Pologne

Film de Caroline Delaporte, 2007

21 minutes, format: Super 8 numérisé, copie diffusion 35mm

avec le concours du ministère de la culture (allocation de recherche CNAP) , du SACRE Film flamme, du Conseil Général des Bouches du Rhone (aide à la diffusion)
écriture, images et sons: Caroline Delaporte, Agnieszka Rajca
avec la participation de Patrick Bauer, Edward et Zuzanna Rajca, Patricia Kwapik
Montage: Théo Ercolano
Compositions: V. Monti, Pergolesi, Kurtis/ Podgomy
Interprétations originales: A. Rajca violon, A. Kozlowska flûte piano
Composition électronique: Jean Paul Maccario
Laboratoires: Andec filmtechnik, L’Immagine Ritrovata

 

Agnieszka Rajca, violoniste, traverse et retrouve sa ville, Cracovie, à l’occasion d’un concert qu’elle y donne. Elle s’offre à la caméra, revit la rupture de son départ, le choix d’être musicienne avec ce que cela contient de fougue, de divagation et de discipline. De ce départ/ métamorphose, la musique surgit, et creuse le temps comme pour le retourner, l’aérer.

« Pologne » est un film qui place la musique comme moteur de la narration. Non seulement comme fait-accomplit, mais aussi comme but, ressort, désir et lien entre les personnages. Comme dans les courts métrages précédents, il s’agit de trouver des jeux entre l’espace frontal, « spectaculaire » de la musique, et l’espace profond, insaisissable des sons naturels.

J’ai engagé avec une musicienne, Agnieszka Rajca, un travail de co-écriture. Elle joue son propre rôle et insuffle au film une tristesse gaie, une humeur vive comme les éclaircies des ciels nordiques. Le violon, son instrument, est caressant dans la rapidité, brisé dans les graves. Il ressemble à ces mouvements acrobatiques qui ne réussissent qu’avec l’élan maximum.

Pendant le tournage, elle préparait aussi les concerts qu’elle donnait à Cracovie, avec une manière particulière de se concentrer, de s’ancrer dans un rythme intérieur. Les trajets offraient des retours sur son histoire personnelle. Nous avons construit le parcours de son personnage, de la campagne à la ville, et les rencontres avec ses proches.

Agnieszka répercute ce qu’elle ressent, comme une antenne qui décoderait des influences invisibles. La rupture du départ est là et maintient en elle une sensation de vide, un espace ouvert, insatisfait, une sorte de faim.

Caroline Delaporte

interview de Caroline Delaporte paru dans le journal du FID (Festival International du Documentaire de Marseille), juillet 2008:

« Pourquoi le super 8 et quel rôle ce format a-t-il joué dans le travail du récit ?

Le super 8 me permet de réduire la richesse, la profondeur de l’image.

Je m’appuie sur son côté massif et je cherche toutes les nuances dans le son.

Qu’est ce qui a guidé la relation du son à l’image dans le portrait de la musicienne Agnieszka Rajca et plus précisément dans le choix de ne pas sous-titrer le polonais ?

En Pologne la langue m’était entièrement musicale, inconnue. Une voix m’atteignait comme un son, un port de tête, un dos, une main. Sans le guide de la traduction, on est placé dans la peau de l’étranger, les sens en éveil, et on est beaucoup plus sensible à l’impact des paroles au niveau sensuel ou affectif.

Pourriez-vous revenir sur ce personnage tragi-comique que vous incarnez à trois reprises, provoquant une rupture électrique dans le récit acoustique ?

Mon apparition à l’image, alors que par ailleurs je fais le cadrage, explore les zones qui sont normalement « les coulisses », que le public ne peut pas voir : Qui est le cadreur? Comment respire-t-il?

Quand à la musique électrique, c’est un élément de plus dans ce jeu « du chat et de la souris » entre la musique de film, celle qui accompagne, et la musique qui suinte ou jaillit de l’action, qui est à l’origine. Réaliser le portrait d’une musicienne m’a permit d’aller plus loin avec cette question, posée différemment dans mes autres films.

Film sans paroles synchrones, gestes et bruitages ponctuels, chorégraphies des corps parfois accélérés ou ralentis. Quelle est la part du burlesque dans le film ?

La part du burlesque c’est toujours de faire savoir, de clamer haut et fort ses défauts et ses faiblesses, et malmener tout ce qui est noble, respectable. C’est une propagande à l’envers, une façon de secouer le prunier, mais c’est toujours le même prunier : Il faut entrer dans le côté tragique de la vie pour le traverser et sortir de l’autre côté. »

 

Site personnel : www.caroline-delaporte.fr
Contact : caro.delaporte(arobase)yahoo.fr

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