
En juin 2015, une revue m’a demandé un article pour un numéro spécial consacré au quarantième anniversaire de la mort de Pasolini. Je vivais à Rome, j’ai décidé d’aller à la rencontre de quelques personnes qui l’avaient bien connu. Je n’écrirai finalement rien, tant la célébration éditoriale et la réalité vécue des propos recueillis semblaient dissonants. J’ai marché dans Rome sur les traces des films, passé du temps à la Tour de Chia et ai enregistré de longues conversations notamment avec Jacopo Benci, artiste, historien de l’art et ami de Fabio Mauri ; avec la Signora Pina, propriétaire du restaurant Al Biondo Tevere et avec la réalisatrice Cecilia Mangini. J’avais rencontré Cecilia lors d’une projection de nos films, nous avions longuement discuté de son travail et de cette fascination particulière que crée Rome quand elle est territoire de cinéma. Pour parler de Pasolini, elle m’avait donné rendez-vous au bar-librairie Pallotta, place Ponte Milvio, à quelques pas de chez elle. Elle était une habituée du lieu, chacun l’appelait par son prénom, avec cette familiarité teintée de respect qui fait souvent la singularité des romains. Dans le bar, les tintements des tasses et la musique populaire côtoyaient avec simplicité l’éclat de son regard et de ses mots.
Entretien initialement publié dans la Furia Umana n°42 et par la revue du Centre Pompidou (2021)