« François Morellet travaille depuis plus de 35 ans avec des droites, avec des lignes géométriques qui se coupent sur des toiles, des espaces « muséales » sur des bâtiments, dans la nature, dans la ville. Réaliser un film « avec » un artiste, c’est faire se rencontrer l’artiste et le cinéma. C’est-à-dire, mettre en place un dispositif où l’artiste pense son œuvre avec le cinéma, où le cinéaste pense le film avec l’artiste. C’est ainsi que l’idée est venue à Christophe Loizillon de proposer à François Morellet de réaliser des œuvres originales pour le film. François Morellet se rend au musée. Il s’arrête un instant devant un tableau de la série des Trames, remplace le cartel par cet autre : « Ombre de moi-même », puis emporte le tableau sous son bras, ne laissant sur le mur que son ombre ! De pirouette en pirouette, il rebondit ainsi de projet en projet. Par la fiction de journées rythmées par le travail seul, Christophe Loizillon suit, d’étape en étape (dessins, études préparatoires, maquettes, réalisations), le déroulement des projets « Géométries », « Angle », « Naufrage de Malevitch »… Avec une grande efficacité didactique que n’alourdit aucun commentaire, il permet de saisir ainsi la nature exacte de l’œuvre de François Morellet. Elle n’est pas, comme on pourrait le croire, une réflexion abstraite, géométrique et froide. Elle serait plutôt, en fait, une rêverie sur l’angle droit, non dénuée d’humour. »
(S.H. – Extrait du catalogue Arts plastiques et beaux-arts, Arcanal, 1993.)
François Morellet
Film de Christophe Loizillon, 26', 1990