Ich bin très gentil, je ne suis pas un terroriste

Feuilleton à deux voix, de Pierre Merejkowsky, 2013

EPISODE 1

Dimanche 18 mars 2013

Je n’ai aucune raison de vous cacher mon identité.
Je m’appelle PM.
Je suis de taille plutôt petite. Je porte des lunettes. Je vous aime.
C’est dimanche.
Ils ont dit que la neige n’allait pas continuer à tomber.
XX m’a dit qu’elle me téléphonerait. J’espère qu’elle va me téléphoner. Je ne suis pas certain qu’elle va me téléphoner. J’ai peur qu’elle ne me téléphone pas. J’aimerais qu’elle me téléphone. Je ne supporte plus vos rapports de séduction. XX est liée par son corps à l’homme de sa vie. L’homme de  sa vie est parti sur le chemin de Compostelle, c’est son problème.  Non, j’ai tord, c’est mon problème. LLL s’est suicidée. Elle a été paysagiste, elle n’a plus été paysagiste, ses parents étaient des connards d’extrême droite, elle a écrit un scénario en commun avec une cinéaste scénariste femme qu’elle aimait, un producteur a repris le scénario en s’arrangeant pour l’éjecter, elle, LLL. C’est tellement jouissif pour un producteur de masquer une impuissance créatrice en se donnant un rôle d’éjecteur sous des prétextes d’efficacité professionnelle.   Nous sommes tous coupables, TOUS, du suicide de LLL.
Et vos téléphones je ne les supporte pas.
Vos bagnoles, je n’en veux pas.
J’ai un chauffe eau. Ca me suffit largement.

Dimanche 18 mars 2013

Qu’est ce que ça peut vous faire de connaître mon nom ?
Je ne vous dirai pas mon nom. Ils ont pris l’habitude, les dominants, de personnaliser le débat, la politique. Ils attendaient tous de savoir qui, de moi, ou de B.  allaient finalement sortir vainqueur du débat qui nous opposait et qui nous oppose toujours.  Je ne suis pas un débateur. J’ai un téléphone. Je n’ai pas la télévision et vous pouvez si vous souhaiter me téléphoner, ça m’est parfaitement égale. Le nom complet de B. et des autres seront  dévoilés le moment venu et ce jour là, les comptes seront réglés. Définitivement. Le système médiatique nous oppose les uns avec les autres. Un jour les chasseurs contre les non chasseurs, le lendemain les français contre les non français, le surlendemain, l’extrême gauche contre l’extrême droite ….Mais je vous le dis, à tous, le temps viendra où tous ce qu’ils appellent les extrêmes se débarrasseront des manipulateurs vendus à la presse…comme cette salope d’avocate. (oui salope, j’ai le droit d’employer ce terme et je vous emmerde tous et toutes autant que vous êtes, femmes ou hommes, ce n’est pas la peine de tenter de nous diviser entre homme ou femme) Ce qu’ils ne comprennent pas et qu’ils ne veulent pas voir c’est leur pourriture. Votre pourriture.
Elle m’a souri quand je suis entré dans la salle de sport.
Elle était assise sur la selle d’un vélo d’appartement.
Et puis elle a écarté ses cuisses pour me montrer sa petite culotte.
Qu’est ce que j’en ai à foutre de sa petite culotte ?
Vous n’avez pas encore compris que le principal danger, c’est leur programme électro nucléaire fasciste ?
Vos chauffe eau, et autres cafetières en chauffant l’eau en un temps records contribuent largement à la demande électrique et donc à la mise en œuvre du programme électro nucléaire fasciste.
Je ne suis pas  animé par un souci de communication. Je ne suis pas un communiquant. Je ne suis pas un porte parole, ni un porte voix, ni un délégué élu ou non élu.
Mort aux fascistes, aux bureaucrates, aux manipulateurs, aux présidents des associations loi 1901 aux profs de fac et aux réparateurs de chauffe eau.

