
Un film-sonnet, Super 8, 2007
Avec Lou Castel, Ingvar Krivda
Kleist dit dans son texte «Sur le théâtre de marionnettes» en trouvant le secret de l’art qui est dans la «marionnette» – l’organisation idéale. La forme du sonnet est cet organisation, très précise, mécanique et stricte ce qui paradoxalement donne une liberté inattendue.
Une interrogation sur l’homme moderne au regard d’un texte classique. La perte de la foi comme symbole. Les souffrances du passé qui enferment dans le présent. L’abandon intérieur».
Faire un film qui serait un sonnet. Construire un film en suivant la construction et le développement du 119 ème sonnet de Shakespeare.
What potions have I drunk of Siren tears,
Quel philtre ai-je donc bu, fait de pleurs de sirènes
Distill’d from limbecks foul as hell within,
Distillé d’alambics comme l’enfer immondes,
Applying fears to hopes and hopes to fears,
A l’espoir administrant la peur, à la peur
Still losing when I saw myself to win!
L’espoir, perdant toujours quand je croyais gagner!
What wretched errors hath my heart committed,
Quelles erreurs funestes mon coeur a pu commettre,
Whilst it hath thought itself so blessed never!
Croyant n’avoir jamais été plus fortuné !
How have mine eyes out of their spheres been fitted
Combien mes yeux, ces astres, sortant de leur orbite,
In the distraction of this madding fever!
Se sont dans la démence d’une fièvre égarés !
O benefit of ill! now I find true
O bienfait de ce mal ! Maintenant je comprends
That better is by evil still made better;
Que le meilleur est par le mal rendu meilleur
And ruin’d love, when it is built anew,
Encore, et que l’amour ruiné, mais reconstruit,
Grows fairer than at first, more strong, far greater.
Devient plus pur qu’avant, plus fort et bien plus grand !
So I return rebuked to my content
Ainsi tancé, je reviens donc vers mon bonheur,
And gain by ill thrice more than I have spent.
Et par ces maux regagne au triple ma dépense.