Note d’intention
Après les oiseaux d’ Arabie, mon premier film, j’ai rapidement ressenti le besoin de revenir à Djelfa, en Algérie, pour tourner un nouveau film. La parole de la jeunesse, leur rapport à leur territoire, à l’histoire, appelait un film à venir. Là où Les Oiseaux d’Arabie faisait entendre des voix du passé – la correspondance entre l’anarchiste Antonio Atarès et Simone Weil qui s’incarnait dans le Djelfa d’aujourd’hui – je souhaitais, dans ce nouveau film, La Nuit et L’Enfant, faire entendre la voix au présent d’habitants de Djelfa.
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Cette région était peuplée de tribus nomades. Lieu de la guerre d’indépendance et terre du terrorisme pendant les années 90, son lourd héritage historique est d’un poids tel qu’une menace lui est intrinsèquement liée. Mais en dépit du legs de sang qui leur a été fait, je suis frappé par la manière dont les jeunes algériens que j’ai rencontrés s’approprient ce territoire, veulent me guider pour me montrer des lieux que d’autres, considèrent encore comme entachés d’un danger.
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La Nuit et L’Enfant est aussi partie de cette ré-appropriation. Un des principaux lieux de tournage est « La Mare Blanche », oasis au milieu de la steppe. Durant les années 90, les terroristes sont passés et les habitants ont fui. Aujourd’hui « La Mare Blanche » est désertée, comme figée dans les traces d’une violence ancienne. Au fil du temps, une relation de confiance s’est établie entre moi et mes amis de Djelfa qui m’ont accompagnés dans le long processus du film. Cela nous permet d’aborder le cinéma comme une expérience collective, le moyen de libérer une parole et des corps. Ils sont donc partie prenante de la fabrication du film, un film avec eux et non sur eux.
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Au rythme de mes allers et retours à Djelfa, un personnage fort a émergé, celui de Lamine Bachar, l’acteur principal du film, son engagement et son désir de cinéma ont permis de construire le film autour de lui, d’un talent inné pour créer un personnage, à la fois extension de lui-même et autre. Je suis sensible à sa manière de se livrer et à la grâce, matérielle et tactile qu’il a d’aborder son environnement.
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Le film a été conçu à trois voix, celle du cinéaste algérien Zoheir Mefti, celle de Lamine et la mienne.
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Dans le film, Lamine, par ses rituels, tente de faire « refleurir les ruines » au sein d’une nuit qui paraît sans fin et accompagné par un enfant qui est son confident. Le film documente cela, je l’espère : l’histoire qui sourd du territoire et une jeunesse qui l’invoque, par le cinéma, pour mieux s’en libérer.
Revue de presse
« Voici un film des plus exigeants et poétiques pour notre regard.
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Nous y errons entre le visible et l’invisible au milieu des ténèbres.
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Éclairés seulement par une torche enflammée ou un éclair d’orage.
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Déchirures de lumière.
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Annonces de vie ou de mort ?
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L’atmosphère que capte David Yon nous saisit, physiquement, sensuellement, d’effroi. »
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Daisuke Akasaka, Critique de film (Japon), février 2016
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www.nobodymag.com/2015best/#a01
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blog.desistfilm.com/2015/12/29/desistfilm-2015-film-round-up-the-list/
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Ici ciné-clubs. Gazette de la tournée du film en Kabylie
La nuit et l’enfant de David Yon, une élégie de la douleur
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Texte de Nadia Meflah, Nadia Cinéma, octobre 2015
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Les cendres du passé ; la fumée du présent
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Texte de Sarah Haidar, Le Soir d’Algérie, 14 septembre 2015
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Texte de Francesco Cazzin, L’emergere del possibile (Italie), 1er septembre 2015
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II Fronteira Festival: LA NUIT ET L’ENFANT, de David Yon
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Texte de Luciano Evangelista, Revista Janela (Brésil), 27 août 2015
Dernières pépites documentaires de Lussas
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Texte de Clarisse Fabre, Le Monde.fr, (France) 22 août 2015
Programme Berlinale Forum et Quotidien Berlinois Taz
Textes du film
Contact du réalisateur : davidyon.fr(arobase)gmail.com