En 2002, aux Etats généraux du documentaire à Lussas, j’ai revu Les Antiquités de Rome et Keep in touch, deux films de Jean-Claude Rousseau.
Les jours qui ont suivi, je cherchais à revivre ce que j’avais éprouvé pendant les projections. Comment faire ? Je n’avais pas de copie des films. Alors, je me suis mise à écrire, en me laissant traverser par les sensations qui me revenaient et me transformaient encore longtemps après.
Cette géométrie de la lumière, ce temps qui coule, ces entrées et sorties du cinéaste dans le cadre, ce feuilletage amoureux des images et des sons…
C’est ainsi qu’est né ce film, grâce à ces réminiscences intérieures répétées :
Au-dessus du lit, un pan de lumière, de forme triangulaire
Le lit est comme animé par cette lumière
Silence total, infini des pensées et sensations possibles sur une image seule
Puis le cinéaste revient et on dirait que c’est un autre
Un poème de Christophe Tarkos, un mobile de Pierre Meunier, une peinture de Knut Navrot, un dialogue d’un film de Chantal Akerman : j’assemblai instinctivement ces éléments avec mon texte et mes images : corps à corps, corps à texte, texte à texte, corps à voix, film à film.
Après les questions, le silence.
La clarté.
Poème, tableau, lettre, manifeste, autoportrait, film d’amour, Face à ce qui se présente dit le bonheur qui vient, la possible harmonie du monde.
– Bon, on laisse ça comme ça ?
– Quoi ?
– La fenêtre. Je ne pense pas que quelqu’un puisse entrer par là.
– On peut peut-être fermer.
– Oui.
– Il n’y a aucune raison de laisser ouvert.
(Extrait sonore du film Les Antiquités de Rome)