Colone Calais

film trajectoire de Celine Pierre, 2016

Sous-titré en anglais

un projet de CP&LP aux parages de la pièce d’Oedipe à Colone de Sophocle

Celine Pierre réalisation
Laurent Plagnol montage texte
Blanche voix
Hélène Breschand musique originale, composition et interprétion
Ephia Gburek danse
avec Blanche, Marie Hasse, Ephia Gburek et Laurent Plagnol
Maïlys des Carmes enregistrement studio voix et harpe
Céline Pierre enregistrements images & sons et montage audio & vidéo
montage son réalisé en résidence au Centre National de Création Musicale Césaré

une production LES SEPTANTES laboratoire d’écriture multiples avec le soutien de le Région Grand Est

Trois points de passage migratoire, le déplacement d’une jeune comédienne à la frontières Albanaise, à Athènes et Calais.

A Athènes, place Syntagma, elle s’immisce avec deux autres artistes au cœur d’une des manifestations de l’automne 2014 contre la politique d’austérité européenne. La performance filmée et la voix off qui reprend des bribes de l’ultime pièce de Sophocle, « L’Œdipe à Colone » nous donne à reconnaître une figure d’Antigone.

Plus loin, Calais; marée montante, elle longe le chemin qui borde le campement de réfugiés; la jeune Antigone atteint la plage. De l’autre coté de la mer, l’Angleterre. Sur les voiles d’un tissu à la dérive vient s’inscrire l’appel du 3 février au gouvernement français d’arrêter la destruction de la « jungle ». Du texte de l’antiquité à l’injonction du moment se creuse la distance où tous et tout un chacun doit se décider.

L’injonction monte là, de la nuit des images des sons et des paroles, de la nature même des choses, pierres, oiseaux, ruines et runes, mer, arbres et chiens, de tout un monde invisible et sans voix qui, parallèle à la voix des sans-voix et sans papiers se fait attente et imminence de ce qui n’est pas encore, écriture et déchirure, ce qui demande à être; le droit des sans-droits.

Sans qu’il y ait eu à proprement parler de récit, alors que tout reste en attente, image, son, harpe, texte et voix d’hier et d’aujourd’hui, se font écho. Toute l’impuissance ici, toute la faiblesse – à commencer par celle de l’art pour dire quoi que ce soit de ce qui est – ouvre à une force et une évidence, qui pour peu qu’on s’y prête nous atteint: « l’Oedipe qui lui donnera asile aujourd’hui »?                                               
lp.
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extrait INTERVIEW

– Et qu’avez-vous découvert en Grèce ?

– Nous partions en pensant à la crise grecque, aux fondements de la démocratie, à l’accueil de l’étranger. Une fois là-bas, la question de l’accueil du migrant nous a rattrapés au-delà de ce que nous avions imaginé. Nous avons rencontré Œdipe à travers Jonathan, un jeune congolais croisé dans la rue. Nous avons pris la mesure des terribles conditions de vie, des humiliations, des risques, de ces vies brisées, laminées par l’emprisonnement… Puis plus tard, c’était saisissant de voir tous ces jeunes sur un quai d’embarquement. Nous pensions à la Grèce classique, à l’idéal des jeunes gens chez Platon. Aujourd’hui, ne sont-ils pas l’avenir captif de l’Europe? Nous allions à tâtons vers la Grèce de Sophocle, nous avons été stupéfiés par la Grèce d’aujourd’hui. Je ne vais pas chercher une information. J’essaye d’aller tout simplement.

– Comment s’est passé votre retour en France ?

– La nécessité d’aller à Calais s’est imposée. Pas besoin d’aller loin, ni dans le temps ni dans l’espace, cette réalité est là tout près de nous. C’est la troisième partie du film. Après une première partie à la frontière albanaise et une seconde en Grèce, le film se termine à Calais. Dès que j’y croisais un jeune, je me disais : «Il est là… Il était là-bas au port d’embarquement de Patras!» L’expérience de Calais est forte. Ce n’est pas seulement un sujet d’actualité. La réalité y est complexe. Il y a plus de vie dans des cabanes que dans un camp fermé. A Calais ne cessait de résonner cette phrase de Sophocle : Œdipe, qui lui donnera l’asile aujourd’hui? Athènes se fonde, sur Œdipe, ce paria, lui l’étranger, le banni, qui devient le protecteur de la cité.
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CELINE PIERRE auteure multimedia française diplômée de l’ENSBA l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris avec Marina Abramovic.
Mène avec le collectif pluridisciplinaire (architecte/chorégraphe/et comédienne) CP&LP/EPHIA GBUREK un travail d’installations et de performances dans l’espace urbain, de projections visuelles et sonores, de vidéos art, de pièces radiophoniques et de films-essais. http://celinepierrefilms.tumblr.com/

EPHIA GBUREK chorégraphe diplômée du Bachelor of Arts Dance (Columbia Université, New York City).
Etudie la danse avec Min Tanaka, Anzu Furukawa et Kazuo Ohno. De 1998 à 2006, au travers de performances et d’enseignements avec Djalma Primordial Science, elle focalise sa danse sur l’instabilité du corps et son rapport avec l’environnement.
En 2010, fonde un groupe de recherche de danseurs intervenant sur des notions de corps commun. Directrice artistique d’un centre pour la formation et le croisement des pratiques artistique: La Fab-Ka à Saint Etienne. http://www.djalma.com

LAURENT PLAGNOL metteur en scène & architecte DPLG avec un DEA en philosophie sous la direction d’Alain Badiou mène avec Celine Pierre un travail d’écriture et d’installations pour sites spécifiques donnant lieu à des rencontres avec des populations. http://cplpperformances.tumblr.com/

BLANCHE jeune comédienne diplômée de l’Ecole du Jeu(Paris). Collabore depuis plusieurs années avec CP&LP pour des performances théâtrales, puis comme interprète des films-essais & pièces radiophoniques de Celine Pierre. Participe ponctuellement au groupe de recherche de danseurs d’Ephia Gburek.

MARIE HASSE comédienne, philologue et metteur-e en scène formée à l’école Charles Dullin de Paris. Interprète de plusieurs pièces classiques dont elle réalise parfois la composition musicale des choeurs. Dirige la compagnie « Le Pont suspendu » et directrice du Théâtre de l’Auguste à Paris.

HELENE BRESCHAND, harpiste médaille d’or et prix d’excellence au Conservatoire de Paris, elle mène une carrière de musicienne en soliste, en trio (avec Sylvain Kassap et Didier Petit), en groupe (avec l’ensemble Laborintus qu’elle a cofondé, Ars Nova, 2e2m) ou aux cotés de musiciens divers, elle aborde la musique contemporaine, l’improvisation, le jazz ou le théâtre musical.http://helene.breschand.free.fr/

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