Quand j’étais une fille. Quand j’étais zoophile. Aïe Cul

Textes d'Yves Tenret publiés sur Sensue.com en 2004/05

Quand j’étais une fille.

Cette histoire je ne l’ai jamais racontée à personne. C’était en 1967, j’étais barman dans une petite rue en face de la Bourse à Bruxelles. Mes collègues se tapaient qui ils voulaient et moi je n’y arrivais jamais. J’étais trop mignon, j’avais l’air d’une fille et ça, avec ces gens-là, ça ne pardonne pas. Si vous saviez tout ce à quoi j’ai assisté au Baccara : des maquereaux dansant enlacés, des putes suçant pour rien, une clodo se faisant lécher par son berger allemand… Gilbert le gérant qui avait un air veule à la Alain Delon, soupirait quand une gonzesse lui proposait la botte. Il soupirait !

Avec ma tronche de bébé, je m’essuyais des tonnes de conseils du soir au matin. Comment je devais arnaquer, qui je devais arnaquer, comment ne pas se faire chopper, d’économiser car tout cela ne durerait pas…

En général je finissais mes nuits au Bowling de la place de Brouckère. Quand elle me dit : « Oui, je veux bien venir avec toi », c’est donc là que je l’emmenais. J’avais été le seul à lui parler de la nuit. Faut dire qu’elle faisait dans les 1,85 m, était franchement maigre, un peu crade, pas peignée, habillée tout en jeans ce qui n’était pas vraiment le genre de l’endroit. Je sentais que les autres souriaient dans mon dos mais je n’en avais rien à foutre. Je lui filais de temps en temps une Carlsberg en douce, m’intéressait à tout ce qu’elle racontait et j’essayais d’avoir l’air d’un mec détendu.

En chemin, elle me répéta plusieurs fois qu’elle avait un truc absolument spécial, tuant, qui allait me renverser. De quoi s’agissait-il ? Je n’en avais aucune idée. Avait-elle un tigre tatoué sur les fesses ? Au Bowling, elle avait dévoré un steak frites et deux parts de tarte chantilly banane. Après, dans la rue, j’avais essayé de lui prendre la main mais elle m’avait repoussé. Ce n’était pas une sentimentale. Juste une paumée qui cherchait un endroit sur pour dormir. Chez moi, par contre, sur mon matelas, malgré le froid, elle s’était laissée déshabiller. Je tremblais, essayant de n’être pas trop brusque, si maladroit, tout en n’y arrivant pas réellement. C’est là qu’elle se mit à prendre l’initiative. Elle me dit de reculer, d’arrêter de la peloter comme un sauvage, d’attendre, de me contenter de regarder. J’obtempérais et elle se mit à se caresser doucement. J’étais stupéfait : tant de bonheur !

Au bout d’un moment, elle me sortit de ma stupeur en m’interpellant frénétiquement : « Tu le vois ? Il te plaît ? » Mon expression ahurie la fit éclater de rire. « Mon clito, tu ne vois pas comme il est grand ? » Putain, elle avait un clito géant ! Et elle me bourrait la tête de ses longues mains osseuses couvertes de bagues en criant : « Suce ! Suce ! ».

Eh oui, on n’échappe pas à son destin. Dix ans d’internat passer à rêver des filles et là…

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Quand j’étais zoophile !

Déjà en ce temps-là je me sens mal avec la plupart des gens

Même avec les chiens et encore plus avec les chats

J’ai douze ans et je croupis dans mon enfance

Renvoyé de tôle en tôle

Je suis à Berchem-Sainte-Agathe,

Dans la ville des sept baraques à frites

Englué dans tout ce folklore graisseux

Si ardent, si morveux, si plein de moi-même ;

Je me roule dans l’herbe du baptistère

Ravi de mon propre vertige

Un moment libre et ne savoir que faire

C’est alors que l’animal s’approche de moi

Je le serre dans mes bras

Fasciné par la course des nuages

C’est un mâle aux oreilles coupées en pointes et à la coupe sophistiquée

Il se frotte frénétiquement contre ma jambe

Dégoûté, je le repousse violemment

Il ne revient pas à la charge, il se contente de gémir

Je flanche, le rappelle, lui empoigne le membre, m’essuie dans l’herbe

J’ai faim, j’ai oublié d’emmener mon bouquin,

Je tourne en rond dans ce jour de solitude épaisse.

24 septembre 2004

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LE CLIENT : typologie.

Nettoyer vos seringues à l’eau de Javel !

Ne réutilisez pas vos préservatifs !

« Prométhée est un amant vigoureux plutôt qu’un philosophe intelligent et la vengeance des dieux est une vengeance de jaloux ». Gaston Bachelard, La psychanalyse du feu.

Pour étudier la morphologie du type de client le plus répandu, observons quelques spécimens au bistrot le plus proche. Nous constatons tout d’abord que tous les consommateurs fréquentant un même boui-boui sont absolument identiques, à l’exception parfois de la taille. En revanche, les habitués de chaque café se distinguent de ceux de tout autre café aussi bien par la forme du corps que par le système pileux. Cette première observation nous met en garde contre les généralisations. Le pilier de comptoir en tant que tel n’existe pas. Les différences entre les espèces sont particulièrement marquées. Pour ne citer qu’un exemple, on connaît des soiffards qui boivent jusqu’à cinq litres de vin par jour alors que d’autres clients n’avalent pendant le même temps qu’un verre.

Chez tout client, on distingue à l’œil nu, sauf s’il s’agit d’une espèce caractérisée par une très petite taille, trois parties du corps : la bouche, le coude et le ventre. Nous retrouvons la même structure, avec de légères variantes, sur tous les continents. Ce système doit présenter des avantages considérables puisque plus des trois quarts de toutes les espèces de défonces connues, sont constituées par des buveurs et que ceux-ci ont conquis tous les recoins de tous les continents, affirmant leur supériorité sur presque toutes les autres formes d’oubli de soi. La principale différence entre eux et les autres réside dans le faits qu’ils n’ont pas de vie intérieure. Ils sont pourvus, en revanche d’une cuirasse caractérielle qui les enferme étroitement, d’où la rudesse de leur contact. Cette cuirasse, qui est faite de renoncements, substance très résistante sécrétée par les déceptions, est articulée par les frustrations, ce qui explique leur goût aux grandes envolées sentimentales.

