il était une fois l’écologie

Texte du film de Pierre Merejkowsky, 2010

première voix

Le film s’appelle « il était une fois l’écologie » réalisateur Pierre Merejkowsky adhérent SACEM SCAM collectif jeune cinéma, numéro de réalisateur 4079 C, production Gaje, groupe anarchiste juif expérimental, production la film,

deuxième voix

Fabrique d’image libre en mouvement

première voix

sujet: le comité antinucléaire de Paris

Le comité anti nucléaire de Paris s’est créé dans les années soixante-dix à l’issue de la première manifestation écologique qui a eu lieu à Bugey, cette manifestation était destinée à lutter contre l’énergie nucléaire dite pacifique. Cette manifestation a été organisée par le journal Charlie Hebdo authentique du temps où il n’était pas dirigé par Philippe Val,

chanson yé yé des années soixante

Il n’y avait pas de comité organisateur, il n’y avait pas de slogans clairement établis, il y avait la libre parole, la libre-pensée, nous étions tous dans le même groupe, tous unis, une unification qui n’était pas programmée, l’essentiel c’était le mouvement…Voilà ce qui s’est passé…L’essentiel c’était le mouvement, et un jour, il y a eu une réunion autour du groupe ETRE et quelqu’un a dit un jour à cette réunion, vous savez il y a les éléphants , les éléphants n’ont pas de hiérarchie entre eux, ils s’entraident les éléphants, et c’est ce système d’entraide qu’il faut organiser et à ce moment-là je me souviens, je ne me souviens pas de son prénom, c’était un militant d’extrême gauche proche de la ligue communiste révolutionnaire ou des maoïstes et il a dit non ce sont des petits-bourgeois, ce n’est pas une question d’entraide, c’est une question d’appropriation, d’appropriation des moyens de production, d’organisation des masses révolutionnaires, et à ce moment là je me souviens qu’un homme s’est levé, il était un peu barbu et il a dit « ok on va faire ce que Pierre dit- » Pierre c’est moi, il faut être dans l’action il faut tout de suite créer un réseau parallèle, un réseau de lutte qui sera fondé sur le désir, et sur notre seul propre désir, c’est-à-dire que la lutte contre les centrales nucléaires n’est qu’un prétexte parce que effectivement nous pensons que le but n’est pas d’avoir une électricité centralisée avec un groupe qui produise de l’électricité et que tout le monde dépende du groupe, l’électricité et la multiplication des cellules électriques doivent se mettre dans toute la société, et c’est toute la société…à ce moment là on a pris mon nom et c’est à ce moment-là qu’on a commencé à se réunir et ça a été le comité anti-nucléaire de Paris, qui s’est créé, au début on se réunissait dans un local rue Buffon, c’était un local géré par la gauche prolétarienne, on avait peur, on avait peur de la police, des R.G. , et puis après il y a eu un autre phénomène qui s’est mis en place un certain camarade Alain Claude a fait une manifestation bd st Michel avec un masque à gaz, c’était la première manifestation avec un masque à gaz…c’était la première fois qu’on manifestait dans la rue avec un masque à gaz et après….la réunion s’était quelque chose d’étonnant, chacun proposait une action, soit dans un lycée soi dans quelque chose qui serait parfaitement illogique, un jour quelqu’un a décidé de faire une manifestation à vélo, et là franchement je n’exagère pas, il y a eu un tract qui a été tiré à une cinquantaine d’exemplaires à la ronéo et je n’exagère pas, il y a eu comme ça dix milles cyclistes, le bd st Michel a été envahi par des cyclistes voilà, c’était extraordinaire, il n’y avait pas de comité directeur, il n’y avait pas d’organisation structurée, la réunion avait pour but de créer, chacun pouvait parler, chacun pouvait s’exprimer, il n’y avait pas cette idée de créer un groupe, de créer une structure qui devrait prendre le pouvoir…non tout le monde pouvait parler au nom du groupe, c’était ça qui était passionnant, il n’y avait pas d’ordre du jour, tout le monde était le groupe, il n’y avait pas un ordre du jour fixe, un ligne énoncée…chacun…. chacun pouvait avoir sa propre initiative.. J’ai su par la suite il y avait un suppôt du parti communiste, à la JEC, il a dit ça serait bien qu’il y ait des cartes d’adhérents, et alors on a dit tu veux faire des cartes d’adhérents, et bien fais des cartes d’adhérents, fais un système d’adhésion, on s’en fout nous on est pas pour, et puis après on a décidé qu’on se réunirait chez nous pour continuer à militer parce que la pratique personnelle devait être tirée par la pratique collective, on se réunissait le week-end pour se rencontrer, et moi j’ai connu une femme, voila, c’est vrai, la première femme, Claire elle s’appelait, c’est peut être le nœud de la question, mais enfin c’est peut être pas vraiment intéressant cette histoire de femme et puis par la suite on a décidé de créer un bulletin d’information complètement informel qui s’appelait Agence de presse Ecologique A.P.E.L. qui publiait en toute liberté les informations des réseaux et chacun pouvait s’abonner, c’était totalement informel, déjà apparaissaient ceux qui allaient apparaître par la suite les manipulateurs, comme Yves Cochet qui était un proche du parti Socialiste qui disaient dans leur manière de clowns, dans leur manière de gens sinistres, cyniques, ils disaient il faudra être lucide, il faudra qu’on fasse des alliances avec la gauche, il faudra qu’on fasse des alliances avec le parti socialiste, là c’était clair, et de toute façon il y avait aussi l’idée de supprimer les voitures, ça c’était quelque chose de très important, la voiture c’est le moyen individuel dispendieux pour réussir, la voiture et le nucléaire c’est le moyen de la conquête, et tout ça on en voulait pas et pour nous l’idéal c’était de casser les voitures, avec une pratique non violente avec des groupes, on réfléchissait comment on interviendrait, comment on se comporterait face aux CRS, alors, j’ai dit à un militant de l’AJS, Alliance des Jeunes pour le Socialisme, un groupe de trotskistes qui s’est transformée par la suite en Parti des Travailleurs, je lui ai dit on va s’enchaîner dans Notre Dame avec des chaînes pour protester contre l’énergie nucléaire, je ne comprends pas le rapport il m’a dit entre les chaînes et l’énergie nucléaire et l’église, et le rapport il y en avait un, c’était le plaisir de faire autre chose dans le cadre prévu et effectivement pour protester contre l’énergie nucléaire on s’est enchaîné au pilier , il n’y avait pas d’acte violent, voilà, il y avait le groupe, il était comme ça en osmose, il mêlait une pratique artistique, une pratique personnelle à une pratique de joie de vivre, et puis par la suite…voilà c’était complètement folklorique, avec des pièces de théâtre dans la rue, tout ça c’était totalement informel et c’est de ça, de ça dont le pouvoir a eu peur…les trotskistes, les maoïstes et les gens qui veulent le pouvoir , qui veulent nous enfermer et nous mettre dans un système…et c’est vrai, c’est vrai qu’à ce moment là est apparu ce qui était extraordinaire l’idée de présenter un candidat aux élections présidentielles, et ça a été la candidature de René Dumont, voilà.

