Tel un battement de paupières, un intervalle légèrement obscur ponctue l’apparition des images. On dirait que la caméra cultive un demi-sommeil rêveur. A cette palpitation douce se marient néanmoins également des variations d’expositions. A certains moments ainsi, voir devient fragile et dangereux. Paysages, bassins, architectures, rues, foules, visages, souk, un simple mouvement d’étoffes, le film n’offre aucun spectacle ni ne recherche l’évènement mais est seulement parcouru de moments dans un embrassement du divers. A des espaces amplement balayés, il arrive que s’oppose une attention plus prolongée sur des éléments sculptés ou des ornements calligraphiques. On s’attarde également sur l’imperceptible dérive de la barque d’un pêcheur immobile. Un bruissement océanique et urbain, un chant, une musique étouffée se manifestent de temps à autre tandis que quelques surimpressions discrètes jouent sur les lumières. On ne saurait dire au final quelle apparence a ce bout d’Europe.
Cyril Hurel
Istanbul
Film de Martine Rousset, 100’, 1997-2007