Retour à la rue d’Eole

eole01.jpg
Textes & Photogrammes, Film de Maria Kourkouta, 2013

 

« Que le monde devienne image. Ce sera là la dernière vie des hommes : être couverts d’une image. »

Georges Cheimonas, Les bâtisseurs, 1979 (trad. M. Volkovitch)

eole02.jpg

-* « Le messager,
-* trois ans nous l’avons attendu.
-* Les yeux fixés
-* sur les pins, la rive et les étoiles.
-* Étroitement unis au soc de la charrue,
-* à la quille du vaisseau,
-* nous voulions retrouver la semence première,
-* afin que le drame ancien recommence. »

Georges Seferis, Mythologie I, 1934 (trad. Yves Bonnefoy)

eole03.jpg

« J’ai vingt-neuf ans. En octobre soixante-cinq, un soir j’ai décidé de mourir. Alors le calme s’est fait. Posant la tête contre le tronc du pistachier j’ai penché la tête, apaisé. Les jetées du mois d’aout éclatantes. Dans les étroites montées depuis tout en bas, des enfants me regardaient immobiles obscurs. Quelques jours plus tard je suis parti pour Paris. »

Georges Cheimonas, Roman, 1966 (trad. M. Volkovitch)

eole04.jpg

-* « Reviens souvent et prends-moi,
-* sensation bien-aimée, reviens et prends-moi… »

« …quand la mémoire du corps se réveille,
-* quand un ancien désir passe à travers le sang,
-* quand les lèvres et la peau se souviennent
-* et que les mains croient toucher de nouveau… »

Constantin Cavafy, Reviens, 1912 (trad. M. Yourcenar)

eole05.jpg

« Les nuits d’hiver, le vent furieux de l’Est nous rendait fous.
L’été, nous nous perdions dans l’agonie du jour, qui ne pouvait rendre l’âme.
En rentrant,
nous avons rapporté ces entailles d’un art très humble. »

Georges Seferis, Mythologie I, 1934 (trad. Yves Bonnefoy)

eole06.jpg

-* « Je crois à l’humidité nocturne
-* aux statues qui voyagent jour et nuit dans des boîtes coûteuses
-* et aux fenêtres fermées des usines en grève.
-* Je crois à la litanie des voitures
-* aux sifflets nerveux d’un policier abandonné
-* et à l’odeur des pages non découpées des livres scolaires.
-* Je crois aux anthologies poétiques
-* aux publicités de tauromachie de 1935
-* et aux signes de ton corps qui témoignent de l’amour… »

« …Enfin, je crois
-* à la mort de la mémoire
-* et à la résurrection des désirs
-* dans des roses, des jasmins
-* et des jacinthes.
-* Et il en fut ainsi.
-* Amen. »

Manos Hadjidakis, Les commentaires du Troisième, texte prononcé à la radio, 1978

eole07.jpg

-* « Le ciel est un jardin en sang avec un peu de neige
-* J’ai serré mes cordes
-* Je dois à nouveau contrôler les étoiles
-* moi
-* Héritier d’oiseaux
-* Il faut
-* même avec des ailes cassées
-* que je vole »

Miltos Sachtouris, L’Héritier, 1958

eole08.jpg

-* « Il s’en allait le lièvre fou
-* il s’en allait
-* passait les haies le lièvre fou
-* tombait dans la boue
-* l’aube luisait le lièvre fou
-* la nuit s’ouvrait
-* les cœurs saignaient
-* le lièvre fou… »

« …Le monde luisait
-* ses yeux s’embuaient le lièvre fou
-* sa langue enflait
-* et il pleurait insecte noir le lièvre fou
-* la mort dans la bouche »

Miltos Sachtouris, Le lièvre fou (trad. M. Volkovitch)

eole09.jpg

-* « Supposons que nous ne sommes pas encore arrivés
-* à l’impasse noire, aux abysses de la pensée.
-* Supposons que les forêts sont venues
-* en armures impériales du triomphe matinal,
-* avec des oiseaux, avec la lumière du ciel
-* et le soleil qui les traversera… »

« …Supposons que nous sommes là,
-* dans des pays inconnus de l’Ouest et du Nord,
-* et tandis que nous jetons notre manteau en l’air,
-* les étrangers nous regardent bizarrement, sérieusement… »

eole10.jpg

-* « …Supposons que nous n’avons pas atterri par cent chemins
-* aux limites extrêmes du silence,
-* alors chantons – que le chant ressemble
-* à un clairon victorieux, à un cri qui explose –
-* et que cela amuse les démons de feu aux profondeurs de la terre,
-* et tous les hommes là-haut. »

Kostas Karyotakis, Pessimisme, 1927

eole11.jpg

°

-* Retour à la rue d’Eole, Maria Kourkouta, 2013

Fragments insignifiants, retravaillés, remontés, ralentis et mis en boucle, de films populaires grecs des années ’50 et ’60, accompagnés par des extraits très courts de poèmes d’auteurs grecs et la musique de Manos Hadjidakis. Un collage audio-visuel, qui évoque un voyage de retour au centre d’Athènes, en Grèce contemporaine.

°

-* Photogrammes extraits des films :

Carton-Titre du film Retour à la rue d’Eole de Maria Kourkouta (2013)
-* La fille en noir, avec Dimitris Horn (1956) de Michalis Cacoyannis
-* Le réveil du dimanche, avec Elli Lambeti (1953) de Michalis Cacoyannis
-* L’Orge d’Athènes, avec Dinos Iliopoulos, (1956) de Nikos Koundouros
-* Touche-à-tout, avec Thanassis Veggos (1970) de Dinos Katzouridis
-* Si tu as de la chance, avec Sapfo Notara (1964) de Yorgos Petridis
-* Mariage macédonien (1960) de Takis Kanellopoulos
-* Matines sur l’ile de Thera (1968) de Costas Sfikas et Stavros Tornes

Aucun article à afficher