La tête du client abrite les organes sensoriels ainsi que les centres des facultés psychiques. Les mains sont longues et extraordinairement mobiles. Elles se composent de quatre doigts et d’un pouce. Grâce à ses mains perpétuellement en mouvement, le client est capable de se saisir d’un récipient dont il perçoit en même temps le forme (rond, carré, etc.), la chaleur et le poids (plein, à moitié vide, etc.). Aucun autre organe du client ne possède de facultés aussi universelles. Certes les deux yeux latéraux ont une structure extrêmement complexe. Cependant, chacune de leurs nombreuses facettes n’enregistre qu’une partie de l’image. Pour juger l’effet, il suffit de regarder une photographie à la loupe : on est obligé de fractionner l’image sans jamais pouvoir obtenir une vue d’ensemble. Les terminaisons sensorielles sont reliées par les nerfs au cerveau, dont les organes en forme de champignon présentent un intérêt tout particulier. Ils sont en effet le siège de ces facultés d’intelligence qui permettent au client de remplir les diverses fonctions imposées par la vie sociale.

Logés également dans la tête, les organes de mastication, et en particulier les mâchoires, méritent qu’on s’y attarde peu. A l’instar des mains, les mâchoires des clients sont des instruments très perfectionnés. Elles affectent souvent la forme d’une pelle à bords dentelés. Grâce aux dents, dont la pointe est généralement cariée, la bouche est particulièrement apte à conserver des liquides. Elle est aussi le siège des organes du goût. Nous y trouvons en outre une langue qui sert à débarrasser les mains des impuretés qui s’accumulent au cours de la journée. Pour procéder à ce nettoyage, le client passe ses mains devant ses lèvres. Chaque fois qu’un de ces êtres parvient dans un milieu étranger, on le voit lécher consciencieusement ses mains, geste qui n’est pas sans rappeler celui d’un savant frottant ses lunettes avant de se plonger dans l’examen d’un livre.

Le travail de mastication incombe aux mâchoires. Il se déroule selon un mode propre de gauche à droite. La langue du client est donc un organe extrêmement curieux. Son rôle dans la vie du client est considérable. Elle sert d’une part à recueillir les aliments, d’autre part à exécuter des travaux de nettoyage. Observer un client au repos et vous constaterez qu’il est sans cesse occupé à lécher quelque chose : un autre client, une olive, ses mains ou son verre. La tête du client contient aussi des glandes salivaires. Leur sécrétion apparaît dans la mastication sous forme de grosses gouttes. Elles permettent de transformer et diluer la nourriture dans la bouche avant la déglutition, notamment de changer des solides en liquides.

Outre les pieds, principaux organes de locomotion, le client possède parfois deux ailes. Il est vrai que les spécimens prélevés dans les brasseries n’en possèdent jamais car elles n’apparaissent que dans certaines circonstances, pendant le vol nuptial par exemple.

C’est la partie médiane du corps du client, l’abdomen, qui se charge de la digestion. Nous distinguons d’abord le ventre qui recueille les aliments et joue un rôle extrêmement important dans la vie collective des clients. C’est une poche très élastique, capable de se dilater considérablement, où le client s’efforce d’accumuler la plus grande quantité possible de liquide. Et ensuite, ce qui tient le pantalon qui est d’une pièce, soit composé de une ou deux parties, suivant qu’il s’agit d’une ceinture ou d’une paire de bretelles. Cela constitue un lien très souple qui permet à l’abdomen une grande indépendance de mouvements. L’abdomen abrite des glandes génitales qui, très atrophiées, sont à peine reconnaissables. Il arrive qu’on y découvre du sperme vieux de plusieurs années. Les clients qui constituent le gros de la population des débits de boissons sont en effet des mâles et cela indépendamment de leur taille. Un observateur non averti s’en étonne généralement.

A de rares exceptions près, une société de clients est organisée de manière à pouvoir affronter à tout moment une tournée générale. Des gens de passage se transforment au besoin en habitués et le patron lui-même se jette souvent dans la bataille. Les clients sont évidemment toujours à pied d’œuvre mais leurs lourdes habitudes nuisent parfois à la réaction rapide nécessaire.

Les escarmouches entre population de zincs différents sont un phénomène très fréquent et c’est étrange. Elles se livrent non seulement dans la rue mais aussi dans les buvettes elles-mêmes. Toute société de clients qui combat cherche en effet à étendre son domaine et à protéger ses conquêtes contre les envahisseurs. Chacune à ses sentinelles reconnaissables à leur posture très caractéristique : elles ont la mains dans les poches, les pieds écartés et s’aplatissent contre un mur pour demeurer ainsi des heures durant parfaitement immobiles. On trouve parfois des clients figés dans cette attitude même à l’intérieur des bars, ce qui indique qu’il s’agit d’une position de repos. On a dit à tort que les périodes de repos se laissaient difficilement observer. Le client adopte cette position lorsque, après de longues pérégrinations, il croit être parvenu à un havre. Il s’immobilise aussi devant un spectacle nouveau. C’est le cas, par exemple, de jeunes clients qui sortant d’un troquet, sont saisi par la crainte de l’inconnu. La vue d’un congénère en posture de repos incite généralement le client à s’immobiliser à son tour. C’est ainsi qu’on peut rencontrer de véritables assemblées de clients immobilisés dans cette position. Des scènes de ce genre s’observent principalement aux confins des établissements, en quelque sorte au seuil d’un monde hostile. Par ce procédé, les clients délimitent plus nettement leur royaume sans d’ailleurs qu’il y ait lieu d’y supposer une tactique consciente, pas plus que dans l’habitude de bloquer l’accès aux portes. Dans chacun de ces deux cas, les sentinelles remplissent une fonction sociale. En effet, si quelque chose vient troubler le silence, une grande agitation gagne les clients. Le passage d’un client appartenant à une espèce étrangère provoque notamment un vif émoi. On observe alors des combats singuliers d’une extrême violence. La sentinelle lance la tête en avant ou se jette littéralement sur le passant. Si elle réussit à s’en emparer, elle se retire sur son territoire en y entraînant sa proie. Une fois en sécurité, elle achève l’intrus à coups de plaisanteries vaseuses et de bons mots douteux. Eh oui, elle n’est pas arrosée tous les jours, la vie du client…

Ce texte a été publié une première fois dans PLAN Z en 1993 à Mulhouse.

Aïe Cul !

Au printemps on souffre

Tous ces désirs

Les cris obscènes des oiseaux

Le piaillement strident des enfants
.

