monologue de race

Texte de Antonella Porcelluzzi, 2016

Je suis Italien, non pas un rital, mais un chien errant né en Italie. Ce qui est relevant pour moi, c’ est que reviens d Allemagne, ce me rend diffèrent, j’ ai vécu longtemps la bas. Ils m’ ont touché les Allemands, ils m’ ont éduqué, ils m’ ont changé, ils m’ ont fouillé dedans, et depuis que je suis parti je porte l’ Allemagne en moi. Les Allemands m’ ont touché, oui, ils m’ont pris avec eux dans leurs rangs. Je ne voulais pas les abandonner, pourtant je l’ ai fait. Je suis coupable de les avoir aimés et d’ être parti, je ne me laisse pas toucher facilement, alors les Allemands ils m’ ont touché et je les gardes tous en moi, je continue de les aimer à distance, et je ne me fais pas toucher d’ autres, pas facilement. Maintenant ce fait déjà un bon bout de temps que je suis en France. Avec surprise je remarque une chose, je m’ aperçois qu’ ils ne me sont pas indifférents, au contraire, après longtemps de vide quelque un quelque chose me touche à nouveau, casse ma carapace et touche à mon coeur. C’ est la douleur des Français qui frappe à ma porte, comme autrefois la douleur des Allemands. Je commence à sentir où ils ont mal, ça me touche.

La douleur des Allemands, on la connait bien. Les Allemands qui se cachent pour ne pas être insultés et traités d’ Allemands. Les Français sont plus durs à déchiffrer, toujours en place, incassables, redoutables, inattaquables, libres, solidaires, solitaires mais unis au sein de la France. Ils sont sains, à l’ apparence, alors elle est où leur douleur? Des Italiens je m’ en fous, avec leur force, leur énergie, leur joie de vivre, c’ est n’ importe quoi, ils ne comprennent à rien, ils sont les créateurs et ils s’ en foutent de tout, TANT PIS POUR EUX, il faut toujours regarder les gens en face.

Je me suis émancipé, j’ ai grandi dans le voyage, j’ ai appris à voir, je ne suis plus ni italien ni rien, je suis médium.

Maintenant je sais qu’ il n’ y a que la douleur qui compte. Les Français me plaisent bien, ils sont joyeux, il savent vivre. Tous, un par un, ils savent toujours quoi dire, ils sont excellents en business, ils sont excellents en paresse. Ils sont des bons acteurs, ils dansent sur le fil du mot, séducteurs, imaginateurs, manipulateurs jusqu aux os. Ils te parlent et tu fais ce qu’ ils veulent, direct, ils ont tout simplement toujours raison. Ils sont des rois, un par un, forts en Risk, qu’ ils jouent sans cesse, du matin au soir, sans arrêt, sans pitié, dans leur tête, la géographie du pouvoir, les terres, le vin, le pain. Le pouvoir, la face, les familles, les châteaux,les rivières, les champagnes, les parfums, l’ eau de Cologne, les colonies, l’ art de la domination, De Gaulle, De Sade, l’ allure, le secret, la brillance, l’ ardeur, la loi, la maitrise, le respect, le gouvernement, une assiette d’ Antilles épicées et deux cuisses de Senegal au gingembre pour moi s’ il vous plait, oui dans la même assiette ça va aussi, merci bien, merci beaucoup. Pourquoi je rigole?

Toute cette assurance a un prix, les enfants. Le chagrin des enfants français, démangés par la paranoïa, la politesse qui a tourné en hypocrisie, mensonges d’ Etat avalé dés tous petits, ceci les travaille. Les Enfants de la Tour Eiffel sont tous pliés de mal au ventre, incapables de bouffer, farcis de nausée, entortillés dans des anciennes racines de vigne entortillés, détenus par les regards de travers, les silences autoritaires, les mouches dans la bouche, la diplomatie. Dans leur ventre une couche noire indigeste s’ accumule, ni ils la digèrent ni ils la chient, c’ est un bloque militaire. Noir noir noir noir.

Enfants hyper-protégés. Noir dense, noir collant, noir étouffant, noir mauvais, noir désespéré, noir noir-de-coulpe, noir coupable qui ne se coupe même pas en morceaux, qui ne se dilue pas dans l’ eau ni dans le rouge, tellement il est dur et profond et il fait mal, une immense ulcère ulcérée. Les jeunes qui m’ intéressent, les jeunes qui souffrent, plongent dans leur noirceur exemplaire comme dans l’ eau de mer, vont à fond dans le noir, jusqu à ce qu’ on ne voit plus rien.

