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Vidéo de Bani Khoshnoudi, 2013

21 minutes, Iran

Image et musique : Bani Khoshnoudi

Cette vidéo en deux écrans (pour une projection ou une installation) propose une réflexion sur la place des travailleurs immigrés dans la société moderne, ainsi qu’une observation des fondations de nos villes et de nos cimetières.

Une chose me frappe tout particulièrement à Téhéran : la coexistence sur un même plan de la construction et de la mort. Et cela devient une récurrence, sinon une obsession, pour l’ensemble de mes réalisations.

La ville est en constante reconstruction et en croissance ; le cimetière aussi. Des milliers de trous creusés à l’avance attendent leurs morts. Ils indiquent aussi l’expansion de la ville et le besoin de « nouveaux terrains ». La main-d’œuvre est constituée d’une majorité de migrants afghans et kurdes mobilisés pour cette expansion, alors qu’ils ne sont même pas considérés comme des citoyens à part entière.

Pour cette vidéo, je fais une « dichotomie visuelle », en utilisant les deux images les plus récurrentes dans mon inconscient dès je pense à Téhéran. Les ouvriers sont perpétuellement en train de creuser dans les rues, ils travaillent sans cesse pour le renouvellement, le remplacement, afin d’estomper les cicatrices de la ville. L’immense cimetière est aussi en constante construction et expansion, et je n’ai jamais vraiment compris comment quelque chose d’aussi mystérieux et spirituel que la mort pouvait susciter une sorte de site de construction ou de chaîne de production en attente des nouveaux défunts qui, dans la tradition islamique, doivent être enterrés immédiatement.

Les travailleurs, qu’ils manient leurs pelles dans les rues ou au cimetière, ne sont pas vus par la population qui les entoure… ils construisent ce dont nous bénéficions, et pourtant ils sont ignorés par la société.

Bani Khoshnoudi

(remerciements à Robert Bonamy)

Contact : Pensée Sauvage Films – info(arobase)penseesauvagefilms.com

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