Après une nuit passée à défoncer

Les matelas sans frein

Petites couilles dures

Qui dira combien ?
.

En été on souffre

Les pieds humides sur le balatum

La main sur le sexe

Un doigt dans l‘oreille
.

Les frelons tortillent du cul

Devant des fruits trop mûrs

On mange moins, on fume autant

On lit des livres mauvais
.

En automne on souffre

L‘Alsace la Lorraine la Moselle

Ton père ta mère ta grand-mère

Et ta queue entre mes fesses
.

Ta queue entre mes fesses

Je sirote une liqueur de noix

Le plaisir et l‘ennui

Dans des draps de flanelle

.

En hiver on souffre

Ces doigts gourds, ces vêtements lourds

Sous ton loden palpite ta foufoune

Dans ton chemisier tes seins impatients
.

Le jour, je dors

La nuit, je frissone

Mords-moi ma chair !

Pelote-moi…
.

Yves Tenret et Caroline Keppi

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MODESTES PROPOSITIONS
Pour empêcher les étudiants d’art d’être inutilement à charge…
DE LEURS PARENTS OU DE LEUR PAYS ET POUR LES RENDRE UTILES AU GRAND PUBLIC

mercredi 10 mars 2004, par yves tenret

Il faut réagir dès à présent !
À l’époque de la mondialisation quel cadre faut-il pour l’enseignement de l’art en France ? Comment donner et transmettre l’intelligence des lois du marché, le plus petit dénominateur commun, les règles du prêt-à-porter de l’art ? Comment faire pour intégrer nos établissements au consumérisme dominant ? Rendre plus attrayantes et performantes ses filières ? Adapter l’école rapidement et souplement aux demandes sociales ? Former des artistes à la fois agitateurs bien-pensants et efficaces darwiniens, un corps de créatifs et d’animateurs tous terrains que l’on pourra parachuter dans les zones de non droits, une brigade de néo-missionnaires laïcs appelés à civiliser des néo-primitifs haïs de tous, y compris d’eux-mêmes ?

Il n’y a pas d’illusion à avoir l’intégration, républicaine incluse, se fera au nom du ludisme et par le ludisme ou ne se fera pas. L’empire du spectacle règne en maître absolu sur nos société, il n’y a pas en s’en lamenter mais à en tenir compte. La réorganisation du monde en performances culturelles, la déterritorialisation, l’hybridité, la diversification, la micro informatique et la flexibilité n’ont-elles pas réenchantés le monde ? Non à l’immobilisme ! L’art véritable est divertissement, consolidation et acceptation du système existant. Sa noble tache est d’aider les gens à oublier leur quotidien.

Nos enfants vivront dans un environnement bien pire que le nôtre. Nous sommes tous d’accord avec cette prévision et nous savons qu’ils ne se révolteront pas. C’est rassurant car la grande chose de la vie est et reste la discipline. Seul être discipliné fait exister. La légitime vitalité de l’étudiant doit être canalisée. Il doit apprendre qu’être vraiment libre consiste à se soumettre, à renoncer à soi pour épouser un idéal supérieur.
Les temps d’entropie, d’anarchie, de désordre sont finis. Dans notre système actuel, tout est bon, tout est à conserver. Dorénavant le moindre petit rassemblement d’idéalistes, de gens préconisant un mode de vie différent, doit être tourné en ridicule et dénoncé comme une menace contre l’ordre établi.

Un large consensus, toutes couleurs politiques confondues, règne sur l’aspect dynamisant des inégalités sociales. Nous devons sélectionner avec objectivité et détachement, avec la froideur du médecin qui prévient une future infection, avec la patience du jardinier qui élague et bouture ses plantes et avec l’invention de l’éleveur qui sélectionne son cheptel. Nous allons fabriquer des stars, des professionnels dont on pourra user très vite. Transpercer les métabolismes ! Former des hoplites, un corps d’élite. Des mondains prédateurs et solitaires, des artistes aussi dopés que des sportifs, aussi efficaces que des technocrates, aussi tenaces que des bureaucrates et aussi arrogants que des scientocrates.

C’est au milieu du bruit permanent que produit l’industrie du divertissement que l’art joue sa survie. Il doit se durcir ! Donc ceux qui forment les artistes le doivent aussi. Nous devons aller vers une spécialisation accrue : à l’un la gomme, à l’autre le crayon…

La vraie démocratie n’est-ce pas le goût moyen ? Soutenons l’industrie culturelle. Consommons et produisons pour la consommation ! Le temps des écoles, des mouvements est passé. Que commence le temps de l’école unique, une et indivisible, indiscutable et indiscutée ! Il est plus qu’urgent de rentabiliser la culture.

Abandonnons définitivement les divers systèmes d’interprétation qui n’apportent guère que l’illusion d’une maîtrise intellectuelle, cessons de confondre le discours et l’acte, le mot et la chose. Il n’est plus temps de penser, de s’isoler, de réfléchir ou de s’adonner à d’inutiles introspections. Il faut produire ! Fini les errances beatniks, les dérives lettristes, les longues routes affectionnées par les hippies et les routards ; toutes ces cochonneries de clochards, célestes ou non. L’uniformisation des cultures, la réorganisation du social en spectacle culturel n’attendront pas les traînards et les malformés.

Louons notre manager ! Et le manager de notre manager !

Ecrire ou ne pas écrire ?

> Pour empêcher les étudiants d’art d’être inutilement à charge…
15 mars 2004, par didier torte

Aujourd’hui, le meilleur exemple de la production de l’artiste est la star-ac. A comparer, L’Ecole d’art est réactionnaire. Ce nouveau mode de reproduction social et culturel de l’artiste vaut une étude longue et approfondit par des chemins détournés : les livres récents de critiques d’art.

Pierre-Michel Menger dans son livre (Portrait de l’artiste en travailleur chez la République des idées) sur la vérité de l’artiste comme avant-gardiste des causes et fins du capitalisme le plus virulent (flexibilité, concurrence, survalorisation des marchés…) explique :  » Le monde des arts ont inventé depuis longtemps ce que d’autres segments du marché du travail qualifié adoptent aujourd’hui pour élever la productivité des travailleurs les plus compétents : coter la valeur de chaque individu d’après la réussite des projets auxquels il a été associé récemment, recourir à des intermédiaires – les agences artistiques ou les cabinets de recrutement – pour organiser et gérer les bons appariements, maintenir la cotation des réputations sous une pression concurrentielle permanente en alimentant sans cesse le vivier des candidats à la gloire avec de nouveaux talents susceptibles de déclencher l’engouement du public et de répondre à la mode sans cesse renouvelée des nouvelles identités artistiques ».