EPISODE 2

Dimanche 31 mars 2013

En fait je me suis trompé, j’ai manqué de précision. Je suis plutôt d’une taille que je qualifierai sans exagération de moyenne.
C’est dimanche.
Le pape élu leur a souhaité de passer un bon dimanche, l’avant-veille il leur avait souhaité de passer une bonne nuit. Les papes veulent tous passer des bons dimanches. Et de bonnes nuits. Le dimanche qui a suivi la crucifixion de Christ, Judas a fait la constatation que les  Disciples de l’Evangile Reconnu  avaient mangé et dormi, alors que lui, le traitre désigné pour l’éternité, il n’avait ni mangé, ni dormi puisqu’il s’était pendu manifestant ainsi son attachement à la personnalité extravagante d’un Christ qu’il avait désigné au Martyr collectif conformément aux vœux de Madeleine et de Elsa.  Je ne sais pas si Christ était d’une taille moyenne ou grande ou petite. En tout cas en ce qui me concerne je n’ai jamais laissé entendre que je voulais dîner et dormir et encore moins me pendre dans la chambre de XX.
Je dois sur cette  triple question faire preuve d’une intransigeante clarté. Je vais faire un procès à XX. Je ne vois pas pourquoi XX s’arroge le droit de refuser de coucher avec moi. Dans le cas totalement improbable où je me laisserais aller à exiger par tous les moyens de coucher avec XX, soit par le chantage, soit par une exhibition, un attouchement, voir un viol, je serais à juste titre condamné par la justice de la république socialique.  Par contre XX, en refusant de coucher avec moi, m’impose  sa propre règle. Je considère donc que je suis parfaitement fondé  à demander à la Justice des dommages et intérêts pour réparer une tentative d’emprise sexuelle sur mon propre mode de fonctionnement. J’ajoute également que confronté aux ricanements d’une avocate de ma connaissance, j’ai unilatéralement décidé de ne pas procéder sous huitaine à la réparation de mon chauffe eau.
Le chauffe eau, c’est le territoire. Le territoire de l’hygiène conjugale. Je refuse le territoire de l’hygiène conjugale. Je refuse de partir en vacances en voiture avec XX. La voiture avec bonus ou prime à la casse c’est le symbole de la liberté du couple enfermé dans son hygiène de territoire et rêvant de se déplacer dans un autre territoire enfermé et hygiénique.
Je ne suis pas un gourou
Je ne suis  pas un gouru
Oui RU et RU et RU
Vive l’Internationale. Ah bas le territoire hygiénique.
Ru et tu et ru

Dimanche 31 mars 2013

Leur pape élu leur a souhaité de passer un bon dimanche, l’avant-veille il leur avait souhaité de passer une bonne nuit. Les récupérateurs et les prédateurs agissent toujours de concert. A l’origine de toute institution papale ou génératrice de chauffe eau, il y a un mouvement inorganisé. Le mouvement du 22 mars et autres Cohn Bendit  voulaient abattre le capitalisme, la planète pour eux n’appartenait pas au vivant et était donc séparée de l’oppression capitalistique. Avec quelques camarades dont je n’ai malheureusement pas retenu les noms, nous avons défilé avec des masques à gaz sur le boulevard Saint Michel pour alerter les propriétaires de voiture à pot à  la casse sur les dangers qu’ils faisaient personnellement courir à l’ensemble de la population,  je suis passé en direct sur RTL, à cette époque la radio n’était pas dirigée officiellement par les prédateurs professionnels, et puis,  il y a eu ensuite la première manifestation organisée à Bugey contre la centrale nucléaire, cette manifestation a été initiée par Pierre Fournier, figure historique de Hara Kiri Hebdo, qui ne présente aucun point en commun avec la personnalité du Professeur Choron que le réalisateur Pierre Carles s’est ingénié à  présenter comme le principal animateur de Hara Kiri Hebdo afin de ridiculiser toutes formes d’utopie remplissant ainsi le cahier des charges de sa chaine Canal PLUS, mais la question n’est pas là, la question des valets  sera réglée plus tard,  avec PM de moyenne taille ou petite, peu importe, je suis ensuite allé cherché René Dumont à la descente d’avion pour qu’il soit le premier candidat écolo en 1974, Dumont a trahi, il n’a pas donné son temps de parole, et a appelé à voter pour François Mitterrand au second tour, l’offensive généralisée contre toute forme d’auto organisation à l’échelle humaine s’est  déchaînée. Ils m’ont traité de Terroriste Vert dans un de leurs torchons branchés. Ils ont multiplié les coordinations, les officines de pouvoir en forme de comités de soutien et ils n’ont pas tardé comme les Delépine et autres Grolandais alliés de Depardieu  et autre Taddei à dissoudre leurs haines d’eux-mêmes et leur peur de la mort  dans le cognac.
Nous devons faire preuve de lucidité.
Les leçons de l’Histoire doivent être tirées.
La Ministre Verdâtre passée a une large part de responsabilité dans notre misère sexuelle que Robespierre et sa clique ont institutionnalisée en détruisant toute forme d’entraide.
Et ce au nom du Siècle de la Lumière.

