Parce que tout s’écrit au présent sur une sorte de palimpseste qui garde les traces, les témoignages, les cicatrices, les accents : ce qui « fait foi ». Les Straub, je les ai retrouvés toutes les fois que le thème de la résistance a croisé ma propre vie. Comme le coup de talon au fond de l’eau, avant de revenir vers la surface, là où l’on peut respirer.
Serge Daney, Persévérance
Pour nous aussi, Godard, Straub et Huillet, auront été les passeurs parmi les plus chers. Ceux qui nous auront, plus tôt et radicalement que les autres, décillé les paupières. Ceux à partir de qui nous avons tissé, toutes ces années, une constellation de cinéma, sans cesse partagée et renouvelée, ici. Alors, nous continuerons. Car, c’est un dialogue, et, les films sont là, comme le premier rêve qu’on a fait les yeux ouverts, et qui revient toujours, nous parler des choses, avec une lucidité spéciale et ses couleurs éclatantes qui sauvent la laideur de l’homme…(Le noir et blanc des choses injustes jamais éteintes, texte de Jeremy Gravayat, 2022).
Depuis presque vingt ans, DERIVES.tv est un site internet qui partage gratuitement films, textes et documents, autour du cinéma. Irrégulièrement, comme des signaux, des projections sont organisées. Ces espaces sont pour nous une façon de tenir visibles des pans de cinémas à défendre en partageant des films mais aussi des entretiens, des textes et manifestes, de celles et ceux qui fabriquent ce cinéma, précieux à nos yeux. L’artisanat du cinématographe sous toutes ses formes trouve ici un abri en dehors du circuit de la valeur marchande. Est-ce suffisant pour créer du commun à partir du cinéma ? Sûrement pas, mais c’est mieux que rien. Et à force d’efforts, peut-être qu’un jour nous réussirons, malgré nous, à arracher le maître en soi pour laisser advenir quelque chose qui ne soit pas la reproduction du même.
Nous étions nés pour mettre fin au monde du spectacle, au lieu de quoi nous assistons, doucement pantois, au spectacle renouvelé de la fin du monde. 2022, l’année de la fin, pour Jean-Luc Godard, Jean-Marie Straub, Alain Tanner, William Klein, et avec eux, à travers eux, à nouveau, Rossellini, Bergman, Danièle Huillet, Djibril Mambéty Diop, Eric Rohmer, Chris Marker… Jusqu’à Lumière, à nouveau, toujours éteint à nouveau. (Attendre sans bruit qu’on nous accoste, texte de Julien Chollat-Namy, 2023)
Où nous sommes, à Marseille, les 26 et 27 Janvier, nous vous invitons à nouveau à la découverte du cinéma de Stephen Dwoskin et Véronique Goël, d’autres importants compagnons de route. Merci au Videodrome 2 et à Magma d’avoir permis ces retrouvailles pour l’année qui vient.
Plus que jamais, il nous faut des lieux pour que tout cela continue de se partager. Nous relayons les appels à soutien de plusieurs collectifs de cinéma qui nous accompagnent avec intensité, dans nos projets, dans nos découvertes. Et qui continueront pour longtemps. Ici, le Videodrome2, valeureuse salle marseillaise hors catégories, a besoin de vous pour continuer à proposer des films rares, à prix libre. Bientôt le Polygone Etoilé aura également besoin de soutien afin de rendre ce Cinéma International de Quartier pérenne. Ailleurs, L’Abominable-Navire Argo, pose ses voiles à Epinay-Sur-Seine pour un long chantier, il s’agit de construire la première salle en France entièrement dédiée à la défense du cinéma Argentique.
Ces saisons, nous vous proposons les nouvelles constellations de Claire Angelini, Erik Bullot et Antoine Chesné, ainsi que le dernier film de Jean-Baptiste Alazard, épilogue à la tierce des paumés. Lo Thivolle, Ouahib Mortada, David Yon et Maxime Martinot nous donnent leurs positions, à Oujda, à Marseille et à Lisbonne. En écho à cela, nous partageons des textes autour du cinéma de Fernand Deligny et Renaud Victor, Antonio Reis et Margarida Cordeiro, loin des Lois.