C’est une longue citation mais on prend toutefois plaisir de ce discours sortant du rôle de l’artiste comme un Dieu tutélaire de Génie. Son visage amoral est découvert. L’artiste n’est pas un critique virulent de la société capitaliste mais son meilleur atout : provocation et sublimation.

Les Chapelles artistiques comme les gens de l’esthétique relationnel ne sont plus des actifs constructeurs d’une voie libératrice des formes mais la tranche réactionnaire de la soumission au loi d’un milieu : Troncy connaît Bourriaud qui connaît Lelong qui connaît le Ministre qui connaît qu’il faut un directeur au Palais de Tokyo pour trois ans et on y reste dix ans……..
Le réseau est activé. Plus rien derrière plus rien devant. Le réseau doit perdurer.

Dans son dernier livre, Pour un nouvel art politique, Dominique Baquié, (l’écrivaine d’art de La photographie plasticienne) critique intelligemment ce courant esthétique, dont Eric Troncy représente bel et bien la frange radicalement provocatrice. Dans une émission sur France-Culture, Dominque Baquié et Nicolas Bourriaud sont invités pour discuter de ce livre. Bourriaud est un homme expérimenté qui se sent fort des légions de petits artistes se réclamant de sa théorie relationnelle, et il attaque bille en tête Baquié qui a reçu quelques uppercuts sans se faire étaler.
Même si les travaux des acteurs de terrain, comme le fabuleux et décalé livre de Jean-Yves Jouannais, L’idiotie ou encore le livre de Fred Forest sur les subventions culturelles, peuvent ressembler à des alternatives ou des viatiques pour les artistes actuels, la morale est sauve.

La star-ac est toujours sur le devant de la scène pour figer les trois nouvelles représentations sociales, politiques et esthétiques de la France (travail, exclusion, individualisme). L’artiste et le milieu y vont de concert pour reproduire le sexisme (combien de femmes dans les biennales en France ? Et combien sorties des Écoles d’art ?), le dogmatisme (esthétique relationnelle comme fourre-tout bien pensant) et le clientélisme (Tes poulains sont dans mon écurie des canassons).

La pilosité capitaliste des Écoles d’art a de beaux jours devant elle car les intellectuels de l’art se tirent toujours dans les pattes. Ils ne financent leur carrière. Ils fondent l’institution et la méritocratie de l’art. Vive l’anti-relation, l’antiforme de vie………………….
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> Pour empêcher les étudiants d’art d’être inutilement à charge…
15 mars 2004

j’en ai plein le cul de la dérision. je fais toujours le même cauchemar : je suis membre d’un jury jugeant les travaux des étudiants d’arnaud label-rojoux et j’essaye d’utiliser ses critères pour comprendre ce que j’ai en face de moi. fred forest est tellement amer qu’on pourrait s’en servir pour redonner du goût au chicon. bref, merci de votre contribution mon cher didier, dès que mon actuelle gueule de bois sera passée, je vous répond sérieusement. yves tenret
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> Contre la dérision
15 mars 2004, par Didier Torte

Cher Yves,
Sans humour la rage ne vaut que dalle ! Et pour le boulot d’Arnaud Label-Rojoux on n’en parlera pas….Il n’a pas assez de tonus mou.
Sur le point de Fred Forest, l’ouvrage a vraisemblablement l’indigestion au cœur des selles, je le partage, mais il a au moins la qualité d’être précis dans ces critiques, ce qui n’est pas exactement votre qualité, cher Yves. Vos critiques ne touchent personne en particulier et ne prennent pas beaucoup de risques esthétiques (exemples, exemples). J’ajoute que le flou opérationnel est une vieille monnaie conservatrice ou bien une toile de Richter.

La dérision n’est pas au programme de mon intervention. L’idiotie est une valeur rare sous l’hémisphère occidentale. Elle est plutôt japonaise que bouddhiste. Et dans le style, un Carambar n’a jamais changé un chien en opérateur télévisuel, cela fait juste articuler la mâchoire.
Je répète : l’art est un écran du réel. Sa consistance n’est pas valide. Elle échappe à toutes les positions ou mouvements critiques tentant de le réifier. Dans ce sens, le sort du professeur que vous êtes n’est certainement pas logique et vous n’êtes pourtant pas pour rien dans la réification scolaire et modale de l’art (examen, examen quand tu me tiens).
Si j’indique certaines lectures, ce n’est pas par courtoisie, mais tout juste pour préciser un peu le contexte français d’un débat critique autour de l’art qui comprend aussi bien les propos plus anciens de Donald Judd, Catherine Millet ou de Bernard Marcadé.
La formation des artistes tient aussi bien d’une appropriation des vecteurs critiques que de l’oubli de ces modèles. L’utilisation dogmatique de Bourdieu ou la sacralisation conceptuelle d’un Deleuze ou autres est vaine si elle n’est ressentie comme une résistance à l’intérieure même de la posture du travail artistique.

Si maintenant les Écoles d’art sont mauvaises et à la botte d’une ambiance occidentale à détailler : toute œuvre d’art est invalide car toute œuvre d’art doit avant tout donner les moyens d’une transcendance.
Le critique a bien chaud au cul.
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> Contre la dérision
17 mars 2004, par tenret yves

mon cher Torte – tue ! l’art doit terroriser le quotidien ! en gros et même en détails, je suis d’accord avec vous, Menger et toi. Star d’Ac, le ludisme comme gouvernance, les écuries et la médiocrité. j’ai donc répondu à côté de la plaque – voyons voir la suite… tu m’excuses si je vais un peu vite, tire la couverture à moi ou parle d’autre chose mais je fais 56 trucs en même temps et il commence à faire un peu chaud…
l’art est ce qui perce une brèche dans mon bunker caractériel, ce qui contourne mes défenses. mais ça peut aussi être un boulot, une façon de gagner de l’argent, une combine pour draguer ou vivre sans rien faire…
j’ai été un mauvais fils, un mauvais élève (et comment !), un mauvais chrétien, un mauvais camarade, un mauvais soldat, un mauvais ouvrier, un mauvais citoyen, un mauvais contribuable, un amant nul, un mauvais père, un mauvais prof, etc. je vois quelque chose d’artistique là-dedans. pas toi ?
votre génération recycle jusqu’au dernier rogaton Pop et pille l’IS. il ne nous reste plus rien. ce n’est pas plus mal ainsi. n’avoir rien (sans parler de n’être rien) rend libre.

