Paris. Le Mois du film documentaire. De la décolonisation

Mercredi 3 novembre 2010 à 18h à à l’École nationale supérieure des beaux-arts

14 Rue Bonaparte, 75006 Paris
Entrée libre

Rencontre autour du numéro 2 de la revue Dérives , revue livre & dvd et site internet, en présence des membres de la revue. « Comment se réapproprier et représenter un territoire confisqué et une histoire lacunaire, à l’encontre des images attendues et connues, ici comme là-bas ? » (Extrait de l’édito du numéro 2, autour des cinéastes Akram Zaatari et Tariq Teguia)

Invité : François Cheval, conservateur en chef du musée Nicéphore Niépce (Châlon-Sur-Saône) consacré à l’histoire et aux usages de la Photographie, commissaire d’exposition, auteur de la revue. Il développe à travers sa pratique une réflexion nourrie d’échanges avec les artistes sur les liens entre photographie, histoire et sociétés. A partir d’exemples puisés dans le fonds ancien du musée Niepce et d’œuvres photographiques contemporaines, François Cheval interrogera la représentation du territoire et ses enjeux chez les artistes aujourd’hui dans l’espace oriental méditerranéen.

L’intervention sera précédée de la projection de We Began By Measuring Distance de Basma Alsharif, 19’, 2009
Longs plans fixes, textes, mots et sons s’entremêlent et déplient l’histoire d’un groupe anonyme qui occupe son temps à mesurer les distances. L’acte neutre de prendre la mesure acquiert une dimension politique, mettant en doute la capacité des sons et des images à rendre compte de l’histoire, de la tragédie et de la complexité de la question palestinienne.

Plus d’informations sur le film : www.lowave.com

« Au Proche-Orient, lorsque l’on prononce le mot de paysage, on se condamne au silence. Que nous proposent-ils ces photographes, ces cinéastes, ces vidéastes ? Un mélange de concret, le recyclage d’informations de tous genres qui ne nous renseignent en rien sur ce que l’on pourrait voir. Le territoire se confond à l’incertitude, aux interrogations. On ne peut en faire un inventaire et on ne peut le décrire car jamais on ne l’a traversé. Ici, le simple fait de regarder est impossible. Ce qui nous est donné est, là, refusé, jamais d’impressions de voyages, de souvenirs simples, de petits faits. Ce monde est sans perspective. Il a peut-être une histoire, mais son champ de vision est barré. Désormais, ce pays qu’on traversait d’une traite de Jérusalem à Damas pour fuir à Beyrouth s’est disloqué, et nous n’en percevons que des fragments épars. Alors ces photographes, ces cinéastes, ces vidéastes crient de loin, comme hébétés, une réalité qui n’a cessé de leur échapper.
Le territoire oriental ne peut se dégager de l’archive. C’est elle qui le constitue et qui forme les sédiments d’une nation toujours à venir. L’entreprise d’une esthétique du paysage, si elle se révèle impossible à faire sur place, ne doit rien à la science, à la géographie, à la topographie, elle récuse le panorama et se moque de Google Earth. La fabrique du paysage ressort exclusivement du politique et du poétique. Quand chacun garde en soi la clef d’un pays mythique. Pesanteur d’un monde englouti, jamais connu pour de si jeunes gens qui se cherchent entre les métropoles occidentales et qui vouent une dévotion aux vieilles images flétries léguées par leurs parents. Photographier et filmer le Moyen-Orient, est une opération désespérée, une forme mélancolique de lutte contre l’oubli, une collection d’anecdotes en guise de destin.  »
François Cheval

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