L’aventure a commencé en 2001 à Aix-en-Provence au cours d’un colloque sur le son où je devais parler de Tarkovski. Je dirais que c’est aussi grâce à l’arrivée des petites caméras DV. J’avais ma petite Canon MV200 et j’aperçois Antoine Bonfanti qui sourit à la vue du micro Sony que j’utilisais et qu’il connaissait bien. Il a accepté l’entretien avec beaucoup de gentillesse alors que je ne savais pas du tout ce que j’en ferais précisément. Je me souviens d’un contact fort, un vrai désir mutuel d’être précis à propos d’une certaine histoire du cinéma.
Par la suite, notamment grâce au cinéma Eldorado de Dijon, j’ai pu rencontrer de nombreux cinéastes. Très lentement et de manière artisanale, cela devient une série de petits films, entre technique et esthétique, une approche du cinéma peu développée surtout en France.
Les questions ? Ce qui m’intéresse, c’est de faire découvrir les spécificités du cinéma en évoquant l’acte cinématographique avec les mots du « praticien » (cinéaste le plus souvent, parfois : chef opérateur, monteur, acteur). Il faut donc partir de la mise en scène, des étapes de la création, d’un moment du tournage… Je tiens également à susciter un regard personnel sur l’histoire du cinéma en fonction de ses propres obsessions ou souvenirs. Mais au début, c’était vague, et le premier contact est souvent aléatoire et précipité : avant ou après un débat, se présenter en quelques secondes, à l’hôtel ou devant le cinéma. Il y a donc une grande part d’improvisation. L’épisode Alain Cavalier qui me dit qu’il refuse depuis longtemps de se faire filmer le visage mais qu’on peut y aller quand même en est un exemple extrême… Peu à peu, je sens qu’il faut privilégier une série de 3 ou 4 questions récurrentes, reformulées et enrichies selon la sensibilité de chacun. Probablement, en souvenir de la revue Cinématographe qui appréciait les dossiers « comparatistes ».
La rencontre est toujours très intense. Ensuite, il y a une atmosphère particulière à sculpter.
Filmer-voir-écouter-relancer-monter, c’est mon petit acte cinématographique…