A la découverte des Cinémas de Traverse

Texte de Frédérique Devaux & Michel Amarger, 2014
Le long-métrage documentaire Cinémas de Traverse compose un parcours volontairement subjectif (ainsi qu’en atteste un journal de bord) dans l’univers du cinéma expérimental. C’est une libre exploration des formes de cinéma alternatif à travers des rencontres sur quatre continents.
Des cinéastes réputés comme Jonas Mekas (USA), Peter Kubelka (Autriche), Boris Lehman (Belgique), Ahmed Zir (Algérie), Joseph Morder (France), Peter Tscherkassky (Autriche), Guy Sherwin (Grande Bretagne) en cotoient d’autres, moins connus mais tout aussi créatifs. Des solitaires comme des membres de collectifs…
Au terme du parcours, apparaît l’esquisse d’un film possible, une nouvelle étape à la découverte des Cinémas de traverse dont les contours ne connaissent aucune limite.Nous amorçons ici la publication d’une série d’entretiens avec certains des cinéastes que nous avons rencontré pendant la réalisation de ce film.

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Pour nous, le cinéma expérimental est une forme d’expression en soi qui ne doit rien à l’ « autre cinéma », qui le côtoie sans le déprécier, qui le respecte en se respectant lui-même. Ce n’est pas un cinéma qui va à l’encontre du cinéma narratif et commercial, comme on le croit trop souvent.

Le cinéma expérimental est un cinéma aux multiples facettes, aux identités sociales et économiques variées, un cinéma polymorphe qui ne se laisse pas saisir à travers quelques images ou quelques pratiques. Il foisonne d’idées, de formes, d’appels en tous genres, d’initiatives qui méritent d’être connues pour être appréciées à travers une échelle de valeurs qui leur soit propre.

Le cinéma expérimental décentre les préoccupations des autres cinémas en se concentrant sur des thématiques ou des motifs spécifiques : la couleur, la mise au point, les différentes manières d’aborder la sexualité… Il se joue des limites sociales, économiques, culturelles et esthétiques entre les « genres ». Il fraye avec le documentaire, l’animation, la narration, les nouvelles technologies, pour en stimuler les contours. Son économie parallèle reflète une manière personnelle d’envisager production et diffusion, selon des codes d’indépendance qui l’affranchissent du même coup, de reconnaissances convenues.

Au-delà de ce que l’on croit être une contre-culture, c’est un complément -voire un adjuvant– de culture, une autre façon d’envisager le rapport à l’autre, avec ses modes de production et ses choix de diffusion singuliers. C’est un cinéma du sensible, du senti, de l’éprouvé et souvent de l’unicité.

Le cinéma expérimental est une philosophie de vie, un choix de pratiques, qui ne s’oppose pas à celle du cinéma narratif. Ceux qui le font ont choisi spontanément cette voie, en toute liberté et conscience, et leur mode de vie va souvent de pair avec leur cinéma.

Nous avons choisi un panel d’artistes -et d’œuvres- qui se positionnent de manières très différentes face au cinéma «dominant». L’identité (ou plutôt les identités) du cinéma expérimental constitue le fil rouge de ces propositions.
Nous fréquentons ces auteurs et leurs productions depuis plus de 30 ans. Nous avons envie de raconter ces parcours (d’une certaine manière, notre parcours) à l’intérieur de cet univers à la fois secret, car souvent tenu à l’écart par les pouvoirs publics, et omniprésent (le cinéma expérimental figure dans de nombreux festivals). Ses productions sont diluées dans l’actualité sans passer pour autant les feux de la rampe.

Nous proposons donc une carte personnelle, une carte du tendre, du cinéma expérimental, ou plutôt de ses pratiques, mettant ainsi en évidence la divergence ou la convergence des approches.

 

Les films de Frederique Devaux sont disponibles à Light Cone.

 

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