Marseille. Les films de Véronique Goël. Nous en sommes là*

Projections et rencontres les 9 et 10 octobre 2018

Vidéodrome 2
49 Cours Julien 13006 Marseille

Entrée à 5€ (+3€ d’adhésion)

En présence de la cinéaste.

« Une ville. Pas un décor, mais l’enjeu primordial de rapports sociaux… », ces mots de Véronique Goël sont une bonne introduction à son cinéma.
Lorsque nous préparions une édition de Dérives numéro 3 avec Stephen Dwoskin, la cinéaste nous avait envoyé ses films et la découverte de son cinéma a été pour nous un choc esthétique. Elle a généreusement partager ses films sur Derives.tv dont son triptyque de longs-métrages de fiction mais c’est en projection que son cinéma prend toute son ampleur. C’est pour cela que nous avons voulu organiser une projection de ses films en sa présence à Marseille, au début de l’automne. Nous commencerons avec son premier film, le court-métrage Allegro datant 1979. Ce sera l’occasion de discuter des fondements de son cinéma et de la question de faire politiquement des films dans l’après 68. Puis nous verrons son triptyque composé de Un autre été (1981), Précis (1984-85) et Perfect life (1991).
La cinéaste sera présente pour échanger à l’issue des projections.

 

 

Nous avons demandé à Yves Tenret d’écrire les textes de présentation des films de la programmation. Il écrit et publie des romans et des livres sur l’art, a joué dans trois de ces films et est co-auteur des scénarios, dialogues et monologues d’Allegro, Un autre été & Précis.

Mardi 9 octobre

20h30

ALLEGRO (1979), 22 min

Allegro – que voit-on ? qu’entend-t-on ? – une grande physicalité des voix, un grain, des accents – des gens filmés de dos – ils se sentent les derniers sans pouvoir dire de quoi  – c’est le début d’une histoire et la fin d’une autre – le paysage défile – ça dit «on invente rien» mais ça ne le pense pas, ô que non ! – nous n’avions aucune certitude, nous ne comprenions pas qui nous étions, disent-elles ces voix qui parlent, qui se racontent, qui se récitent.
 
UN AUTRE ETE (1981), 87 min
Un autre été – un mur  de solide  raideur intransigeante – et puis, le peuple, un petit peuple, un film qui annonce le monde à venir, les emplois précaires, les messages subliminaux, les idéologies en noir et blanc, des parents très touchants, de grands ados paumés, une distribution toutes boîtes, un tract pour une formation à l’informatique naissante, le récit bien que non situé, remonte loin dans les 70’,  de mon temps, dit la mère, on travaillait ceci, cela,  le monde change, répond le fils.
 

Mercredi 10 octobre

19h

PRECIS (1984-85),  80 min

Précis –  un couple, des histoires qui se font et se défont  – de la ville, beaucoup de ville, Genève & Londres – plus moderniste qu’expérimental, articulé, très attentif au cadre – plutôt Bauhaus que Dada – rien de foutraque ou de délirant – et au détour d’une de ses nombreuses rues qu’on arpente : de l’émotion.
 
Précis, film de Véronique Goël, 1985

21h

PERFECT LIFE (1991) 82 min

Perfect life – la couleur – on pense à Virginia Wolf et à Nathalie Sarraute mais pas à Elfriede Jelinek – les garçons ont des dos de filles – les filles ont des rigidités austères et d’âpres abandons – la bande son est encore plus exigeante, elle chante – on pense à Berio, Nono, Sciarrino – des doigts secs sur un clavier de machine à écrire, une sirène déchire le lointain, le téléphone sonne – tu sais bien qu’il n’est pas là, dit-elle – de quoi, de qui ? – ouvrez les oreilles !

 

 

 

*
« I — nous en sommes là. dans ses fins de choses, ses fins finissantes, plus de douleur et encore des mots pour la dire. plus de complaisance, plus de dupes, saoul encore, de temps à autre, des liqueurs de la fente. au bout d’un monde et de ses anecdotes et de son esthétisme. les derniers bourgeois raffinés ont disparu depuis longtemps. deux, trois provocateurs traînent encore par là. la banalité est devenue l’originalité absolue. les gens se posent tous des questions essentielles. quêter, quelle dérive, celle des fous? il n’y en a plus. ils ont, dans leur village de pêcheurs, des impressions de dernier carré, ils se sentent les derniers sans pouvoir dire de quoi. »
Début du texte servant de voix off au film Allegro : « ALLEGRO, chant sur la mature immaturité, accompagné d’un texte, émeute nihiliste » de Yves Tenret, 1978

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