200% notes d’intention

Textes de Nicolas Boone & Olivier Bosson, 2010

Note 1

200 % : un film, deux réalisateurs
200 % donc on filme deux scènes dans chaque scène
200 % culture banlieue & culture culturelle
200 % minimum, en banlieue, combien de mondes coexistent en un seul ?
200 % on ne peut jamais être seul, même face à soi-même
200 % à l’identique, en quelque sorte
200 % la saturation, celle du trop-plein comme celle du trop-vide
200 % la vie, parce que si t’es pas un minimum excessif, c’est même pas la peine d’essayer de t’en
sortir.

Note 2

Réaliser une fiction qui imagine un monde banlieue – campagne banlieue, centre ville banlieue, tourisme banlieue – et des histoires qui la traversent.

Note 3

La violence sous-jacente, traitée comme du spectacle

Ce film fait le pari de s’adresser aux gens de banlieue sans que cette adresse soit exclusive.

Note 4

Se situer en plein dans le no man’s land qui sépare culture banlieue de la culture culturelle, l’occuper, le déboulonner, créer de la continuité, y compris même par la manifestation d’un désaccord évident.

Foyer de peur, foyer d’énergie : puiser une force esthétique de cet état de fait.
Prendre des risques pour parler vraiment de la banlieue, pour la dégager de son devenir image.

Note 5

Texte d’Emmanuel Renault
L’analyse des différentes formes de reconnaissance à l’œuvre dans la construction de l’identité personnelle permet de préciser quels sont les vecteurs et les effets du mépris social. Etant donné que l’image que nous obtenons de notre propre valeur est toujours portée par nos relations avec autrui, elle y est toujours également vulnérable : le regard, le discours ou le comportement d’autrui peuvent remettre en cause notre confiance en nous-mêmes, notre respect et notre estime de nous-mêmes. La conviction de notre propre valeur n’est jamais absolue mais toujours essentiellement précaire. Nous sommes à nous-mêmes bien plutôt un objet d’inquiétude qu’un objet de certitude, d’une inquiétude travaillée par la crainte que les appuis sociaux de notre existence se dérobent. Cet appui social, nous le trouvons dans la reconnaissance produite dans les différents espaces de la vie sociale, dans la reconnaissance affective produite dans les relations familiales et amicales, dans la reconnaissance juridique et morale produite dans les institutions scolaires et l’exercice de la citoyenneté, dans la reconnaissance de la valeur sociale de notre travail lorsque les conditions de ce travail sont dignes et qu’il est justement rémunéré. La crise sociale durable de ces trente dernières années ayant affecté les différentes formes de socialisation et ayant ainsi conduit à une véritable « crise anthropologique » (affectant tout aussi bien les identités familiales et sexuelles que les identités sociales et professionnelles), s’est soldée par une fragilisation généralisée des appuis sociaux, par l’ensemble de ces précarités invisibles que ne doivent pas masquer les précarités les plus manifestes, pas plus que les violences visibles ne doivent dissimuler les situations violentes routinisées qui les rendent possibles. Cette précarité invisible5 mais socialement imposée, n’est-ce pas la caisse de résonance extraordinaire de toutes les relations sociales dévalorisantes qui s’appliquent aux habitants des quartiers de relégation sociale, n’est-ce pas là ce qui confère à l’exigence de respect sa sonorité si singulière ?

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Texte de Luc Moullet à propos de 200%

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