En 1991, pour Les Nuits magnétiques sur France Culture, Robert Kramer réalise De près, de loin, deux émissions radio qui seront diffusées les 7 et 8 novembre 1991.
Le texte de présentation de ces émissions pose ces questions : « De près, de loin, où se trouve exactement le pays natal ? Que devient-il ? Où sont ses bruits ? Où est sa langue ? ».
La première émission se déroule lors d’un voyage au pays natal aux Etats-Unis où Robert Kramer se marie avec Erika après vingt-deux ans de vie ensemble.
De près, de loin, 1
Dans la deuxième émission à son retour à Paris, il commence par lire un extrait du texte de la philosophe Simone Weil Réflexions sur les causes de la liberté et de la pression sociale, écrit en 1934. Il a connu ce texte par l’intermédiaire de l’écrivain John Berger. Dans l’émission, le cinéaste interroge John Berger sur une lettre qu’il a adressée à l’Université de Chicago afin de signifier son refus de venir y faire une conférence. Par ce geste, John Berger voulait dénoncer le silence qu’il rencontre au sujet de la guerre du Golfe. Il critique le fait que les images de la guerre voyagent très vite, presque instantanément mais, comme il le dit à Robert Kramer, « les voix des pensées, les voix des sentiments, les voix des souffrances ne voyagent pas, elles ne sont pas entendues. Et surtout, les voix des victimes. » Face à ce silence qu’il nomme la « surdité du pouvoir », il refuse de donner ses mots lors de cette conférence. Avec le traitement médiatique de la guerre du Golfe, il n’y a pas la possibilité d’imaginer comment existe l’autre. Il dit au cinéaste, « Toi et moi, nous parlons de la capacité de garder et d’admettre la réalité de l’autre. » Il dit que cette capacité est liée à l’attention. Et si nous restons soumis au zapping des images médiatiques, nous perdons notre capacité de donner de l’attention. John Berger termine l’entretien par ces mots : « Essayer d’être capable d’aimer. »
De près, de loin, 2
Pour information, ces enregistrements se coupent un peu avant la fin des émissions.
