la tentation du cinéma

Texte de Lorenzo Menoud, 2007

les 7 narrations

un livre de formes

lignes des arbres, lignes des barrières, des poteaux, des piliers et des arches, lignes des murs, des parasols, lignes des trottoirs, des motifs, des matériaux, des bancs et des portes, des escaliers et des écritures…

le monde est là dans cette scansion d’images

le monde est là dans ce montage d’actualités

tout est à plat à partir duquel —

on lance la machine à lire/voir

on lance la machine à rêver tout haut

on passe de l’une à l’autre

et ce que ça dit de barcelone?

à barcelone, en 2004, véronique goël, a fait 2, films, des centaines, de photographies, des milliers, de pas, à l’image de ce qu’elle croyait, être la ville

à barcelone, l’europe a changé

le monde est en guerre

phrases, objets physiquement détachés

le texte s’inscrit dans cette fenêtre — espace-temps

c’est aussi le moment pendant lequel il est possible de procéder au lancement d’une fusée

cadre, cadrage

de ce que je crois, être ce livre

3 lignes 2 images 3 lignes

sans sous-titre

ce livre a la tentation du cinéma

les lignes travaillent l’espace de la page, l’espace du livre — horizontal

les lignes se rattachent au monde (référence), multiplient les langues (3)

les lignes sont enroulées sur 1 bande, 6 pistes

pas de présentation simultanée

les histoires du quotidien sont captées en passant

instables

jetables

les monstres du quotidien reviennent le lendemain (bush, gaza, etc.)

les images traversent le livre

2 photographies par page

on entre de plain-pied

la police, les nettoyeurs, la spéculation immobilière, les banderoles de protestation, les sans-abris, l’histoire, les sacs à gravats

on traverse la page de papier | vertical

à bout touchant

on est à barcelone

le réel dont, le réel sur, le réel qui

imxte & teages (filet rouge)

le monde est là (sous le microscope, entre deux plaques de verre de vers, lame lamelle)

langage-monde, exploitation, spéculation, 100% de réduction

sur tout

…économiques et sociales de cette ville

fin de la fiction : un filet rouge coula au coin de sa bouche

chacun en fonction de ses intérêts

«je dois nettoyer la ville»

«je dois trouver un endroit où dormir»

«je dois arrêter les voleurs [enfant] et les terroristes [contemporain]»

«ici vivent des gens»

«je dois gagner un maximum d’argent»

et les sacs?

et l’histoire?

l’histoire nous emmerde, à faire appel à elle, on ne bouge plus — trous de balles

et les sacs transportent tout ça

les sacs c’est les livres

livres-voyages

un livre de gravats, de désastres associés

et les sacs c’est des formes

et les sacs c’est selon ce qu’ils transportent

et les sacs c’est de tous

Texte initialement paru dans le livre Hotel Comercio, éd.Notari

www.serialpoet.eu

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