je vois une espèce de foisonnement, très
divers, très vivant, très multiforme.
Des collectifs qui font tâche d’huile, et
s’annexent peu à peu, dans une ville, dans
un canton, des centaines de gens venus là
de divers horizons.
De petits groupes qui se forment et
discutent pendant des mois, poursuivant
une aventure propre, – et d’autres plus
éphémères, vivant seulement le temps d’un
projet, le temps d’un désir, et leur
éclatement comme la mort d’un fruit mûr
sème tout autour de nouveaux désirs, de
nouveaux groupes-désirs.
Et une confrontation, des échanges, un
dialogue intense qui s’institue aussi entre
ces collectifs.
Je vois des rencontres qui s’organisent, des
voyages, des stages, des correspondances,
toutes sortes de contacts et de relations.
Cela remplacerait déjà bien les médecines,
bien des traitements.
Dans mes rêves, je vois aussi une espèce
de journal. Pas du tout une revue sérieuse.
Plutôt quelque chose d’un peu merdique,
un lieu de discussion encore, mais à un
autre niveau. Où des groupes, des
individus, n’importe qui, poseraient des
questions, répondraient s’ils en ont envie,
feraient part de leur expérience, se
critiqueraient mutuellement, – un truc où
tout le monde ait envie d’écrire. »
Roger Gentis, La psychiatrie doit être
faite/défaite par tous, Maspero, 1973.
Météorologie
Tout comme la petite caméra vidéo nous
permet de filmer dans une immédiateté
salutaire (sans attendre que le laboratoire
développe les rushs, et surtout sans
attendre l’argent pour payer ce
laboratoire), et nous permet, non seulement
de faire des « croquis » avec la simplicité
d’un stylo, mais aussi des films
entièrement tournés en « numérique »,
nous pensons qu’il est profitable également
de nous servir des moyens de
reproductibilité offerts par les ordinateurs
courants quant au « traitement de texte », à
l’édition, à la photocopie.
C’est pourquoi nous proposons, avec ce
numéro zéro, l’élaboration de bulletins
mensuels, sorte de bulletins météo, de ceux
que consultent les marins avant de prendre
la mer, et qui servent aussi de liaison entre
tous. Ces Cinématographies feront état de
nos élaborations en cours, tant au sein de
l’atelier cinéma, qu’au sein du Kinoclub,
avec textes (ici, le premier texte écrit par
Vincent Covu) et photos (ici, et pour
l’instant, des photos de films, mais à
venir : des photos de notre film en train de
se faire, etc.).
Ce bulletin sera photocopié et distribué : à
La Vague à l’âme à Paris, à l’atelier du
Non-Faire à Neuilly-sur-Marne, et dans
tout autre lieu que nous jugerions utile. Ici
le « nous » signifie les participants à
l’Atelier cinéma, les participants aux
réunions de préparation du Kinoclub.
l’Atelier cinéma
«le cinéma est ce qui reste de l’hospitalité
perdue »
L’atelier est un moment de fabrique
collective où nous déterminerons ensemble
la récolte et l’agencement des images et
des sons, pour faire éclore un film
commun. Nous travaillerons à partir du
paysage urbain, des rues qui nous
entourent, des frontières entre la ville, la
banlieue, le ban les lieux et les non-lieux.
Partir par exemple, le long de la petite
ceinture de Paris, cette voie de chemin de
fer désaffectée qui entoure la ville, et
filmer quartier par quartier ce qui s’y
passe, ce qu’on y voit, ceux qu’on
rencontre.
C’est à la fois laisser place au hasard, au
réel, mais pour ce faire, le préparer en
amont : ainsi nous regarderons des films,
nous partirons de textes (notamment des
fragments du livre des passages de
W.Benjamin), nous regarderons des cartes,
établirons des trajets.
Nous alternerons donc, entre des situations
très concrètes : prendre une caméra en
main, prendre une perche et un micro et
partir tourner, marcher, observer,
s’imprégner, déambuler, écouter, et des
situations d’analyse de ce qu’on a fait :
regarder les rushs, les critiquer, les choisir,
décider d’aller retourner, s’interroger sur
ce qu’est un cadre, écrire un bout de texte
qui deviendra une voix off, proposer un
son qui irait sur telle image, etc.
C’est à partir de cette méthode, très libre,
mais qui implique un suivi régulier du
travail en train de se faire que nous
évoluerons ensemble sur la durée d’une
année (entre septembre et juin) à raison
d’une après-midi par semaine.
Nous fournissons le matériel de tournage et
de montage dans un premier temps, même
s’il faut trouver un moyen d’équiper un ou
des GEM.
Le mode de financement de l’atelier suivra
celui de la production d’un film : écriture
et dépôt de dossier, dont chaque participant
qui se sera engagé dans l’atelier sera le coauteur.
Ainsi nous pourrons déposer un projet de
film auprès de la commission du courtmétrage
expérimental du CNC (Centre
National du Cinéma), qui serait signé par
dix co-auteurs, par exemple. Nous disons
dix mais nous ne savons bien sûr pas à
l’heure actuelle combien d’entre vous
serons intéressés à s’engager dans cette
aventure collective, sensible, de fabrication
d’un film.
Florence , Katia.
Le 01 septembre 2007
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