Au travers de mon travail, je cherche à documenter cette crise du sensible qui nous environne, nous enflamme et nous brutalise depuis que nous sentons nos instincts de vie et nos désirs de beauté sacrifiés sur l’autel du progrès. Dans et par ma pratique, mais aussi dans et par mes engagements, au jour le jour, j’essaye de ne pas oublier notre propension à créer de la poésie. La poésie, une tentative artistique qui aurait l’audace de rester libre, et quand bien même d’être nourriture, au contraire de l’ Art qui a tendance à se faire prendre au piège : celui de ressembler à un objet fini.
Plus j’avance dans ma pratique, plus il me semble important d’accorder une attention particulière à la grâce et la modestie de ce qui vit sans faire d’éclat. Végétaux, marginaux, enfants, manifestant.e.s, animaux, et nuées d’oiseaux. Mais aussi aux gestes de ces habitants.e.s, ainsi qu’à leurs techniques, leurs erreurs, leur douceur.
Je veux construire mon travail comme on élabore un tract, comme on construit un terrier, comme on se met à danser. Je touche alors à tout, pas pour le désir de la polyvalence mais pour le plaisr d’être novice, débutante, pour les maladresses et pour les surprises qui adviendront, pour supprimer la compétence et le savoir-faire de mon vocabulaire plastique. Pour que mon travail ne soit jamais qu’une suite instable de tentatives, pour la tendresse qui s’empare de chacun de nos débuts.
En ce qui concerne le triptyque présent sur dérives et qui est fait de Verdure, La nuée et Troglodyte, ce triptyque est a mes yeux une petite fresque poétique qui dessine les contours d’une utopie personnelle. : Verdure raconte les attaches que nous entretenons avec le monde végétal, La nuée parle d’intelligence collective et de faire ensemble instinctif, Troglodyte cherche des réponses au collapse dans les énergies et les forces souterraines et invisibles.
Ces trois petits films sont faits de bric et de broc : images filmées en k7, images numériques ou au téléphone, images pellicules, dessin animé , textes et poèmes.
Ils sont autobiographiques dans le sens où ils traversent les problématiques que j’ai pu traverser… ils catalysent les pérégrinations métaphysiques.