l’avenir du monde appartient aux sectes c-à-d à des petits groupes qui expérimentent de nouvelles façons d’être ensemble…
ceux qui ne peuvent pas supporter la réalité dans laquelle nous vivons sont évidemment les moins intoxiqués d’entre nous.
le grand moment des sectes fut aussi celui de la contre-culture : développement de soi, goût pour les recompositions doctrinales, recherche de la légitimité de la croyance dans l’expérience, rejet des traditions. Pourquoi parle-t-on toujours de victimes ? au nom de quels critères stigmatise-t-on les groupes alternatifs refusant les circuits économiques communs ? En quoi les thèmes éthiques, écologiques, médicaux, culturels, éducatifs, liés à la transformation personnelle ou à l’épanouissement de la sexualité sont-ils répréhensibles ? Pourquoi cette vision paranoïaque des échanges culturels avec l’Orient ?

les anti-sectes sont partisans du statut quo. ils défendent la famille ! c’est pourtant dans les familles que se produisent la plupart des abus sexuels. y a-t-il plus manipulateur, plus fusionnel que la famille ?
par un curieux paradoxe on accuse les NMR à la fois de n’être pas assez conformes et d’être trop uniformes.

si les adhérents méditent trop, prient trop, chantent trop, participent à trop de séminaires de techniques psychothérapeutiques ésotériques, écoutent des conférences qui sont trop doctrinaires, n’est-ce pas parce qu’ils sont tous des artistes ? l’art est la part non encore réalisée de nous- mêmes !
l’art est une promesse de bonheur. et tout ce qui est cela en est !
le consommateur brûle dans les faits ce qu’il adore en esprit.
la mystique est un joyau qu’il ne faut pas conserver enfermé dans l’enceinte des musées. A moi Rembrandt, Klee, M. Lowry, Mondrian, Bach, Joyce, Arno Schmidt, N. F. A. Khan, Coltrane, Ghelderode, Malevitch, P. K. Dick !!!!!!!!!!!! A moi les Dogons, Elvis Presley et le soufisme !
le confort ou la mort !
yves tenret

ps : des noms… michel maffesoli est une tête à claque. troncy est un charmeur charmant. paul ardennes est un fumiste. fred forest est un animateur culturel particulièrement creux. yves michaud est un dictateur populiste qui n’a jamais compris ce que penser veut dire. michel giroud est une brute vitaliste. mercadet est un playboy consciencieux. thierry de duve est un belge. jospeh mouton est un killer. pierre giquel est bien calibré à ce qu’il fait. olivier walter va tous les bouffer tout cru.
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> Pour la médiocrité
22 mars 2004, par didier tord tue

Salut l’ancien,
Ouf, le conflit des générations est aboli par l’art.
Pour la médiocrité, ou le mauvais rôle que l’on joue……….s’il faut te répondre………instinctivement, eh bien, je ne sais pas ! Y a beau faire, j’ai toujours joué gagnant. Bon citoyen, bon baiseur, bon élève, bon fils, bon en tout et pour tout, bon en désespoir, bon en cocu, bon en con, con en bon !
A propos de l’art, c’est différent. L’art est d’essence médiocre mais on s’y fait en apprivoisant le temps. On fait même des compromis avec soi. L’artifice au bout du compte est la matière mentale de toute production classique. Pas de vide mais un juste équilibre comme pour une œuvre de Poussin : viol et vol.

Aussi, je veux remarquer le vide des œuvres contemporaines mauvaises à la pelle. C’est un vide tellement sidéral, sidérant, qu’on en rit secrètement d’autant de naïveté. Y a un plaisir certain à voir des enfants jouer avec des cubes. Il y a un autre plaisir à ne pas s’en satisfaire. A la pelle veut dire qu’il faut encore épeler……ce que ne comprends toujours pas le public.
Comment vis-tu ta satisfaction face à l’art ambiant ?
Tu parles de Maffesoli. On devrait l’interdire tellement c’est nul. Tellement, il cohabite avec l’infantilisation collectiviste (flash mob, art relationnel). Il vaut mieux lire un roman de Pynchon ou de Walser.
La secte est le dernier parallèle crédible ? dis-tu. Lis-donc l’article d’Henri Lointain.

Le mythe de la communauté comme secte actuel est une bizarrerie s’il ne s’accompagne d’un affranchissement des codifications sociales afin d’envisager une métropole du négatif. Un truc répulsif, attractif. L’envie doit être décuplé comme un suppositoire intellectuel.
Ainsi, l’art est sûrement une tergiversation de l’ego, une pulsation au cœur de la foule, un grand mouvement cosmique. Ainsi, l’orgasme que procure l’art est égal à la tension de la solution finale : une bonne vieille formule pour dépressif maniaque, une branlette matérialiste.
L’art au bout du compte n’existe pas. Ce n’est qu’une croyance qui rapporte un moyen de vivre à ceux qui ne veulent pas devenir clochard, flic ou proxénète.

Les spectateurs pensent qu’ils bandent. Au fond, l’artiste s’en fout encore. L’œuvre est bâclée, terminée, infinie. Si œuvre il y a, elle est là. A la répétition, il y a un mouvement de censure.
Les tartines ou les critiques n’y pourront qu’une couche insignifiante de codes critiques à la mode.
Citons au hasard, dans l’entretien infini, Maurice Blanchot : « Mais, la tâche n’en est que plus difficile, puisque sur le fond de l’interminable qu’il faut à la fois préserver, affirmer et accomplir doit prendre la forme et donner terme une parole précise qui ne sera juste que si elle tombe au moment juste. Le moment de la réponse n’est, en effet, pas moins important que la direction de la réponse. »

A toi l’honneur : avec cette dernière question : L’art est une promesse de malheur ? (Texte à l’appui : Restons vivants, M Houellebecq)
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> Respirons !
26 mars 2004, par yves tenret

D’essence, l’art est sacré. Le reste est propagande. Pour un mode de vie par ex. comme est l’actuel dit « contemporain ». Un ameublement. Le confort ou la mort ! est devenu notre slogan, notre rêve d’éternels avant-gardistes toujours à l’arrière-garde. Pourquoi pas ? Le bonheur reste une idée neuve…

