Les chants de Mandrin, note d’intention

Texte de Rabah Ameur-Zaïmeche, 2011

Avec LES CHANTS DE MANDRIN, nous voulons poursuivre la voie dessinée
par nos œuvres précédentes, en bordure du champ politique, là où le cinéma
s’empare de l’histoire, bouleverse ses intervalles et fait briller le rayon qui va
tout irradier. Notre intention est de créer une nouvelle fois un espace séparé,
une utopie poétique où l’art déploie sa pleine puissance de figuration et de pensée.
L’histoire débute après la mort de Louis Mandrin, célèbre hors-la-loi de la moitié du XVIIIème siècle.

Ses compagnons reprennent la route et entament une nouvelle campagne de contrebande.
« Criminels de lèse-majesté, assassins, voleurs et perturbateurs du repos public», les Mandrins seront comme des Indiens d’Amérique plongés dans une nature sauvage, prédateurs des fermiers généraux, protestataires et vengeurs ; mais aussi héros dionysiaques somptueux, poètes et sans pitié…
Ancrés à la terre, mais toujours en mouvement, fluides, imperceptibles au milieu des éléments, des éclairs et des vents.

En nous inspirant librement des faits historiques, nous voulons faire le portrait d’hommes investis par les représentations idéologiques de leur temps, réfractaires au pouvoir en place. Les Mandrins y apparaîtront comme des guerriers qui tendent au sublime de l’action, dans une perspective qui toujours permet de considérer la communauté des hommes comme une lisière, au moment où elle est obligée, pour s’affirmer, d’exposer ouvertement ses valeurs et ses spécificités.

Nous traiterons des situations sans en occulter le sentiment. Inventivité de l’écriture, volonté de mettre en scène, oui ; en même temps qu’enregistrement du geste brut, ruptures de forme et de ton. Des évasions, des éclats, la part de chant et du cri. Dans l’agencement des fragments d’intrigue, dans la composition des séquences, doivent s’imposer des moments différents qui n’appartiennent qu’à l’instant, qu’à l’élan.
C’est le principe de cet élan spontané qui sera mis en valeur, comme une nécessité qui viendra traverser la structure établie. Échappée liée au corps, à la fois concrète, faite de sensations et de rythmes charnels ; et symbolique, cristallisant toutes les aspirations à la liberté.

 

(Texte issu du dossier de presse du film)

Dossiers de presse de ses films

Wesh wesh, qu’est-ce qui se passe ?, 2002

Bled Number One, 2006

Dernier Maquis, 2008

Les Chants de Mandrin, 2012

Histoire de Judas, 2015

Terminal Sud, 2019

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