Lyon. Projections, atelier et rencontre autour du cinéaste Philippe Cote

14 et 15 novembre 2009 à la Médiathèque de Vaise et à l’Atelier des Canulars

Philippe Cote a réalisé près de quatorze films depuis 1998, montrés dans des festivals et différents lieux à Paris, en province et à l’étranger. Il est l’un des membres fondateurs de la coopérative L’ETNA, un laboratoire artisanal fondé en 1997.
Ce cinéaste, à la démarche sensible et radicale, a travaillé essentiellement le motif du corps, la matière, la lumière et la couleur selon des techniques qui vont du film sans caméra, au re-filmage artisanal, en passant par la peinture sur pellicule. Son cinéma s’oriente depuis peu vers une approche poétique du documentaire.

Pour Philippe Cote, cinéaste français actif depuis 1999, le cinéma se révèle comme espace d’invention de soi et de l’autre, exploration plastique des limites de la subjectivité et tentative de fonder des liens. Dans une volonté de prise de risque permanente, son œuvre se tisse et se reconfigure d’un film à l’autre, cherchant ce qui se manifeste dans la mise en mouvement du regard, sans cesse transformé par ce qui l’imprime. ( Violeta Salvatierra )

Samedi 14 novembre

Médiathèque de Vaise
Place Valmy, 69009 Lyon
Métro Valmy
Entrée libre

Journée consacrée à la découverte du cinéma sur pellicule

De 10h à 13h : Un atelier se propose d’initier aux pratiques du cinéma sur pellicule principalement le super 8 ( accessoirement le 16 mm ).
L’atelier s’adresse tout particulièrement aux personnes désireuses d’une démarche autonome dans la réalisation d’un film.

Seront abordés l’environnement économique dans lequel évolue le cinéaste, les moyens matériels à sa disposition ( les pellicules, les caméras…), les différentes phases de réalisation du film ( prise de vues, montage, développement professionnel / artisanal, projection, post production…) en privilégiant à la fois les possibilités techniques et les questions de cinéma. L’atelier englobera également une sensibilisation au cinéma d’intervention directe sur pellicule : peinture, grattage, altérations diverses, sténopé…
L’atelier se déroulera par échange de paroles et mises en pratique.

Atelier sur inscription, 8 places, Adulte

De 15h à 16h30 : projections, rencontre autour des films de Philippe cote : Projection en 16 mm et Super 8 des films du cinéaste : Emergences ( 2 ), L’en dedans, L’Angle du monde, Va regarde ( 1 ) accompagnés de Images d’Ostende de Henri Storck et Berliner stilleben de Laszlo Moholy-Nagy

Pour ses premiers films, appelés Emergences (1999) en référence aux visions d’Henri Michaux, le cinéaste peignait de longues bandes de pellicule super 8 transparente à l’aide d’un mélange de matières.
Film sans début, ni fin, autre que celle de la projection. Ses films étaient présentés sous forme de projections/performances. Plusieurs années après, le cinéaste a transféré artisanalement en 16 mm des fragments des bandes peintes utilisées lors de ses premières projections performances pour le film Emergences-2 ( 1999-2004 )

L’En dedans (2002), prolonge ce rapport à l’œuvre dans les films peints. Cette fois-ci, le film est réalisé par contact direct de la lumière sur l’émulsion, la pellicule Super 8 est avancée manuellement devant une source lumineuse.
Les motifs réalisés sur de la pellicule super 8 ont également été transférés artisanalement en 16 mm.

L’angle du monde (2006) a été tourné lors de différents séjours sur les îles du Ponant ( Ouessant, Sein, Molène ), revisitant des lieux chers au cinéaste Jean Epstein, et décrit les métamorphoses de la lumière, de l’eau, de la terre, du ciel et de l’humain.
Le film participait de son désir de diriger la caméra vers des paysages, des espaces, des gens, de se laisser surprendre et étonner par ce qui se présente…
Le film s’inscrit dans un hommage à ce courant poétique du cinéma des îles et à leurs auteurs, Powell, Flaherty, Epstein.

En 2006, le cinéaste décide de partir en Asie du Sud Est. Il s’agit pour lui de se confronter à une réalité différente, de voir quels rapports pourront se nouer, naître de cette relation. À cette fin, il emporte plus de deux heures de pellicules. Dans Va, regarde-1 (2008), le film qui en résulte, la caméra conserve sa fixité, la durée des plans est ordonnée par le déclenchement et l’arrêt de la caméra ou la fin de la pellicule (voilage de celle-ci et disparition des motifs). La distance est celle de l’observateur qui filme de l’endroit d’où il est, sans chercher à provoquer, ou à réduire cette distance.
A l’image, des scènes de la vie quotidienne se succèdent (dans ses films, on ne peut pas parler de montage mais d’agencements). La question de la distance, la quête d’un rap¬port avec le sujet filmé innervent la démarche du cinéaste dans le choix des plans : lointain, proche, frontalité, ‘de face’ ou ‘de dos’, ‘sujet qui pose’ ou ‘images prises à la dérobée.

