Le polygone étoilé

Cinéma International de Quartier géré par le collectif Film flamme, Marseille

Entretiens avec Jean-François Neplaz

Décembre 2018

Avec Jean-François Neplaz, Lo Thivolle, Fabrice Coppin et David Yon

 

Mai 2011

Vidéo de Ouahib Mortada adressée au polygone étoilé.

Le cinéma que l’on fait est un cinéma qui ne se regarde pas.
Il se voit ! C’est des actes faits non pour la prospérité mais juste pour déjouer la mémoire et ne pas succomber aux jeux de l’oublie…
Quelqu’un a dit : » Saurait-on inventer si l’on ne savait pas espérer ? C’est toute notre raison d’exister, toute notre vie quoi ! » C’est le père de la relativité, A.Einstein.

Association Film Flamme

« Chacun a son silence et ses obscurités. Chacun a son plan. Et chaque fois les plans sont bouleversés. D’ailleurs notre cité pourrait bien être originale à ce prix : être édifiée sans plan, ce qui impose, soit dit en passant, un surcroît de méthode, un adieu déchirant aux fantômes de la tribu ».
Kateb Yacine, « Le polygone étoilé »

Film flamme est une association “loi 1901″ créée en 1995 par Gaëlle Vu, Jean-Paul Curnier, Jean-François Neplaz et Rémy Caritey, et fondée sur leur pratique cinématographique singulière de création et de recherche.

La salle du polygone étoilé est “née” en décembre 2001: Salle de cinéma située prés du port de Marseille, aménagée grâce à l’aide des bras de bénévoles, leur savoir, leurs réseaux,… et un financement d’intervention sociale: “La politique de la ville” .

Film Flamme a directement proposé une dynamique ouverte pour la gestion de la salle. Coté Film Flamme le programme est partagé entre 2 types événements: les “Nuits étoilées” (écran ouvert qui permet d’accueillir des projets de films; bimensuel) et les festivals annuels “Travail au cinéma/Cinéma au travail” et “La Semaine Asymétrique”; pour les deux types d’événement, la présence des réalisateurs et les discussions sont fondamentales : c’est aussi cette dynamique qui a donné vie au “Laboratoire du Public”. Les Nuits Etoilées ont connu une interruption de deux ans et sont reprises depuis octobre 2009.

Le réseau Archipel rassemble les partenaires qui occupent la salle avec leurs projections/programmes actuellement.

Le “Polygone”, constitué d’une salle reliée à 3 studios de montage, est aussi un lieu technique de réalisation cinématographique.

Ainsi, des artistes de diverses disciplines ont rejoint cette association, le cinéma étant un langage commun entre eux : plasticiens, photographes, musiciens, écrivains, gens de théâtre…

Le désir était de fonder un lieu pour un cinéma indépendant et “hors capitale”. Pouvoir réaliser des films de création indépendants, et pouvoir à la fois gérer une salle, des rapports avec les habitants du quartier et promouvoir, rendre concrète l’idée d’un cinéma non pas laissé aux mains des spécialistes, mais pour tous. Où les films peuvent être réalisés (ou critiqués) par tous, avec l’explosion des standards de narrations, l’envie de poésie, de bousculer les normes, de porter un propos sur le monde,…

L’expérience unique de Film flamme consiste à développer simultanément une activité de création et de diffusion cinématographique à dimension internationale, sur la base d’un engagement social et artistique de proximité.

Un cinéma ancré dans le réel et proche de son public.

Le collectif de cinéaste qui gère la salle de cinéma ne veut pas devenir un “comité de sélection”. Ce n’est pas le rôle de cinéastes de se constituer en “modèle” de pensée, de goût, de regard, de culture…

Notre but est plutôt de répondre au défi lancé il y a bien longtemps par l’écrivain français Emile Zola prenant la défense de ses amis peintres impressionnistes rejetés du salon d’automne à Paris, dans un pamphlet intitulé “Mon salon”. Il proclame :

“Moi public, je veux qu’on ne me cache rien, moi public, je veux qu’on me donne dans sa totalité le moment artistique”.

Il s’agit donc, non pas de donner “le meilleur”, le plus moderne, le plus intelligent, le plus quelque chose du cinéma … Il s’agit de donner “tout” ! Et ce n’est pas rien comme défi… C’est en tout cas du domaine des artistes que nous sommes, de nous confronter au “tout”…

C’est pourquoi par exemple, nous avons choisi de mettre le “Polygone étoilé” ses moyens et ses techniciens à disposition de diverses structures qui souhaitent programmer des films. Sans autre considération que la continuité dans le temps et le “sérieux” de leur travail.

Par ailleurs nous organisons des “écrans ouverts”, comme les “Nuits étoilées” qui permettent à des auteurs de venir présenter un film sans que celui-là ait été “présélectionné” (les films ne sont pas visionnés avant les projections publiques sauf pour organiser autour un “événement particulier”).

Il s’ensuit une diversité des approches, des choix, des formes cinématographiques… Et des publics. Notre salle n’est pas vouée à un genre, à un public particulier… Ici se croisent les publics entraînés par différentes structures… Informés (formés ?) par différents réseaux… Un public métis en quelque sorte… Qui parfois n’aurait pas même d’attente …

La gratuité de l’entrée (Selon la proposition : “Entrez libres”) est le dénominateur commun de ces programmations et favorise la grande diversité du public. Un public alors socialement (culturellement) insaisissable… Qui échappe aussi à sa condition de “cible” de communication, de consommateur même … Et pour cela des débats suivent les projections selon le principe que le public est l’auteur collectif d’une pensée qui éclaire le film. Une tentative constante et déterminée (même parfois dans son échec !) de faire émerger une pensée “non savante” dans laquelle chacun a sa place… Une élaboration partagée de la pensée en mouvement, à laquelle chacun peut participer et dont le cœur reste le film. Une pensée qui d’abord renvois au film (avant la “sociologie” qui l’entoure).

Le plus souvent possible les réalisateurs des films sont présents à la projection (environ 2 projections sur 3). Nous sommes très attentifs à ce que leur discours (préalable) sur le film, ne soit pas dominant sur la perception des spectateurs, afin qu’ils soient eux-même “à l’écoute” du public.

Au delà de gérer la salle du Polygone étoilé et d’y accueillir les programmes de nombreuses associations marseillaises, les auteurs de Film flamme mettent en commun leurs moyens et leur énergie pour créer et produire hors capital(e)… Les éditions commune et Film flamme s’associent pour explorer ce cinéma-là avec des livres.

 

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