EPISODE 3

Dimanche 14 avril 2013

Un rayon de soleil glisse sur l’œuf dur puis disparaît sous la banquette du café tabac. Les couples avec enfants s’ennuient dans le café tabac. Les couples sans enfant s’ennuient dans le café tabac.  Le Ministre, l’ex Ministre est bourrelé de remords.  Il s’est laissé entraîner dans une spirale de mensonges qui l’a dépassée. Je ne me suis pas laissé entraîner dans une spirale de mensonges qui m’a dépassé.  Je n’ai pas menti. Je n’ai pas jamais dit à XX que je voulais fonder un couple. Je n’ai jamais dit que je procéderai à la réparation du chauffe eau dans un délai raisonnable. Je ne suis pas un couple qui s’ennuie dans le café tabac. Le Ministre bourrelé  pleure. Je n’ai pas pleuré chez XX. XX m’a annoncé qu’elle avait passé une nuit avec un homme et qu’elle avait dit à cet homme qu’elle voulait un enfant de cet homme puisque cet homme lui avait dit qu’elle l’aimait. Cet homme s’est levé. Il s’est habillé. XX n’a rien dit. L’homme n’a rien dit. Je ne dis rien. W1 a été traité de terroriste vert par un mensuel branché dépendant du GDD (Gros Diffuseur de Dramatiques) Le chauffeur du bus à soufflet et à pot anti particules secondaires entrave la montée du bus à un Jeune. Je demande au chauffeur du bus à pot anti particules secondaires si l’entrée du bus à un Jeune qui a traversé la chaussée en dépit du signal au rouge du feu de signalisation socialique est systématiquement interdite par le code du respect civique et laïc. Le chauffeur du bus ne répond pas. Je demande au  chauffeur du bus à pot anti particules secondaires s’il se sent bien. Le chauffeur du bus à pot anti particules secondaires me répond qu’il se sent très bien.

Dimanche 14 avril 2013

Le soleil brille, et alors, et après, qu’est ce que ça peut leur foutre que leur soleil brille. Les cloportes en couple occupent le zinc des cafés tabac. Un rayon de soleil glisse sur les cuissardes d’une bourgeoise. Le rayon disparaît sous le coquetier. Je ne les hais pas, sincèrement,  je ne les hais pas, les couples avec marmaille sont parfaitement libres de s’agglutiner autour d’un zinc d’un café tabac mais je ne pleure pas non plus sur leur sort. Pourquoi est ce que je devrais plaindre un Ministre bourrelé de remords, bourrelé de remords, qu’ils disent, et pendant que tous les couples de  cloportes guettent la une du journal du jour ou de la semaine ou du mois pour savoir si le Ministre bourrelé de remords s’est jeté par la fenêtre,  lui, pendant ce temps là, le Ministre bourrelé de remords, il planque les plans sociaux en Suisse sur des comptes secrets. Je ne suis pas un planqué, ni un déserteur, comme ce petit salopard de PM de petite ou de moyenne taille. Ils ont  supprimé la plateforme découverte du bus à pot anti particules élémentaires conformément à leur volonté d’interdire tout échange qui ne repose pas exclusivement sur la diversité et donc sur le commerce. Le conducteur du bus à soufflet et à pot anti particules secondaires coince un cycliste contre l’arrête du trottoir. Je demande au chauffeur du bus collectif s’il se sent bien. Le chauffeur du bus collectif me répond qu’il se sent très bien. La Ministre Verdâtre se sent très bien. Elle lutte contre la corruption. Contre la corruption ? Oui, et ensuite, quoi ? Et vous, et moi et eux et nous? Et elle ? Elle.  Répondez. Je vous somme de répondre. Vous les enfouissez où les déchets radioactifs et les prédateurs branchouillés ? Dans des mines, sous la mer, sur la lune, dans le système solaire, dans un camp de concentration? Et les cloportes en couple avec leur marmaille en bas âge qui consomment en énergie autant que mille marmailles en bas âge ghanéens, vous en faites quoi ?  Répondez. Je vous sommes de répondre.
Ca vous fait rire ?

