Marseille. Il n’y a pas de fin. Il ne peut y en avoir.

Nazim Djemaï - 1977 / 2021. (Photographie : Mohamad Reza Zandian)
Projections et rencontres le jeudi 7 octobre 2021 à 20h autour du cinéaste Nazim Djemaï.

(photographie ci-dessus prise par Mohamad Reza Zandian)

Jeudi 7 octobre à 20h
Videodrome 2

49 Cours Julien
13006 Marseille
Prix libre

Nazim a accompagné l’aventure de la revue Dérives depuis son premier numéro en 2007. Au fil des ans, il a partagé tous ses films et essais dans sa constellation sur Derives.tv. Il nous a quittés début juin et nous souhaitons partager avec vous son dernier long-métrage, à peine ombre et quelques-uns de ses essais filmiques.

Paroles de Nazim Djemaï

«  J’estime que n’importe qui peut prendre une caméra et faire un film.
À condition d’être mû par quelque chose, par un désir de trouver l’émotion.
Les images sont faites pour que le spectateur puisse les ressentir.
Il doit se réapproprier tout cela.

Et moi, je ne peux lui donner une piste car cela ne lui permettra pas d’avancer et de répondre à ses propres questions.
Il faut lui donner du temps pour s’installer dans un plan.
Il ne peut que s’accrocher à lui-même.

C’est le temps de l’observation. Je n’invente rien. Je ne sais pas inventer. Je suis là, je regarde, je suis présent. A force de concilier toutes ces configurations, quelque chose alors se produit dans le plan. Il faut jeter deux yeux, et tout cela nous permet de tisser du temps, de l’espace, de comprendre ce qui ne peut être intégré dans cet espace. Là, on arrive à quelque chose. Par exemple, dans mes deux films, il n’y a pas de fin. Il ne peut y en avoir.  ».
Paroles de Nazim Djemaï retranscrites par Samir Ardjoum pour le journal El Watan en 2010 

La constellation Nazim Djemaï sur Derives.tv

« La constellation Nazim Djemaï permet d’abord pour beaucoup des visionneurs-spectateurs, de découvrir son travail filmique, dont les trois films qui ont pu être projetés par ailleurs, dans le cadre de festivals importants : les longs métrages documentaires Nawna (je ne sais pas) (2007) et À peine ombre (2012) ainsi que le court métrage de fiction La Parade de Taos (2009). Si les deux documentaires abordent des communautés et des territoires fort éloignés (les transformations des vies inuits de la communauté Cambridge Bay, dans le territoire canadien du Nunavut pour Nawna ; les patients et les soignants de la Clinique de La Borde pour À peine ombre), une partie de leur travail en commun consiste à écouter les mots selon un rapport aussi simple qu’insistant à l’entretien. Les mots se manifestent ainsi avec tous les gestes des personnes cadrées en plans moyens ; les attitudes, les manières de se tenir importent ainsi beaucoup. L’entretien se combine quasiment à un sens du toucher qui singularise les individus des différentes communautés. Les pensées exprimées par les mots prennent corps. Les deux films documentaires étudient aussi la géographie, le périmètre des lieux filmés ; disons que les plans d’ensemble des espaces rejoignent davantage les principes d’une étude, d’une observation attentive que ceux d’une contemplation. Ces deux films documentaires sont réalisés en couleurs et tournés en vidéo (en HI8 transformé sur support DV pour Nawna ; en miniDV pour À peine ombre) avec une définition dont les caractéristiques, notamment lumineuses et chromatiques, sont tout à fait en mesure de paraître actuellement plus « sensibles », en ceci qu’elles travaillent le registre de la sensation, que les définitions dites hautes (et elles sont d’ailleurs censées l’être de plus en plus) selon les normes actuelles des industries technologiques et numériques. »
Robert Bonamy, « De l’analyse en Dérives », texte inédit, à paraître dans l’ouvrage collectif Penser les formes filmiques contemporaines, Vincent Deville & Loïg Le Bihan (dir.), 2022.

Juste Nazim

« Hier, j’ai perdu une image qui m’était associée depuis 2009. Celle de Nazim Djemaï. Algérien, rêveur, promeneur, sismographe, cinéaste…et ami lointain. Il avait cette particularité de filmer la grâce du présent. Des bouts de vie. Des objets. Des choses anodines, mais finalement le cinéma, celui qui est fondamentalement vivant, c’est la conjugaison de plans sur des quotidiens anodins. C’est cela qui nous donne envie de croire à l’après, c’est cela qui nous donne un aperçu de l’avant et c’est finalement la juxtaposition de tout cela qui donne notre cinéma. (…) Le cinéma sera toujours ce lieu où l’amitié se partage au présent. »
Samir Ardjoum, Juste Nazim, Des Nouvelles du Front

À PEINE OMBRE
France | 2012 | 87 minutes | Mini DV
Un film de Nazim Djemaï

La clinique psychiatrique de La Borde, fondée par le docteur Oury en 1953, est l’un des berceaux de la psychothérapie institutionnelle. Entouré de quarante hectares de bois et d’étangs, ce château situé dans le Centre dispose de quatre secteurs d’hospitalisation et accueille une centaine de patients, qui circulent librement dans cet espace en pleine nature. Un chapelet d’entretiens nous permettra d’appréhender la topographie de ce paysage et des êtres qui l’habitent.

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