La lumière tombe

Texte du film de Soufiane Adel, 2018

Quelque part en banlieue, dans un futur proche. La classe ouvrière n’existe plus. Vénus se rapproche de la Terre. Un homme et son fils refont le monde.

PÈRE : La lumière tombe.

FILS : Surfaces de projection.

PÈRE : Des surfaces sur lesquels des hommes ont pensé.

FILS : Sur un livre, sur un vinyl. Et l’objet ?

PÈRE : Sur un mur.

FILS : Quels sont les objets de Lascaux ?

PÈRE : Des cadres, Des séquences, des scénarios

FILS : Du mouvement

PÈRE : Projeter c’est réaliser. C’est comprendre avant de produire

FILS : Je montre, je fais circuler la pensée.

PÈRE : Projeter c’est plier, déformer, couper.

FILS : C’est construire. Je pense quelquefois à l’imbrication de ma pensée dans la société.

PÈRE : C’est aussi comment produire de la pensée. S’accaparer les moyens et les outils de pensée.

FILS : Le vecteur.

PÈRE : C’est la ligne que tu suis, et dans laquelle je me trouve.

FILS : Le format des idées.

PÈRE : Parfois je cherche les espaces de projection des gens que je croise dans la rue.
Je ne parle pas des espaces de projection sous la tutelle de l’Etat, Ikéa, ou Renault.

FILS : Je pense que ce dont tu parles, les espaces de projection comme tu dis, sont la Base de surfaces de révolution. Et là je vois Thalès, Perelman, Grothedieck, eux c’est l’inverse du Medef et des autres.

PÈRE : Tu parles de micros espaces-temps parallèles.

FILS : Oui je pense qu’il y a de nombreux instants parallèles de projection d’idées.

PÈRE : Les surfaces de révolution sont des espaces à construire, à échafauder.
Ce sont des objets.

FILS : Ce sont des films, des objets.

PÈRE : C’est des espaces à penser en trois dimensions. Pas seulement en fonction d’un repère orthonormé, mais en fonction d’un système de valeurs en trois dimensions.

FILS : Des systèmes.

PÈRE : Le cadre. Le corps. La projection.

FILS : Dans cette révolution, le corps sait ?

PÈRE : Quoi ?

FILS : Il sait par coeur, par impulsions éléctrique

PÈRE : La réponse est en nous, le savoir.

FILS : Le rapport à la vérité n’est-ce pas la relation que l’on construit avec les autres, le temps et l’histoire.

PÈRE : L’histoire depuis le big bang ne se construit elle pas par rapport à la propriété ?

Un temps.

PÈRE : Reste le corps.

FILS : Reste l’amour.

Texte extrait de LA LUMIÈRE TOMBE (Initialement publié dans le N°1 de la revue Les Saisons)

Film de Soufiane Adel | France | 2018 | 9 minutes | Expérimental | 2K-4K | Couleur | 1.85 | 5.1

Avec : Kamel Adel, Soufiane Adel

Réalisation et dialogue : Soufiane Adel
Assistant mise en scène : Mustapha Belhocine
Image : Romain Carcanade
Steadycam : Stéphane Boissier
Son : Sofia Kuzmenko
Costumes : Elisa Ingrassia
Montage image : Soufiane Adel
Montage son : Vincent Weber et Claire-Anne Largeron
Mixage : Philippe Grivel
SFX : Matthieu Foulet
Étalonnage : Charles Fréville
Musique originale : Geoffroy Lindenmeyer
Générique et graphisme : Pierre-Emmanuel Meunier
Production : Soufiane Adel, Lorenzo Bianchi, Anthony Lapia

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