016

Carnet Perçu
Film de Pierre Villemin, 2020

Célébration
Films de Damien Cattinari, 2020

Double Take

Film de Johan Grimonprez, 2009

Entretiens avec le Dr Oury
Films de Nazim Djemaï, 2012-2020

En quête de cinéma
Autour de la cinéaste Jocelyne Saab avec Mathilde Rouxel, 2020

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Pour 2021, nous vous souhaitons de la joie et de l’inquiétude.

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