EPISODE 4

Dimanche 28 avril

Je n’ai pas pour habitude de passer mon dimanche dans un bus à pot anti particules élémentaires. Je passe mon dimanche à occuper mon esprit. J’assiste en temps que membre actif et non passif à la réunion citoyenne destinée à favoriser la prise de conscience des habitants du quartier. Je ne suis pas un habitant du quartier. ZZ et WW sont des habitantes du quartier. Elles sont à la recherche de leur propre équilibre. X1 n’est pas en quête de son propre équilibre. X1 avance masqué. La société  est un spectacle, et il convient pour cette raison d’avancer masqué. Je ne souhaite pas avancer masqué. La centrale nucléaire est une énergie centralisée qui en tant qu’énergie centralisée constitue une énergie totalitaire, autoritaire et donc fasciste. Et il est criminel de tenter de recruter les habitants en agitant le spectre de la sécurité. Une centrale nucléaire ne présente aucun risque sanitaire majeur. La riposte de X1 est instantanée. Il démontre en quelques phrases que mon sectarisme hygiénique constitue une inqualifiable tentative de prise de pouvoir sur l’ensemble des participantes de la réunion des habitantes du quartier. ZZ se tait. WW m’invite à me questionner sur l’incontestable rapport qui relie ma misogynie à ma soif de pouvoir. Je ne demande pas à l’habitante haïtienne le numéro de son téléphone mobile. Le désir sexuel révèle notre face cachée qui a été  évoquée par le ministre menteur. Le mensonge est un tigre en papier. Jean Paul Sartre a menti parce qu’il ne voulait pas désespérer les rêves d’émancipation de Billancourt. Je ne devais pas désespérer les rêves d’émancipation de l’habitante haïtienne.
Le refus de la peur et donc du désir de protection d’une habitante haïtienne ou non constitue la seule réponse à la question de la prise de pouvoir de l’énergie électro nucléaire machiste et misogyne.

Dimanche 28 avril

Le bus est un moyen de transport collectif, c’est une affaire entendue, mais la question du collectif est une question secondaire, la question principale est celle du déplacement toujours plus fréquent, nécessitant toujours plus d’énergie, et je parle ici du transport collectif dans l’espace temps, pas du transport amoureux, aha aha aha je plaisante ! Un peu d’humour de brute dans un monde de brutes, il faut bien le reconnaître, de l’humour il en faut, car l’humour existe il suffit d’y croire. Samedi, c’est-à-dire, hier, à vingt deux heures trente quatre, suite aux propos que j’avais énoncés  contre le prof de fac auto proclamé de la décroissance, et ce dans des circonstances qu’il ne m’appartient pas de révéler, un jeune militant verdâtre m’a demandé d’apporter la contradiction à la Ministre Verdâtre auto- désignée comme  tête de liste.  Je ne présente pas mon carton d’invitation, ils n’ont pas besoin de carton d’invitation, ils se cooptent entre eux et ils ne m’ont pas donné de carton d’invitation puisqu’ils ne savent même pas que j’existe. Ils ont atteint l’étape des questions dans la salle. Pour l’instant je les laisse continuer leur rituel socialique. Une chef militante verdâtre habillée en rose tient le micro à la main, les  arrivistes expriment leur refus d’alliance avec les soviétos libéraux fascinés par les combats de boxe, le militant jeune verdâtre guette les prémices de ma position éclairante, en fait c’est pas un militant jeune verdâtre, c’est une militante jeune verdâtre, mais peu importe, le sexe d’un militant n’est pas une question militante, et là c’est ma grande faute, je le confesse, con et fesse, les lèvres roses, rouges, bleus ciel de la Ministre Verdâtre s’entrouvrent. Je suis frappé par un incontrôlable dérèglement nerveux. Je bondis sur la tribune, j’arrache le micro sans fil, j’affirme  que la frustration sexuelle de la Ministre Verdâtre engendrée par les prédateurs néo libéraux est à l’origine de sa tentative de prise de contrôle de l’organisation de l’appareil politique verdâtre qui est lui-même imbriqué dans ses propres frustrations sexuelles qui génèrent ainsi d’autres tentatives de prise de pouvoir ainsi que la Ministre verdâtre l’a elle-même révélée en expliquant dans le micro de la radio socialique du service public qu’elle avait toujours eu dans son adolescence un contact difficile avec les autres adolescents qui  flirtaient et qui baisaient la nuit, le jour, le matin, l’après midi. Le sous chef militant me remercie pour cette question. La jeune militante verdâtre pose une question.  Le Délégué propose de passer au vote. La Chef militante me propose un macaron. J’écrase contre mon talon de fer le macaron. Mon père a exercé toute sa vie sa profession de maçon. Ma sœur n’est pas maçon. Elle a épousé un militant brun rouge pro palestinien.
Et le verre d’eau pétillante que la Ministre Verdâtre ne m’a pas offert constitue un épiphénomène.