Et ça a été à ce moment là la fin.

Il était convenu effectivement que René Dumont n’irait pas jusqu’au terme de sa campagne, qu’il donnerait son temps de parole à toutes les personnes qui voudraient parler à sa place à la télévision, il était également convenu qu’il se retirerait de la campagne électorale, et naturellement, ce n’est pas ce qu’il a fait, il a appelé à voter François Mitterrand au second tour, et ils se sont infiltrés dans le comité de soutien…le PSU, Michel Rocard…et tout une union de la gauche…(inaudible)

Et le résultat est tombé: René Dumont, candidat des écologistes 1,43 pour cent des voix. Et le résultat est tombé.

Et puis d’un seul coup les spectateurs se lèvent.

AC répète: Tu as trahi. Tu n’as pas été dans l’éthique.

PM :Je n’ai jamais dit que je voulais me sacrifier pour la cause.

AC : C’est trop facile de lancer des hypothèses et de se retirer.

A ce moment là, au premier rang les spectateurs se lèvent, les spectateurs qui sont les survivants de la catastrophe de Tchernobyl, les spectateurs qui assistent à cette représentation théâtrale se lèvent et tous ensembles ils crient, et tous les miliciens, les pédopsychiatres, les comédiens, AC et PM ils hurlent

« SUICIDEZ VOUS…. SUICIDEZ VOUS »

« SUICIDEZ VOUS…. SUICIDEZ VOUS »

deuxième voix

Suicidez vous

première voix

Fin du film

Ce n’est pas une question de nostalgie, de rancœur ou, de regret, le comité anti nucléaire de Paris (C.A.N.P.) a existé, et existera pour les siècles des siècles et pour l’éternité, ce qui a été dit a été dit, ce qui a été fait a été fait, et maintenant je lance cet appel, les récupérateurs, tous ceux qui veulent normaliser la pensée perdront, le Verbe ne sera jamais éteint, la foi qui nous a animé, l’élan populaire que nous avons su susciter autour de nous, est éternel et je sais que des forces nouvelles apparaissent, le monde s’entrouvre, une nouvelle aube est en train d’apparaître, il n’y a rien à regretter, rien à espérer, je ne fais pas un travail de mémoire, je ne suis pas un travail de mémoire, je ne suis pas dans cette histoire d’archive, l’archive c’est moi et de toute façon….ce qui a été dit, encore une fois, a été dit, et il n’y aucun regret, la mémoire ce n’est pas quelque chose qui doit être fossilisée, la mémoire est en mouvement, la mémoire sera et le comité anti nucléaire de Paris même s’il n’existe plus, existera, car dans tout moment il y aura toujours des individus qui parleront, qui se réuniront, qui réfléchiront, et qui rêveront

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