Je crois que nous devons faire des films qui n’ont aucune signification, parce que sinon, on fait des cochonneries : un film, disons un film que je n’ai pas vu (mais il vaut mieux dire du mal d’un film que je n’ai pas vu. parce qu’après ça devient plus compliqué), comme Z par exemple, je suis convaincu que c’est un film qui signifie quelque chose, et pour cette raison c’est un film qui ne peut être qu’une cochonnerie, parce qu’il confirme les gens dans leurs clichés. Il faut qu’un film détruise à chaque minute, à chaque seconde ce qu’il disait la minute précédente, je crois, parce que nous étouffons dans les clichés, parce qu’il est important d’aider les gens à les détruire.
Jean-Marie Straub, Cahiers du cinéma n°223, août-septembre 1970
Claire Angelini
Des films de montage et de recherche réalisés en toute liberté et indépendance économique et esthétique
Rire, jouer, mourir
Film de Claire Angelini, 2019
TOI QUI !
Film de Claire Angelini, 2018
L’enfance de l’art, une invention
Film de Claire Angelini, 2017
Erik Bullot
J’aime fabriquer des objets réflexifs qui concilient la contrainte et le jeu.
Le Singe de la lumière
Film de Érik Bullot, 2002
L’Attraction universelle
Film de Érik Bullot, 2000
Antoine Chesné
Si les récits s’orientent vers des représentations de plus en plus réalistes, ils perdent surtout me semble t-il leur pouvoir de médium.
Au cœur de la corne
Film de Antoine Chesné, 2010
Kouloun ye sira bila
Film de Antoine Chesné, 2008
Antonio Reis et Margarida Cordeiro
Ana
Texte de Serge Daney, 1983
Même l’ombre d’un arbre…
Texte de Tom Bidou et Nathan Lachavanne, 2022
Loin des Lois (Trás-os-Montes)
Texte de Serge Daney, 1977
Renaud Victor et Fernand Deligny
Libre propos d’un enfant autiste
Entretien avec Renaud Victor, 1977
Fernand Deligny par Bruno Muel
Texte de Bruno Muel, décembre 1988
Autres entretiens
Godard à Venise
Retranscription de la conférence de presse du film Prénom Carmen, 1983
Mes dates clés
Texte de Jean-Marie Straub, 2003
Entretien avec Raoul Coutard
Propos recueillis par Laurent Devanne, 1999
Entretien avec Kijū Yoshida
Propos recueillis par Julien Pichené & Laurent Devanne, 2003
En quête de cinéma
Entretiens avec Maxime Martinot, Fatima Sissani, 2022
Un tournant écologique dans le cinéma expérimental français ?
Entretien de Elio Della Noce avec yann beauvais, le 24 février 2022
Elise ou la vraie vie (1970, 104’), une histoire de France
Entretien entre Pascale Cassagnau, David Drach et Jean-Gabriel Périot, 2022
Résilience de l’Histoire. Le cinéma de Paz Corona
Entretien entre Pascale Cassagnau et Paz Corona, autour de l’exposition Lo Que Vi, 2022
Autres films
Saint Jean-Baptiste
Film de Jean-Baptiste Alazard, 2021
Tout droit jusqu’au matin
Film d’Alain Guiraudie, 1994
La Forêt
Film de Lo thivolle et Ouhaib Mortada, 2020
Regard contre regard
Film de Anouk Baldassari-Phéline, 2020
Transit(s) : nos traces, notre ruine
Film de Bani Khoshnoudi, 2016
Ne me guéris jamais
Journal de bord du film par David Yon, 2023
Autres textes
La lumière de Caravage
Texte de Pier Paolo Pasolini, 1974
Les deux lucarnes
Texte de Franz Kafka, 1911
Editorial en forme de manifeste
Texte de Marcel Hanoun, 1969
Attendre sans bruit qu’on nous accoste
Texte de Julien Chollat-Namy, 2023
Le noir et blanc des choses injustes jamais éteintes
Texte de Jeremy Gravayat, 2022
Le cinéma expérimental décolonisant
Texte de Frédéric Tachou, 2022
Pour la vie, un film de Sandra Blondel et Pascal Hennequin
Texte de Mauricio Hernández, 2022
Appels de Soutiens
Fabriquer la salle de projection du Navire Argo
Collectif L’Abominable/Navire Argo, 2022
Appel a dons pour le Videodrome 2
Projections et rencontres à Marseille les 26 et 27 janvier
Marseille. Dwoskin. Soliloques, invitation à Véronique Goël
Hauts les cœurs,