EPISODE 5

Dimanche 9 mai (PM)

Qu’est ce que ça peut vous faire de savoir où je suis ? Je suis là. Ou ici. Je ne veux plus vous parler. Bien sûr, je connais d’avance les conséquences de mon repli autistique. Je vais passer une atroce nuit. Je suis resté assis sur le tabouret, un tabouret gris ou rouge, ou vert-verdâtre. XX m’a demandé de l’accompagner dans un café au bord du canal. Autrefois, Myriam,  je l’accompagnais dans un café au bord du canal. XX m’a dit « Je t’attends encore trois minutes. » Puis elle a dit « J’attends encore deux minutes » Puis elle est partie.  Je suis resté  sur la berge du canal. Anal. Canal.  Canards. Les canards dans la  mare, mare aux canards. Marre. Un homme moustachu avec une queue de cheval m’a dévisagé. Myriam ne connaissait pas d’homme moustachu. Je ne l’ai pas fait. Vous savez très bien ce qui se cache derrière ce je ne l’ai pas fait. Je me suis exclu moi-même unilatéralement de ce café au bord du canal. Je suis parti là bas,  plus loin, et pas ici. Je suis juste sujet à un dérèglement nerveux passager lié à un sentiment de frustration sexuelle et de culpabilisation ainsi que l’a brillamment démontré MM. MM m’avait raccompagné sur le seuil de sa résidence blindée et elle avait ajouté: « Si je peux t’aider, je t’aiderais ».  Je n’ai pas besoin d’aide. Je le suis le seul responsable de mes frustrations sexuelles intimement liées à mon sentiment de culpabilité. Les exclus n’ont pas besoin de l’aide l’Abbé Pierre. Le peuple a besoin de logement. Je ne suis pas le peuple. Je n’ai rien à regretter. Je ne regrette rien. Je baise très mal, je suis jaloux, je suis possessif, je ne laisse aucun espace vital à une femme lorsqu’elle couche avec moi. Et je ne réparerai pas mon chauffe eau. XX ou une autre à l’exception de Myriam qui s’est peut être suicidée,  finiront toujours par m’annoncer qu’elles aiment un homme qui revient d’Afrique ou de la Bande de Gaza et qu’elles ont justement besoin de ça.
Quoi ça ?

Dimanche 9 mai (AC)

Je sais ce que vous attendez de moi. Vous voulez que je reconnaisse que j’ai un problème avec les femmes ou alors éventuellement dans le meilleur des cas avec ma mère.  D’abord je ne comprends pas l’essence supposée de cette question. La femme n’existe pas en tant que femme. Et la mère n’existe pas en tant que mère. La mère est. Mais revenons à la question de la femme qui n’existe pas en tant que femme.  La femme est un genre différencié pour susciter chez vous autres consommateurs votre besoin de consommation puisque vous êtes incapable de trouver le sens de votre mort. La jeune militante verdâtre, la sous chef verdâtre et la Ministre verdâtre du meeting verdâtre ont parfaitement épousé la fonction définie par cette question de genre. Le verre d’eau pétillante que la Ministre Verdâtre m’a proposé était destiné à me montrer que nous sommes dans une interdépendance qui ne repose pas sur une loi naturelle, mais sur le pouvoir de la domination. Et  que le Ministre Verdâtre soit une femme ne change en rien ce simple effet de genre asexué. Je n’ai aucun regret. Mon auto exclusion  est un acte conscient que je revendique pleinement. Je n’ai vraiment pas besoin de ça.