Pleurs et larmes, pleur et larmes. J’ en cherche les raisons, je prends soin d’ eux, comme s’ ils étaient des Allemands, les Allemands, que je connais. C’ est peut être parce que ils ne font plus de guerres, les guerres rompent les pilons intérieurs, fracassent l’ ego à tel point que tu oublies ta mère, à jamais, tu deviens libre et indépendant, un homme. Ici le sang familiale leur colle dessus, les frustrations gélatineuses des pères coulent dans la gorge des enfants tels des gros canards, sans transformation, fois gras et gros, ulcère, œdème, gratiner, gratte, galle, tuyau. Ces enfants hyper-protégés par leurs mères, par pure manie de domination. Enroulés dans la sécurité, envoutés d’ affection, hypnotisés dans la grande eau de l’ amour des mères. Ils ne pourront jamais grandir! Je pleure, je pleure.

D’ ailleurs on le sait, Oedipe tue son père, non pas sa mère. Intouchables, Les Mères. Juste une femme pourrait tuer une autre femme, sa mère ou sa belle-mère, le sujet a échappé à Freud, on ignore cette figure psychologique, pourtant on sait que les femmes ne coalisent pas entre eux. Il y a des tabous plus tabous que d’ autres, plus dangereux.

Tout ce noir des français, ce me rappelle beaucoup des Allemands des années ’20. Tout ce rouge qu’ ils boivent, ce me fait penser au sang. J’ avais entendu parler d’ un groupe d’ artistes autrichiens, qui avaient pris sur eux la douleur du nazisme. C’ était dans les années ’70 je crois, ou même un peu plus tard, comme l’ explosion d’ une bombe à retardement. C’ est comme ça qu’ elle sort la vraie douleur, en retard. La douleur n’ est pas des pères qui font la guerre, mais de leurs enfants, et des enfants des enfants, c’ est le vrai héritage qu’ on porte, la douleur qu’ on a provoqué et qu’ on subi. Mon grand-père me racontait des histoires d’ animaux magiques, si jamais tu ne les aidais pas tu étais mort, au prochain virage ils étaient transformés en gros sorciers et t’ envoyaient une horde de chats contre, qui te griffaient jusqu’ à te finir.

Il faut faire gaffe à ce qui est invisible. Ces artistes autrichiens ils venaient de familles riches et puissantes, respectées, craintes.

Seul les enfants avaient le pouvoir de ressentir la faute, la faille, le son faux. Ils se réunissaient dans des châteaux de leur propriété, à moitié abandonnés exactement comme leur proprios.

Suivis par des semblables, des autres coupables, ils se réunissaient pour des festins ignobles, pour trancher des vaches avec des tronçonneuses, tout pour se libérer de la faute, je les comprends et je ne sais même pas s’ ils ont réussi dans leur tache.

Dans leurs festins ils tuaient des animaux vivants, et le sang coulait, imagine une grosse vache tuée à coups de hache, pendue au plafond au milieu de la foule, percée à la perceuse, le sang qui gicle et flotte de l’ animal, des boucs émissaires, le sang qu’ elle gicle et qu’ elle gifle cette vache, tout le monde crie comme si c’ était un concert punk, mais en fait c’ est juste la mort qui crie fort et qui les domine.

J’ ai le noir des enfants français qui est rentré désormais dans mon ventre, je le porte en moi, je le laisse reposer, fermenter. Je suis coupable d’ avoir abandonné les Allemands, je veux m’ affranchir de ma dette, je veux faire quelque chose de bien pour les Français, qui sont si gentils avec moi. Je ne veux pas les abandonner, pas les décevoir cette fois ci, je dois faire un geste, un geste concret.

Des chiens, de chiens qui bandent pour ma moeuf.

Ces lamentos ces plaintes tous les enfants de France ont été roulés dans le noir deuxième génération on ne voit pas pourquoi on se n’ aperçoit pas au premier regard impassible

tellement de noir et de sang que ce me rappelle les rituels des artistes autrichiens après-nazisme qui égorgeaient les vaches vivantes devant le publique criant aspergé de sang du sang partout.