On manque de recul vis-à-vis de la quantité et de la qualité – il n’y aura sans doute jamais pire que la peinture abstraite des années 50, la peinture figurative des années 70 ou que la photo à velléité artistique des années 80. J’imagine le calvaire de ceux qui ont dû se coltiner les vidéos d’art dans les années 90… Le nombre, la masse, le cliché, le lieux commun d’époque, Eugène Sue, la qualité française made in cinéma pré Nouvelle Vague. Tout ça bien sûr parce qu’on commence par priver l’ensemble de la population et dès leur plus jeunes âges en leur bourrant le mou avec des concepts débiles comme « génies » et autres de toute possibilité de création et que dans des établissement spécialisés pour ça, on transforme des jeunes gens normaux en petits cons prétentieux et spécialisés. Surf frangine ! Là, on s’endort. Et Ezra Pound avait déjà si bien dit tout ça…

Vais-je la jouer vieux singe ? Non, chère Torte – Tue ! (elle symbolise l’amitié en Chine – parce qu’elle vit longtemps…). J’ai vu hier Charles Pennequin, c’est vraiment bien. Walser, ce n’est pas Martin mais bien Robert j’imagine- je l’adore, c’est le premier livre que j’ai recommandé il 5/6 ans à Maïté Kessler je crois ? La pension Benjamenta. (Elle trouve que Sensue.com manque un peu de clarté lorsqu’on y cherche quelque chose. – Connaissez-vous Noweb.org ? Des amis à elle et à moi). Pynchon, c’est bizarre. C’est presque bien mais c’est quand même trop snob, trop côte Est, prise de tête.

La secte ! Ouh ! Le vilain grand méchant loup ! Comment se fait-il que dans notre aussi belle, aussi parfaite société, avec tous ces beaux magasins remplis de choses si faciles à acheter, de crédits si faciles à obtenir, autant de possibilités de voter, de s’exprimer, de déléguer, de faire la teuf et de s’éclater, des gens – des victimes ! – aillent se faire souffrir à adorer l’anus de Satan him-self ? Mon sentiment : tout ce qui est différent de notre façon de vivre nous est supérieur. Le gourou, le clone, le voile, la trique, le New Age, le mysticisme de bazar ou pas, l’Ordre du Temple solaire – tous sont pour moi une leçon de modestie. Et Dieu sait si j’en ai besoin ! Je crois à l’implication physique, au destin collectif, au chamanisme, à la transe, à la possession. Bien sûr tout ça, c’est du blah blah. Et il est évident que je compense dans l’écriture. Alors compensons… Écrivons ! Même mon côté braillard, anar, révolté, n’est pas de moi ; il est culturel – il me vient de ma ville natale… L’art ne provoque en moi aucun orgasme cosmique. Ça, c’est le côté totalitaire que le spectacle a si bien su récupérer pour ses grandes messes, foires internationales, exhibitions pop ou rencontres sportives. Pop-Pop-The-Volume ! Par exemple Otto Frei, après guerre, recycle les capacités du génie militaire allemand dans la construction de stades ou de bâtiments polyvalents pour ces shows en question (voir Air-Air, Grimaldi Forum, Monaco, 1999). La guerre est la veuve de toutes choses ! L’art provoque en moi un retour vers l’intime, il me rappelle à moi-même ; il m’attendrit, met à bas mes défenses. KO ! Mon livre favori est Ulysse. C’est-à-dire que je n’aime en moi que mes faiblesses. Le malheur n’est pas une promesse. Il est là. C’est lui qui règne et son règne est celui de la survie.

Houellebecq ou Dantec (2) ont un mérite : ils affrontent la réalité. Comme il y a une théologie négative, celle de Maître Eckhart par exemple, il y a une possible critique négative : c’est la nullité, l’absence d’âme (plus réifié que Nabe, t’es un quai de gare !), le côté cake, bon élève, fayots emmerdants de pratiquement toute la littérature française actuelle qui fait leur intérêt. Il n’est pas intrinsèque mais extrinsèque. La misère sexuelle, les Martiens, l’œuvre de Jeremy Narby ou celle de P. K. Dick, ce n’est quand même pas rien ! Ceci admis il y a une misogynie chez Forme Plate qui me fait quand même un peu trop plaisir pour être honnête. J’ai un passé de provocateur pathologique qui n’est sûrement pas ma meilleure part. Quant à Maurice son dernier roman est une pierre tombale. Vivement qu’il nous refasse un de ces journaux zombies dont il a le secret amphétaminé.
Bien sûr, je suis divisé. Je voudrais tellement être futile, être frivole… C’est en étant tout le temps bourré que Joyce a tenu le coup. Et tant d’autres ! Deleuze m’ennuie, son idée que l’inconscient est une usine me dégoûte et son bavardage incessant me saoule. C’est un alcoolo à la peau brûlée. Il n’aimait pas les frotteurs et je n’ai pas d’autre ambition que d’en devenir un. Deleuze est à la philosophie ce que Télérama est à la télévision. Il croit que tout ce qui n’est pas son objet est supérieur à son objet… Il a honte de sa discipline. Au fond de son usine, il la juge dépassée…
De plus, il a une vision romantique de la folie, alors que celle-ci n’est jamais que de la banalité durcie, le retour subi du même, un lourd bégayement de l’affect.

Ne soyons pas amer… Ne soyons pas blasé… Ce n’est pas de maître à penser que nous avons besoin mais de maître à danser. Haut les cœurs ! Haut les genoux !
Et puis merde tout le monde subit tout : la pollution, son patron, ses renoncements, ses lâchetés, Bush, Blanchot, Chirac, la télévision, la presse, les grandes surfaces toujours en réassort tendu, toutes ces horribles bagnoles, l’absence totale de rapport humain, José Bovet, la pub, les antipub, etc. Et c’est évidemment sur la tronche de pauvres pékins qui tentent de se regrouper pour vivre autrement qu’on va cracher. Liberté de conscience pour les minorités !

