Au cours des vingt dernières années, El Pampero Cine a expérimenté
et réalisé des œuvres avec des systèmes de production malléables, qui
s’adaptent aux besoins et aux objectifs de chaque film. Nous pensons
que, pour qu’un film atteigne une forme finale particulière, il doit y avoir
une esthétique et une politique de production qui l’accompagnent.
C’est pourquoi, tout au long de notre filmographie, nous avons conçu
de nombreuses façons d’aborder le travail pour chaque film, ce qui
nous empêche de penser que La Mujer de los Perros, La Flor ou Historias
Extraordinarias auraient pu être produits de la même façon. Ce que
nous pouvons dire, c’est que tous nos films ont été tournés pendant de
nombreuses années, et que nos vies se sont également écoulées pendant
ces années. Nous pensons que c’est cela – le passage du temps, la succession
des saisons, le va-et-vient de nos idées sur les matériaux, la libre possibilité
de repenser ces films – qui a rendu nos films plus vivants, plus actifs. Nos
propres vies se sont mêlées à eux et ont laissé des traces : de notre évolution
en tant que cinéastes, de nos réflexions au fil des années, de nos goûts et
même de nos propres enfants.
Dans le cas de Trenque Lauquen, le schéma que nous avons découvert a
complètement bouleversé l’idée traditionnelle qui consistait à réaliser
– dans cet ordre – le développement, la préproduction, le tournage et,
enfin, la postproduction du film. Suivant la nature mouvante de notre
film, nous avons modifié cet ordre et nous nous sommes retrouvés à faire
le montage, le tournage, la préproduction. Nous faisons confiance à l’idée
d’un processus ouvert, à partir duquel nous allons et venons constamment.
C’est pourquoi il s’agit d’un film mutant.
EL Pampero Cine est un collectif composé de quatre membres : Mariano Llinás, Laura Citarella, Agustín Mendilaharzu et Alejo Moguillansky. Ce collectif a été créé en 2002, à Buenos Aires. Depuis 2002, ils ont produit une dizaine de films.