Episode 6

Dimanche 28 Mai

Pourquoi revenir sans cesse sur cette question du bus, de ses particules antipollution élémentaires. Pourquoi faut il encore une fois se pencher sur les motivations profondes et éminemment (imminament ?) respectables des passages qui montent dans un bus le dimanche ? Déblayons radicalement le terrain. Le Dimanche est un jour férié reconnu par la constitution. En ce sens, les passagers du bus ne se rendent pas sur le lieu de travail. Je suis un passager et en ce sens ordinaire, je ne me rends pas sur mon lieu de travail. Alors, dans ce cas, qu’elle est la raison de nos présences dans l’enceinte confinée d’un autobus ? Simplement que dans cet espace clos, et cependant mobile, puisque le paysage, enfin ce qu’il est convenu de désigner sous le terme de paysage, défile, la pensée elle reste immobile. Et c’est cette immobilité de la pensée confrontée à un paysage, à un quotidien en mouvement, en perpétuel renouvellement, ici un pavillon de banlieue, là un commissariat, puis une école de la République, plus loin un centre social psychiatrique, qui permet justement de trouver un sens, un apaisement. La pensée est enfermée. Elle ne bouge plus. La pensée s’arrête de penser. Elle est juste pensée, dénuée de toute mémoire, de tout objet, de toute référence. Bref en un mot l’enfermement de la pensée dans un bus anti pollution primaire, c’est la liberté.
Telle est la raison de ma présence hebdomadaire dans ce bus. (il est à noter cependant que les autres jours de la semaine je ne me prends pas non plus le bus pour me rendre sur un lieu de travail, mais cela est une autre question).

Dimanche 2 Juin

Evidemment, je connais par le détail vos grilles d’interprétation et votre BLD qui répertorie toutes les névroses et autres maladies mentales qui ouvrent de ce fait un traitement automatique sous forme de gélules verdâtres produites par votre industrie pharmaceutique qui sponsorisent aussi bien un groupe d’extrême gauche pour la reconstruction de la 4ème internationale que des marchands d’armes placés sous la dépendance de l’enceinte bétonnée de la centrale nucléaire. Le fait de monter tous les dimanches dans le même bus dénote un grave dysfonctionnement psychique. Mais je tiens à apporter une remarque essentielle concernant votre diagnostique. La structure close d’un autobus, à condition que ses vitres soient soigneusement fermées, et que sa porte à soufflet soit tout aussi soigneusement close constituent un excellent rempart contre la dissémination du gaz de combat sarin. Pourquoi en effet les pouvoirs politiques confrontés à un déficit croissant de nos dépenses de santé abyssale auraient ils eu l’idée de multiplier les trajets de bus les nuits des week end et des veilles de fête ? Chacun sait en effet qu’une attaque au gaz sarin pour avoir le maximum d’efficacité se devrait de se déclencher en l’absence du Ministre Verdâtre responsable depuis de l’ordre écologique.
Et je ne plaisante pas.

Episode 7

Dimanche

Pourquoi et par quel processus ai-je eu l’idée saugrenue de laisser un mot sur le répondeur de XX ? Le répondeur voilà l’ennemi. Le répondeur ne répond pas. Le répondeur enregistre. Dans la nuit de la ville, ils et elles ne répondent pas. Ils et elles n’appartiennent pas à la fameuse question du genre dissocié du sexe. Ils et elles ne crient pas dans la nuit. XX a passé trois nuits chez moi. Une première nuit le 15 décembre, la veille de mon inscription à… Quelle inscription. ? J’ai oublié je ne me souviens pas. XX a répété que je l’apaisais. Apaiser ? Parce qu’en plus ils veulent tous être apaisés ? Apaiser ? Apaiser ? Mais pourquoi veulent-ils, elles, en dehors de la question du genre propre à la différenciation du sexe, être apaisés. C’est dimanche le jour de la réunion destinée aux habitants du quartier, les habitants du quartier ne sont pas apaisés, la sous traitante de vendeuse de perles haïtienne est angoissée, la patronne du café est angoissée, la serveuse du café, sa serveuse qu’elle ne paye pas, se sert directement dans la caisse et elle se fait sauter par le boucher, l’épicier, et l’éboueur qui n’est pas devenu cinéaste, et elle a rendu l’argent de la note à des clients en terrasse qui trouvaient que la facture note était trop élevée, alors pourquoi elle, la patronne du café garde t elle cette serveuse qu’elle ne paye pas et qui rend l’argent aux clients et qui couchent à gauche puis à droite ? Je demande pardon à XX, à la serveuse du café, aux habitantes du quartier, à la fruitière, à l’épicière, à la femme du boucher. Vous allez recommencer à dormir, à boire, à manger, et vous éviterez soigneusement de penser que la fin de notre coït apaisant et partagé s’accompagnera de la fuite de césium qui finira inévitablement par s’échapper des deux tours de refroidissement de la centrale nucléaire électro fasciste de Nogent sur Seine située à moins de deux cent trois kilomètres de Paris. Ce n’est pas la peine de ricaner. La solution est claire et évidente. Cessez de ricaner. C’est là bas, ou là haut, chez le constructeur de voitures quia licencié quatre milles cinq cent sept ouvriers non spécialisés que je trouverais la réponse à vos angoisses. Le peuple est sacré, le peuple connait la vérité, la vérité est résurrection. Et la résurrection est l’espoir de la rédemption qui viendra à bout de mon oisiveté qui par son absence d’objectif clairement quantifié peut conduire effectivement à de graves dérèglements nerveux ou à de graves angoisses post ou pré coïtales.