Didier Lointain, essaies-tu de me dire que le clonage a déjà eu lieu ? Et que c’est pour cela que tous les bipèdes d’Occident sont tous si pareils… Pas mal ! Si un mouvement de contre-propagande devait naître, il ne pourrait être que pratique. Comme feux les Punks ou les frangins Hippies, ils ne pourraient remettre eu cause rien de moins que l’ensemble du système. En aucun cas, il ne s’abaisserait à discuter de la véracité ou non des dites « informations » adverses. Il tenterait simplement de vivre autrement. Par exemple d’essayer de détruire le système économique en cessant d’y participer et non pas en se demandant si ce système est vrai ou faux (sujet de mon »Comment j’ai tué la 3e Internationale situationniste » paru aux Ed. de la Différence). Après cette petite page de pub, reprenons… Mais je ne peux pas, je dois aller faire mon taï chi…
Yves tenret
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> Respirons !
29 mars 2004, par Didier Torte

Respirons. Respirons lentement.
Stéphane Bérard a écrit un petit livre d’aphorismes martiens. Tout est là. “Le regard tourné vers les étoiles” me disait Lawrence Wiener. Et je reconnais mes frères, mes pairs.
Ainsi, les jeux de mot recomposent le paysage mental d’un art destructeur et personnel. Singularisation première et originelle, l’art explore le corps en sous main.
Lui dire à notre étudiant(e) novice et beau (belle) comme Diogène que la réponse est dans tel livre, il vaut mieux s’arrêter tout de suite.
L’étudiant doit d’abord s’arrêter. Et c’est dur. Car, l’art est à l’angle de la rue mais on n’arrive pas à l’attraper.
On trace des lignes en réfléchissant beaucoup à l’anti-conceptualisme relationnel et on tombe dans les pommes. Le schéma est nul.
L’art échappe, l’artiste s’arrête. Le chinois a encore raison.
Ma foi, le sexe dort dans l’ombre de ce tissu. Il faut que la pornographie s’affiche. Otto Muelh ou Mc Carthy, l’activité tribale et mangeuse de merde n’est pas terminé.
Combien sont-ils tous ceux qui ne veulent toujours pas manger leur merde ?
Je m’habille le dimanche sous les noms. Mais, mon but devenir sidérant, gueulant, éructant mon nom sur la place publique. Maman serait si fière.
En tout cas, Pynchon, il faut aller voir quand même à cause de la prise excessive de drogue.
Je te parle de la secte ? Oui. L’humanité sera moins triste après.
L’art est donc un ravissement selon moi. L’effet de secte répond à ce ravissement, il rajoute un s pour sauver l’individu dé-séduit par manque d’art. Cet effet SS est au cur de la secte. Je te retire mon avis en te le donnant.
Ravissement/Ravissement. Un s ou deux, la chose est différente : Se raviser, c’est changer d’avis, sur sa promesse, sa décision, et ravir, c’est emmener de force (rapt).
Y a les deux idées dans la secte. Ravissement : enchantement, exaltation et enlèvement, rapt. Ravissement : changer et reculer.
La secte, la nôtre, serais-je obligé de dire, est ravie.
L’art dans tout ça ? L’étudiant ? Il apprend, il gobe les mouches. Il fait mouche à tous les coups.
L’art pour lui c’est encore le code du seigneur. Et Nietzsche n’a pas tué dieu, il l’a proposé.
L’art est à l’arrêt. Pour redire comme Baudelaire, je déteste les lignes qui bougent. L’art tue.
Art = Mort….on touche un truc à cet endroit.
Quand penses-tu ?
Sollers est pour ça un opérateur de très grande qualité. En plus, il écœure les intellos, les bobos et les étudiants qui refusent d’être aussi humble que lui.
Pour ma part, l’incompréhension m’a toujours poussé à vouloir, comprendre : cette volonté de savoir est mon point d’art ou de croix.
L’art n’est rien sans celui qui le fait. Et celui qui le fait est arrivé à rien. C’est le plus beau paradoxe.
L’art paradoxal est spectral, il n’hante plus l’artiste qui vit avec les morts. Pour rejoindre la secte, vous prenez la deuxième à gauche et vous allez tout droit.
Citons la nausée de Sartre, P43 : « Je suis sur le bord du trottoir de la rue Paradis, à côté du dernier réverbère. Le ruban de bitume se casse net. De l’autre côté de la rue, c’est le noir et la boue. Je traverse la rue Paradis (là, on va tout savoir). Je marche du pied droit dans une flaque d’eau, ma chaussette est trempée ; la promenade commence. »
Superbe, c’est du grand art ! Mieux que de la performance !
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> Illuminations
31 mars 2004, par tenret yves

A la vie morte ! Aux choses si vivantes !
J’ai souvent vomi pour pouvoir continuer à boire. J’aimais bien ça. J’ai toujours été surinformé. c’est moche. je ne m’appartiens pas. il m’est arrivé de ne pas baiser pendant un an. j’ai souvent essayé d’écouter les autres. je n’y arrive pas. j’ai reçu des décharges de terreur. j’ai toujours eu des boulots subalternes. tout est tellement hiérarchisé ! quand je faisais de la peinture en bâtiment, je changeais de main. c’est très dur. je ne vais jamais ni au musée ni au cinéma. j’aimerai bien arriver à ne rien faire. c’est peut-être quand je dessine que j’en suis le plus proche. je ne cherche pas à comprendre. ou alors juste quand c’est absolument nécessaire, quand je dois me protéger de ceci ou de cela. je n’ai jamais voulu penser. j’ai beaucoup aimé certaines philosophies mais sans doute comme objets esthétiques. Pratiquer le sacré c’est toujours ou ne jamais faire la même chose. Tout ritualiser ! C’est difficile : toujours faire la même chose/ ne jamais faire la même chose… ne plus boire de café – je n’y arrive pas. je dessine des ours dans l’espoir d’en devenir un. il y a sûrement un lien entre l’art et le sacré. il n’y a pas de lien entre le sacré et nous. comment comprendre l’art alors ? la merde est au-dessus de mes moyens, le sang aussi (les 120 journées…) oui j’écris pour ma maman. je voudrai tant qu’elle m’aime… Malheureusement, elle est morte. le ravissement est au centre – sortir de soi : oui ! oui !

Ps : Pynchon n’est rien par rapport à Robert Crumb. Il bétonne les plates-bandes hippies. il est trop cuirassé, blindé, malin pour wam…
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> Respirons !
2 avril 2004, par Baron Samedi (de chez Les Maîtres Fous)

Cher ami, je suis bien d’accord que tout çà c’est fromage de tête et secousse confuse.