Silencieux et poétique, les films du cinéaste nous ramènent à des gestes empruntés au cinéma des origines, comme en témoignent deux œuvres pionnières du cinéma documentaire, réalisées toutes deux en 1929 : Images d’Ostende de Henri Storck et Berliner stilleben de Laszlo Moholy-Nagy, programmées à cette occasion. Réalisés dans le creuset du cinéma d’avant garde, ces deux films constituent deux très beaux exemples de poésie cinématographique laissés par le cinéma documentaire d’avant l’apparition du son direct.

Dimanche 15 novembre

L’Atelier des Canulars
91 rue montesquieu, 69007 lyon
Métro Saxe-Gambetta
Prix libre

Carte blanche à Philippe Cote
en partenariat avec le nouveau collectif de cinéma

de 20h30 à 23h

Nouvelle séance prolongeant la séance de la Médiathèque.

« La programmation se scinde en deux parties qui forment mes sources d’inspiration et reflète mon évolution.
La première est celle du cinéma visionnaire d’inspiration Nord Américaine dont la figure tutélaire est Stan Brakhage…Nathaniel Dorsky et Robert Todd perpétue à leurs façons cette tradition, cinéma prenant souvent comme motif le paysage, les éléments naturels…
La seconde est celle du documentaire poétique, découverte plus récente pour moi….cinéma de l’humain, de sa quête. »
Philippe Cote

THE VISITATION de Nathaniel DORSKY
2002 / 16 mm / coul / silencieux / 18’ 00
« « The Visitation » est une ouverture graduelle, une arrivée à proprement parler. Je sentais la nécessité de décrire un événement, pas spécialement d’un temps et d’un lieu, mais d’une révélation dans son propre psychisme. La place de l’articulation n’est pas tellement dans celle de l’image comme information, mais une réponse du coeur au côté poignant des coupes. »

SÉDIMENTS de Philippe COTE
2004, 16mm couleurs et nb, silencieux, 18mn
Captation intime et tactile du monde extérieur à travers sa matière originelle (eau, terre, ciel, lumière) dans le temps d’un regard, d’une présence.

EVERGREEN de Robert Todd
2006 / 16mm & super 8 > 16mm / coul / son / 15’30
La lumière et la couleur construisent progressivement la vie florale d’un parc urbain. Une femme peint au milieu, en utilisant des pétales à la fois comme des pigments et comme des brosses. Les mouches se rassemblent pour boire dans le papier. Le ciel frémit dans le reflet d’une rivière, tandis que les ombres et les silhouettes humaines suivent le mouvement des conteneurs dans le port, au milieu de la vacarme croissante de la machinerie. Les conteneurs se déplacent et prennent de la place pour revendiquer leur position dans un environnement architectural accueillant. La nature prend sa maigre place à leurs côtés. Les oiseaux tourbillonnent par dessus.

DES NUAGES AUX FÊLURES DE LA TERRE de Philippe COTE
2007, super 8 couleurs et nb, silencieux, 18mn
Monts noirs monts blancs en miroir
Puissance du gris nuances des commencements
Cîmes
Regards tendus corps de la lumière silhouettes furtives
Le bleu soudain l’étoile à la lucarne
On peut ouvrir grand les paupières.
Catherine Bareau

PAUSE

IN THE STREET de Helen LEVITT
1952 / 16 mm / n&b / sonore / 16’ 00
Ce documentaire urbain a pour sujet les enfants de l’Upper East Side à Manhattan. Les rues sont pour eux un terrain de jeux, de batailles et un théâtre. Les photographes Levitt, Loeb et Agee, qui avaient déjà travaillé ensemble auparavant dans The Quiet One, ont réussi à capturer la sensation de l’énergie de la rue au moyen d’une série de gestes : un défilé de jeunes enfants portant des masques et se battant ; des vieilles femmes observant le monde de leur porte, des jeunes filles attendant nerveusement leur rendez-vous. La photographie est surprenante de candeur, grâce à l’usage d’un oeilleton désaxé qui permettait de ne pas interférer avec les personnes filmées.

KALIGHAT FETISH de Ashish Avikunthak
1999 / 16 mm / coul-n&b / sonore / 22’ 00
Ce film traite de la dualité associée à la vénération de Kali, déesse de la ville de Calcutta.
Il fouille dans les couches subliminales de la conscience, soulignant le rituel du culte de Kali.

BLACK AND WHITE TRYPPS NUMBER THREE de Ben RUSSELL
2007 / 16 mm / coul / sonore / 11’ 30
Tourné pendant un concert du groupe de Rhode Island « Lightning Bolt »

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