Dimanche

Il serait effectivement plus simple de considérer que je suis la victime de mes propres frustrations sexuelles. Une telle considération permettrait à coup sûr d’évacuer à peu de frais la question du politique indépendamment de la question du genre. Je n’ai aucune envie de faire les frais de votre joie malsaine. L’immeuble bourgeois barre l’entrée de l’impasse. L’impasse est ornée de plantes vertes et au fond de l’impasse comme chaque jour, y compris le dimanche, une nymphe en marbre s’abreuve à la fontaine. Je n’ai pas soif, du moins au sens que vous l’entendez généralement. J’ai soif de justice. Non pas de votre justice, mais de la justice. Ils se sont bien gardés de m’inviter dans leurs réunions, dans leurs réunions qui se déroulaient au fond de cette impasse, sous la fenêtre qui domine la nymphe en marbre, ils oubliaient tout simplement de m’inviter, je n’étais pas de leur monde, de votre monde, pourquoi auraient ils pris soin de m’inviter dans leurs réunions? Je n’ai suivi aucun cursus universitaire, je ne suis pas marié à une journaliste de la télévision, je ne côtoie par les dirigeants en vue des partis d’opposition qui distribuent les futures places de sous secrétariat d’état, et c’est pour cette raison qu’ils m’ont écarté de leur réunion et qu’ils ont pu ainsi tranquillement demander à René Dumont d’appeler à voter au second tour pour la candidature de François Mitterrand, alors que l’assemblée générale qui s’était tenue à la maison de la Chimie s’était clairement prononcée pour un refus de vote au second tour. Et ensuite naturellement ils ont continué sur leur lancée. J’ai été mis en minorité par des avocates, ils ont colporté des ragots sur mon compte, je n’ai jamais envoyé une lettre d’insulte à la militante aux petits seins qui devait devenir par la suite notre Ministre Verdâtre. Je n’ai jamais publié la liste de traitres à dénoncer, ou de prédateurs à éliminer de toute urgence. C’est faux. Archi faux. Et évidemment, il est beaucoup plus simple d’expliquer mon appel à une remise à plat du système productiviste par un manque de relation sexuelle. Mais je vous le répète, le loup et l’ourse finissent toujours par sortir de leurs cages.
Je ne suis pas un provocateur frustré sexuellement.
C’est dimanche, peu importe la date, je ne vous dirai pas la date exacte, ni l’heure précise de mon déplacement, ni le lieu de mon déplacement, disons que le bus à particules complémentaires roule dans une banlieue, non loin du centre de production de voitures utilitaires ou non. Désormais, à partir de cette date de cette heure que je ne révélerai sous aucun prétexte, et dans ce bus dont je ne vous indiquerai ni l’itinéraire ni le numéro pour des raisons de sécurité évidente, je déclare solennellement que l’humiliation et le viol dont j’ai été constamment la victime non consentante ne sera plus de mise.
Ne travaillez plus jamais
Ne soyez plus jamais la victime consentante
Et soyez discret, la calomnie rôde.

A suivre…

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