Je dois voir ma femme d’ urgence, je l’ ai négligée, pris dans mes pensées, et je le sent à ma bite que je l’ ai négligée, dans ma condition d’ intellectuel au marge, de simple observateur, c est tout ce que je peux lui offrir à ma moeuf, ma bite. Pourtant je pense à elle mieux que n’ importe qui pourrait faire, voyons! Ma femme est une fille intelligente, elle m’ accepte comme je suis, et elle me parle dans les oreilles même quand je suis loin. Je l’ entend bien, ça me fait du bien. Des fois, elle m’ hurle son amour dans ma tête, en silence, elle est douce, la pauvre. Le système me permet bien d’ être loin d’ elle le temps que je veux, ici les femmes ne valent rien de tout, tu les paies au kilo, les mecs font ce qu’ ils veulent avec eux, moi, je ne sais pas encore ce que je ferais d’ elle, pas grand chose, je le sens. Moi aussi je la décevrai, je ne peux rien lui offrir, ma vie ne vaut rien. C’ est évident qu’ en Italie la femme est surévaluée, elle prend facilement la place de ta mère dans ton coeur, en Italie chaque femme est ta Mère. Aussi en Allemagne les femmes sont bien placées, dans la vie publique surtout, elles sont traitées au même rang que les hommes, question de loi désormais, c est acquis, une femme allemande peut te tuer si tu l’ approches mal, un mot mal placé et tu as déjà l’ haleine de Derrick sur l’ épaule, l’ horreur. Imaginez une italienne qui va vivre en Allemagne ce qu elle devient, la force de la nature, trop fière disdonc, insupportablement surélevée, elle peut écraser un mec comme si elle était une montagne qui lui tombe dessus, et je le sais, parce que j ai aussi quitté ma vieille quand j’ ai quitté l’ Allemagne, amen, elle va mieux sans moi, sans doute.En France c’ est facile pour les mecs, les femmes n’ offrent aucune résistance, au contraire elle se livrent. Ce sont peut être les mères qui les livrent aux mecs sans se n’ occuper, qui font taire les générations des filles plus jeunes, ou des filles d’ autres classes qui approchent leurs fils mâles, la mère française gueule et domine avec aise, c’ est à elle de défendre la succession du patrimoine, les terres, la production du vin, la production du sang. Bon les chinois les tuent les filles!!!tu me diras..  C’ est sûr que les mecs ici profitent de leur privilège.. Mais après, vu qu ils ont besoin comme tout homme de la femme et de la mère, ils ne trouvent aucune femme digne, et ils replient sur leur propre mère, ils restent attachés à leur mères pendants toute leur vie, comme des eunuques, et ils ratent tout, bon j’ exagère un peu.

L’ homme français pour moi est mal barré, dans son éducation il est désemparé, il est fils de l’ Empire, et l’ image de la mère partout le gêne, il est presque pédé par éducation, par culture. Je ne juge personne, au contraire, j éprouve de la gratitude pour les Français, qui après tellement de temps, me donnent envie à nouveau de me mélanger à quelque’ un, à eux. Je m étais mélangé aux Allemands il y a longtemps, mais je les ai blessé, je les ai quittés. Comme résultat, je suis devenu Allemand, je ne bouge plus de l’ instant où je les ai quitté, rien ne me touche plus, au lieux de sourire je détourne les yeux et je rentre en moi, muré en moi même, un chien sans patron, un chien perdu, voilà l’ effet d’ un pays sur son immigré, c’ est un lien intime comme la citoyenneté. Je suis toujours en Allemagne dans ma tête, toujours ailleurs, il n’ y a que les Allemands qui sont sérieux dans leur douleur, et qui ont su quoi faire avec moi. Et maintenant les Français avancent, en moi, j’ arrive à rester sur place, sans m’ éclipser trop, c’ est un début, mais je le sens avancer dedans. Je sens que je m’ attache à nouveau, oui mon dieu je m’ attache bien à eux, c’ est ça. Les Français me donneront la possibilité de payer mes dettes, j en suis sûr.

Je parle mais ne suis pas fier de moi. Si c’ est vrai qu’ il n y a que deux classes d’ hommes, ceux qui se sont émancipés et ceux qui ne sont pas émancipés de leur mère, entre femmes et hommes, je ne suis pas dans la bonne classe, moi non plus. Il n y a que ceux qui ont su s émanciper qui ont un profile publique, qui bâtissent, les autres sont toujours en attente que quelque un autre, que leur mère vienne les sauver. Ils sont incapables de changer, de se défendre, et il n ont pas de vie en eux. Moi aussi je suis comme ça, j attends ma mère, je me fais choisir par les autres, je ne réagis pas à temps tout le temps. Je suis théorique, et j ai hâte de devenir pratique, de franchir mon propre pas, tout seul. Si j’ ai abandonné les Allemands, c’ est pour ne pas abandonner ma mère, et je pense faux, comme les Français, exactement comme eux. J’ ai en fin envie de devenir un homme, de me libérer du cordon, de regarder ma propre mère comme un grand et lui dire « Maman, j’ ai le devoir de faire ma vie, tu ne peux pas me garder toujours au près de toi comme si j’ avais deux ans. »

La France me le permettra, je le sens, ici je vais devenir libre, La France est gentille et me demande de me mélanger à elle moi que j étais devenu froid, moi qui avait bloqué grave.

J’ ai besoin de voler…

Mon sacrifice est nécessaire. Il est le mien, parce que je suis coupable de trahison, il est le tien parce que tu gardes en toi la haine des Français, parce que toi tu es le tabou, parce que toi tu es le Phoenix..

je dois réagir je dois sauver les Français de leur propre douleur seulement ceux se sauvent qui ont quelque’ un qui pense à eux!!  Les Français ont mal au Noir ils ne peuvent pas agir eux mêmes il leur faut un étranger c’ est à moi de faire le geste vu que j’ ai tout compris c’ est à moi de les libérer du Noir il faut que je tue le Noir le Noir qui a envahit la France qui tue les enfants de la tour Eiffel

je tuerais le Noir et on sera en fin libres, tous

Contact : aynil.pji(arobase)virgilio.it

Aucun article à afficher