Suite à la disparition dans le désert mexicain d’un ami, d’un frère, dont on n’a pas trouvé le corps, je tente d’accomplir un deuil incertain. De lui et il m’est resté des lettres. En les lisant, accompagné du souffle du vent, du souffle des micros, des images d’éoliennes, de pinces à linge ou d’oiseaux et plus encore, j’imagine prolonger notre amitié perdue.
C’est donc un film sur un ami disparu. Antoine et moi nous nous étions rencontrés à l’école des beaux-arts du Mans. On s’est très vite entendu notamment sur le fait qu’on allait pas rester longtemps dans cette école. Après un an à regarder les avions dans le ciel en buvant des coups nous nous sommes quittés et avons continué à nous fréquenter pendant quatre ans et c’est durant ces années que notre amitié s’est scellée. Aussi pendant ce temps là nous nous envoyions pas mal de lettres. Jusqu’au jour où il annonçait par une lettre qu’il coupait les ponts avec ses proches, sa vie d’avant et peut être la vie tout court en suivant des préceptes pêchés au célèbre Don Juan de Castaneda qui préconisait de se soustraire aux contingences matérielles en se lançant à travers le désert avec pour seul viatique quelques champignons hallucinogènes.
J’ai rencontré ses parents et nous continuons à nous voir régulièrement. Au début, je me souviens leur avoir dit que j’aimerais faire un film sur lui ou cette histoire, quelque chose dans le genre ; une pensée un peu bizarre, une vague idée qui n’a trouvé sa forme que vingt ans plus tard lorsque j’ai retrouvé ces lettres. Elles m’ont ému et je cela m’est apparu évident que la lecture des lettres était le cœur du film. Je pense que c’est un film qui dans sa forme explore des délires formels que nous aurions pu avoir ensemble. Réaliser MDR, c’était pour moi comme une manière de faire le deuil incertain d’un ami devenu à un moment mon frère – incertain, puisque dans l’éventualité de sa mort, son corps n’ayant jamais été retrouvé, cela à engendré un cycle d’espoir et de résignation qui ne s’achève pas. Mais c’est pourtant aussi paradoxalement comme si j’avais l’occasion de pouvoir prolonger notre amitié perdue. Ses lettres et le film qui en découle sont pour moi comme le témoignage de son esprit symbolisé par le souffle qu’on entend ou voit tout le long du film sous une forme ou une autre, vent, souffle micro, éoliennes, pinces à linges, oiseaux, etc.
MDR I
MDR II
MDR III
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