Il est manifeste (fête des mânes) que vous faites (bien que n’étant pas au sommet du mont crâne) partie des crétins qui n’ont pas vu la Madone * ((maldonne, mauvaise main, celle qui, tandis que l’autre, point à destre tient la dame en (i)MA(r)GE devant les yeux (elle bouche la vue mais çà en vaut la peine – croix, svastika, roue de feu – chacun, coc(h)on caché, mouille comme il veut / peut – dame de qui s’y frotte s’y pique) améliore l’ordinaire en invoquant justement avec succès la non-dite dame de compassion et de vertu)) … …

Ne viens pas chipoter ta / ma polenta (l’homo canibalus faber se goinfre de sa calembourgeoise verbigération), on est tous sous la même en saigne (signe singe). A fendre les mots en long comme des petits pains (petits pâtés fourrés, par ici la surprise !), ou poisson séché, art en sort. De quoi faire le zouave avant pirouette (finale – ayant accompli ou non la mécanique nuptiale – et l’espèce poursuit son aveugle dessein) : cailloux, hiboux, choux, genoux pour suivantes truffes habiles.

… … donc, normalement la madone vient vous visiter (apparition comme il se doit et à l’oeil – ne vous faites pas plus con qu’un autre, soignez l’os) sans culotte et avec bouteille de Saint Jack (James) Daniels (dans la fosse aux lions – fausse blonde et vrai cochonne, in os sente).
Le machque du témon te trifouille le tréfonds.

Tortuonctuosité torturante en bécasse lardée / fardée (dés jetés – battus et pas de deux – dans la cosmétique), va ! ta crème analité n’est pas si osée **, ou bien. Vieux gaga *** ((plaie en Asmat(h)e hic) fin de siècle, t’as pas honte de te plaindre tout le temps que les hôtes (car le monde, n’est-ce point ? est trouvé là : plus entourant que posé, accueillant à sa façon : cad cris, menaces et sed onction, cosmoglapissante hystérie chienne) sont pas à ta guise ?)) Ronchons en bataillons, schtroumfs grognons. Madame garde au chaud / au frais la bite en châss(é)e de l’affamé (mauvaises fréquentations, ou pas de femmes, au choix) défunt (qui peut servir, ami fidèle), masque à grimace – l’a laissé en perruque (elle se dit, furax, que, de toute façon, essaim de poule est prêt à la lui sucer – quant à moi, dit-elle, je [ne] suis [pas] mûre pour le carmel, encore qu’elles s’y fassent [re]luire au Pinocchio forte (« ou bien je me mets une pièce au fond de la tirelire » – animal à secousse ou raptus). Mains paum(é)es saignent à recevoir cadeaux forcé(p)s. Quand la voix saigne, ils l’appellent (c)rachat : Fleur spontanée (imaginent r-achat de cr[AS]se) d’humeur et colère – Circonstances exténuantes. Faux plein de toutous pour faire un monde. Chiens grondent, chiens fouillent, chiens grattent, chiens aboient, chiens gardent maison de maître, chiens gémissent, chiens flairent, chiens font le beau, chiens agitent la queue, chiens mangent leurs croquettes, chiens chient, chiens lèvent la patte, chiens tirent sur leur laisse, chiens rêvent, chiens se frottent contre jambe affectueuse, chiens mordent, chiens gardent troupeaux, chiens chassent lapins imprudents, chiens ramènent bâton, chiens se laissent gratter la tête, chiens filent doux, chiens sniffent la coke, chiens répondent à leur nom de héros de chanson de geste, chiens se chauffent au soleil, chiens hurlent aux ultra-sons, chiens enterrent leur os, chiens barbottent, chiens suffoquent, chiens pleurent sur la tombe de leur gentil tortionnaire…
Baron Çà m’dit, le sans soucis

(sans le sous scie tout espoir / l’âme – c’est le minimum pour un couteau suisse la dé(b)rouille – dans le plus ou moins avenant pâturage de la clairière de l’être – Anthropos roule les mécaniques. Le coeur à la re-secousse / res cousue – jettée à l’interprétation).
Il est probable, cher ami, que l’homme, vu de loin, est une métastase impérialiste locale.
* I cretini che non hanno visto la Madonna, hanno orrore di sé, cercano altrove, nel prossimo, nelle donne – in convenevoli del quotidiano fatti preghiere, – e questo porta a miriadi di altari.
Les crétins qui n’ont pas vu la Madone ont horreur d’eux mêmes, cherchant ailleurs, dans leur prochain, chez les femmes – dans des politesses du quotidien devenues prières -, et cela conduit à des myriades d’autels (Carmelo Bene, Notre Dame des turcs).
** Je ferais cesser toute sa joie, ses fêtes, ses nouvelles lunes, ses sabbats et toutes ses solennités […] Je la châtierai pour les jours où elle encensait les Baals, où elle se parait de ses anneaux et de ses colliers, allait après ses amants, et m’oubliait, dit l’Eternel (Osée, II, 13 et 15).
*** On voit que notre sous-lieutenant n’était pas tout à fait exempt de cette maladie du trop raisonner qui coupe bras et jambes à la jeunesse de notre temps et lui donne le caractère d’une vieille femme. (Stendhal, Lucien Leuwen).

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Torte
2 avril 2004, par Mercedes Mungo L

caille caille caille écaille de tortue l’avenir découle des écailles décaillées de sur les yeux (des cils dessinent des cygnes) tortuosité torture tortue tort tue et tord tue Totor le tors ne saurait faire tort au tord bavasseux de mes deux boiteuse (ah chère boite tueuse) torturante emmerdeur tarte tata tatin tatata tata tatata tata turlututu la tournique toupie toupie toupie gouffre l’a des totors dans le calciffe (calciné calcifié au cal s’y fier le fier à bras de la dialecte hoc amen) la tata des tâtillons dégage trouduc tuc tac toc amie cale des tactiques cloué cloué cloué cloué cloué cloué cloué cloué cloué cloué cloué cloué cloué cloué cloué cloué cloué cloué cloué cloué cloué cloué cloué cloué cloué cloué tic et tic et colle et gramme la dialectique à pépé pépé troué trouvé trou coucou t’encocutte à la marge (ah ! la marge – inhalle in T tétée t’étais le toto révo tuc dans la pine toc) elle toujours elle que tu dis pas grognon vaseux carapace en stuc tuc tuc tu calme merde mon dieu à la ligne…. … … … Mercedes Mungo L.

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atchunimoc !
4 avril 2004, par dass

« depuis qu’il y a des hommes, l’homme s’est trop peu réjouit et cela seul mes frères est notre véritable péché. » a vous les accents

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